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Pt Jeux olympiques et paralympiques 2024

Les Jeux olympiques et paralympiques de 2024 sont à la fois une immense chance et une immense responsabilité pour notre pays. Pendant un mois, de Paris à Marseille et de Saint-Denis à Tahiti, des milliers d’athlètes nous procureront toutes sortes d’émotions. Le sport de haut niveau est une source de communion, une fabrique de souvenirs collectifs, qui suscite les vocations et incite les enfants à la pratique sportive. Le sport est un fait social majeur et doit être traité comme tel par les politiques publiques.

Pourtant, il est de plus en plus soumis au consumérisme, avec le risque d’une dénaturation profonde des valeurs dont il est porteur – esprit d’équipe, fair-play, solidarité, excellence, égalité devant l’épreuve, respect et amitié –, valeurs dont l’olympisme est la quintessence, mais qui sont trop souvent écrasées par le poids de l’argent. C’est pourquoi, en prenant appui sur ces Jeux, notre pays devra ouvrir ce chantier et libérer le sport des logiques de l’argent roi qui l’asphyxient.

C’est donc dans cet état d’esprit profondément favorable aux Jeux olympiques et paralympiques que les députés du groupe GDR-NUPES ont abordé ce texte. Et c’est parce que nous souhaitons ardemment leur réussite que nous avons soutenu plusieurs articles qui nous paraissaient nécessaires à l’organisation des épreuves.

Je connais les attentes et les espoirs des habitants de mon département de la Seine-Saint-Denis, qui accueillera 80 % des infrastructures construites à l’occasion de ces Jeux comme autant d’atouts pour son avenir. Toutefois, la période que nous traversons soulève de nombreuses inquiétudes. Comment construire des jeux de concorde dans un pays aussi fracturé ?

Le climat d’extrême tension que le Gouvernement a suscité dans le pays avec la réforme des retraites est l’exact opposé de ce que les Jeux doivent produire : un pays uni par une idée, rassemblé autour d’un projet, pour une réussite commune. Comment réussir les Jeux sans en faire un grand moment populaire, sans la ferveur de cette foule que le Président de la République s’acharne tant à mépriser ? Madame la ministre, je vous le dis avec gravité : si l’exécutif continue dans cette voie, cela entraînera des conséquences sur la réussite des Jeux.

Après quatre jours de débats et plus de 500 amendements examinés, les députés communistes et le groupe GDR-NUPES soulignent les améliorations apportées au texte, notamment concernant l’encadrement plus strict dans le temps de certains dispositifs.

Nous saluons ainsi l’esprit d’écoute des rapporteurs et de Mme la ministre.

D’importants motifs d’opposition demeurent cependant, que j’avais déjà qualifiés de véritables « chevaux de Troie » législatifs : l’expérimentation de la vidéosurveillance algorithmique est pour nous une ligne rouge, et elle n’est pas essentielle, de surcroît, à l’organisation des Jeux. L’article 7 détourne ainsi inutilement son objet, en précipitant le recours à cette technologie qui sera, à n’en pas douter, pérennisée à la suite des Jeux par une énième loi relative à la sécurité.

Il en est de même de l’article qui rend l’ouverture des commerces le dimanche encore plus flexible. Des dispositifs existent déjà : dans ces conditions, pourquoi aller au-delà, si ce n’est pour préparer la fin définitive du repos dominical ? Et pourquoi n’avoir consulté ni les acteurs de la charte sociale des Jeux ni les organisations syndicales ? Même si un amendement de mon groupe permet de mieux encadrer dans le temps cette possibilité d’ouverture le dimanche, sur décision du préfet, le signal envoyé est mauvais.

Durant les débats, nous avons également exprimé nos réticences face aux dispositions qui renforcent encore la répression dans les stades. Nous alertons, une nouvelle fois, sur la méthode d’élaboration des mesures relatives au supportérisme, mesures prises sans que l’Instance nationale du supportérisme (INS) soit associée.

Enfin, je salue le travail réalisé avec les députés de Polynésie, en particulier avec le président Moetai Brotherson, pour la rédaction de l’article 5, respectueuse de la souveraineté de ce territoire, tout en permettant aux dispositions antidopage de s’y appliquer pleinement. Cette rédaction traduit le dialogue efficace qu’il sait mener avec les autorités gouvernementales en faveur de la Polynésie.

Pour toutes ces raisons, les députés communistes et du groupe GDR-NUPES s’abstiendront sur ce projet de loi.
Ils poursuivront néanmoins leur travail en faveur de la réussite des Jeux. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR-NUPES. – Mme Claudia Rouaux applaudit également.)

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Stéphane
Peu

Député de Seine-Saint-Denis (2ème circonscription)
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