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Budget PLF 2019 - Travail et Emploi

Monsieur le président, madame la ministre, madame et monsieur les rapporteurs, chers collègues, après les coupes budgétaires opérées l’année dernière, le budget de la mission « Travail et emploi » que nous examinons aujourd’hui présente la plus forte baisse de crédits, en volume comme en pourcentage, de toutes les missions budgétaires. Hors effets de périmètre, il diminue de plus de 2 milliards d’euros en 2019. Cette baisse globale des moyens se répercute dans les divers programmes et nous amène à émettre une appréciation très négative sur ce projet de budget.

Premièrement, le projet de budget qui nous est présenté induit l’affaiblissement du service public de l’emploi. En 2019, la subvention de fonctionnement de Pôle Emploi est rabotée de 85 millions d’euros. Le chômage pourtant ne reflue pas. La charge de travail des conseillers Pôle Emploi est déjà importante : chacun d’eux doit suivre un portefeuille allant de 200 à 800 demandeurs d’emploi selon les modalités d’accompagnement et les territoires. Dans ces conditions, comment garantir un accompagnement de qualité ?

La dotation affectée aux missions locales au titre de l’accompagnement des jeunes, quant à elle, est réduite de 4 %. Si le président Macron a annoncé mardi qu’il a l’intention de rouvrir des services publics dans les quartiers populaires, ces chiffres démontrent au contraire l’affaiblissement du service public de l’emploi.

Deuxièmement, le projet de budget contribue à fragiliser les politiques d’accompagnement des publics et des associations. Il confirme la division par deux du nombre de contrats aidés, lesquels sont transformés en parcours emplois compétences. En 2019, 100 000 contrats sont budgétés. Une étude de la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques – DARES – démontre que votre politique a entraîné une baisse de 41 % du nombre de contrats aidés entre mi-2017 et mi-2018.

Cette décision brutale, prise dès votre entrée en fonction, a contribué à ébranler de nombreuses structures du tissu associatif dans les domaines de l’éducation, de l’action sociale, du sport et de la culture.

Nous prenons note de la création de 25 000 emplois francs dans les quartiers prioritaires, de l’ouverture de 5 000 postes dans le secteur de l’insertion par l’activité économique et de la pérennisation des crédits alloués à la garantie jeunes. Ces mesures sont utiles mais demeurent très insuffisantes compte tenu de la situation de l’emploi – notamment des jeunes – dans notre pays. Faute de disposer des moyens nécessaires, vous recentrez les financements sur l’accompagnement d’un nombre toujours plus restreint de personnes, madame la ministre. Nous ne pouvons souscrire à un tel projet, qui consiste à redéployer un système d’assistanat.

Enfin, le projet de budget induit la compression des effectifs dédiés à la politique du travail et de la formation. Le ministère du travail et ses services déconcentrés perdront 239 postes en 2019, soit le même niveau de suppression que celui constaté l’année dernière.

Ce faisant, vous fragilisez l’inspection du travail et empêchez ses agents de s’acquitter convenablement de leurs missions de contrôle sur le terrain, alors même que les ordonnances travail ont complexifié les normes sociales. Par-delà l’administration, vous prévoyez la suppression de 1 485 postes, dont 800 au sein de Pôle Emploi, fragilisant un peu plus ce dispositif public.

Ces quelques observations – je pourrais en ajouter beaucoup d’autres – illustrent les raisons qui nous amèneront à nous opposer clairement à votre projet de budget. (Applaudissements sur les bancs du groupe FI.)

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