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Organisation et la transformation du système de santé

Lors de la présentation du plan « ma santé 2022 », en septembre 2018, le Président de la République a déclaré : « Notre système de santé ne souffre pas d’abord d’un problème de sous-financement, il pêche par un vrai handicap d’organisation. » Madame la ministre, vous vous êtes donc engouffrée dans cette logique consistant à organiser et à transformer le système de santé. Pourtant, vous êtes régulièrement interpellée par des personnels soignants éreintés et épuisés, qui vous demandent seulement des moyens matériels et humains.

Ces cris de révolte et de colère, les mêmes paroles de ce personnel épuisé, les parlementaires communistes n’ont cessé de les entendre dans le cadre de leur tour de France des hôpitaux et des EHPAD qui comportait plus de cent trente visites d’établissements où se sont fait entendre une même souffrance et un même sentiment de ne plus pouvoir exercer son métier correctement.

Madame la ministre, vous n’avez cessé de répéter que ce projet de loi n’était qu’une « brique » dans la transformation globale du système de santé. Une seule brique. Mais, en attendant les autres briques, les fondations du système de santé continuent de s’effriter, jour après jour. Comme toujours, il y a des effets d’annonce et un semblant de discussion, mais rien ne traite de l’urgence et de la situation gravissime dans laquelle est plongé notre système de santé. Les parlementaires communistes ne cessent d’alerter le Gouvernement sur cette situation qui est aujourd’hui intenable. Vous répondez « ma santé 2022 », mais nous sommes en 2019. Alors ma question est simple et directe : que faisons-nous en attendant ? Nous regardons les brancards passer, chargés de patients désemparés ? (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et FI. – Mme Gisèle Biémouret applaudit également.)

Abrogation du numerus clausus, recertification des médecins, nouvelle organisation territoriale des soins, élargissement du soin à distance : les ordonnances qu’annonce le projet de loi ne sont pas médicales, elles sont, encore une fois, gouvernementales. Le rôle des parlementaires est bafoué. Comme pour la réforme de la justice, ou encore d’autres réformes, vous nous demandez notre avis sur des articles d’un projet de loi, mais lorsque nous posons des questions sur le contenu de certaines dispositions, quand nous souhaitons avoir des réponses claires à des interrogations légitimes, vous nous répondez que ce contenu sera, en grande partie, précisé par décrets et ordonnances. Circulez, mesdames et messieurs les députés, il n’y a rien à voir, et, surtout, laissez-nous faire, on s’occupe de tout ! (Mme Caroline Fiat applaudit.)

C’est inquiétant pour la démocratie, et cela témoigne d’une démarche constante de la majorité. Travailler dans de telles conditions, se faire soigner dans de telles conditions, ce n’est plus possible. Je pense souvent aux propos du Premier ministre s’adressant aux soignants du service des urgences d’Aulnay-sous-Bois. Il leur avait déclaré qu’il n’était pas magicien.

Effectivement, nous n’avons pas besoin d’illusions, puisqu’il s’agit bien, ici et maintenant, de réalité et de souffrance. Dans ce projet de loi, vous prenez des décisions qui auront des effets d’ici à quelques années. Madame la ministre, les parlementaires communistes ont déjà eu l’occasion de vous dire à de nombreuses reprises que c’est tout de suite qu’il faut changer les choses, c’est tout de suite qu’il faut donner les moyens, c’est tout de suite qu’il faut agir ! (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.)

Parce que c’est maintenant que les soignants ont besoin d’avoir des conditions de travail dignes dans un pays comme le nôtre. Certains hôpitaux sont sous perfusion, d’autres en soins palliatifs. C’est maintenant qu’ils ont besoin de matériels, de renforts humains.

Parce que c’est maintenant qu’il est urgent de rétablir des lits pour que les patients puissent être accueillis dans des conditions décentes. En dix ans, 100 000 lits ont été supprimés pour économiser 7 milliards d’euros. (M. Jean-Paul Dufrègne, M. Hubert Wulfranc et Mme Muriel Ressiguier applaudissent.)

Parce que c’est maintenant que les services d’urgences sont engorgés et que les soignants font face à des choix cornéliens en décidant de soigner le plus urgent de l’urgence. Parce que c’est maintenant que nous assistons à l’augmentation des maladies chroniques, au vieillissement de la population, au renoncement aux soins. Parce que c’est maintenant que, dans certains hôpitaux, on ne peut plus assurer des examens médicaux faute de matériels. Parce que c’est déjà maintenant que des femmes accouchent sur le bord des routes ou dans des ambulances car leur maternité a été fermée. Parce que c’est maintenant que vous ne répondez pas aux cris d’alerte des personnels hospitaliers, et parce que c’est aussi maintenant que vous ne cessez d’attaquer le service public de la santé et la sécurité sociale.

Les drames humains se multiplient, et vous continuez à vous enfermer dans vos certitudes et dans votre logique financière. Nous voterons bien évidemment contre ce projet de loi, et nous vous demandons de revoir votre copie de toute urgence. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR et sur plusieurs bancs du groupe FI.)

Consulter les résultats du scrutin public :

Pour : 349
Contre : 172
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Alain
Bruneel

Député du Nord (16ème circonscription)

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