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Solution à deux Etats et condamnation de l’institutionnalisation par l’Etat d’Israël d’un régime d’apartheid

Pourquoi mon groupe a-t-il décidé d’inscrire au programme de cette journée d’initiative parlementaire une résolution visant à qualifier le régime politique israélien de régime d’apartheid ? Vous nous dites que nous aurions pu soumettre d’autres propositions permettant, sinon d’aboutir à une solution de paix, du moins d’exprimer notre solidarité. Si nous ne parlons pas de cette question, personne ne le fera – ou si peu. Vous êtes les plus silencieux qui soient s’agissant de la situation subie quotidiennement par les Palestiniens. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR-NUPES, LFI-NUPES et Écolo-NUPES.) Nous en parlons car nous souhaitons sortir du silence. De nombreuses organisations internationales, de très nombreux intellectuels et responsables politiques, en France et dans le monde, en Palestine et en Israël, emploient le mot « apartheid » et documentent cette réalité. En nommant et en qualifiant les choses, en indiquant quelles sont les responsabilités, on trace un chemin vers la paix. Car sans justice, il n’y a pas de paix. Nous devons à tout prix nommer les choses si nous voulons aboutir au dialogue dont a parlé la secrétaire d’État.

La paix conditionne l’apaisement des autres conflits du Proche et du Moyen-Orient.

Certains nous rétorquent que c’est nous qui racialiserions la question israélo-palestinienne. Qu’ils écoutent donc ce qu’a dit Benyamin Nethanyahou lui-même, il y a quatre ans, à propos de son régime : « Israël n’est pas l’État de tous ses citoyens » mais « l’État-nation du peuple juif et uniquement du peuple juif. »

Ce système d’oppression et de domination infligé à la population palestinienne a été pérennisé sans équivoque dans la loi sur l’État-nation de 2018 qui consacre comme une règle que « l’État d’Israël est l’État-nation du peuple juif ».

Un Palestinien n’a pas le droit d’obtenir la nationalité israélienne alors qu’un Argentin juif peut y accéder. Vous le voyez, nous sommes confrontés à un système profondément inégalitaire, basé sur des discriminations et qui repose lui-même sur une racialisation.

Nous réfutons également – et c’est peu dire – toutes les attaques consistant à assimiler la critique d’un régime politique à de l’antisémitisme.

C’est une insulte profonde à notre passé comme à notre présent, nous qui appartenons à un groupe qui réunit les communistes et les Ultramarins. (Les députés des groupes GDR-NUPES, LFI-NUPES et Écolo-NUPES se lèvent et applaudissent longuement. – M. Olivier Faure applaudit également.)

Je vous rappelle que, lorsque les communistes dénonçaient le système d’apartheid en Afrique du Sud et soutenaient Nelson Mandela, ils étaient bien seuls car la classe politique les traitait de terroristes. Vous nous traitiez de terroristes. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR-NUPES, LFI-NUPES et Écolo-NUPES.) Alors franchement, faites profil bas.

Ces procès en antisémitisme pèsent surtout sur la situation des Palestiniens car ils témoignent d’un refus d’avancer vers une solution de paix. Ces insinuations et ces accusations diffamatoires autorisent le silence et l’impunité d’Israël. (Mêmes mouvements.)

Elles nous éloignent du chemin qui mène vers la paix. C’est avec fierté et gravité que nous vous soumettons aujourd’hui cette proposition de résolution. Je demande aux collègues de résister à la pression insupportable qui vise à réduire au silence tous ceux qui cherchent une solution de paix et souhaitent en finir avec les humiliations et les crimes commis tous les jours à l’encontre des Palestiniens.

La solidarité internationale et la qualification des responsabilités : voilà ce qui permettra d’aboutir à une solution de paix. Ayez le courage d’adopter cette proposition de résolution. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR-NUPES, LFI-NUPES et Écolo-NUPES. – Mme Andrée Taurinya se lève.)

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