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Question à la Ministre sur la judiciarisation et la criminalisation de l’action militante

L’histoire que je vais raconter a des conséquences humaines graves : celle d’un homme licencié pour motif disciplinaire, dans le contexte d’une journée de mobilisation sociale, sur la base de faits que la justice a classés sans suite faute d’avoir pu établir la moindre infraction. Malgré cela, malgré la démonstration judiciaire d’un dossier d’accusation absolument vide, cet homme de 53 ans, qui totalise vingt-huit années de service et vingt-deux années d’engagement syndical, n’a pas été réintégré dans les effectifs de son entreprise.
L’entreprise en question n’est autre que la SNCF. La SNCF que son statut public, j’allais dire son histoire devraient prémunir contre toute tentation de règlement des conflits sociaux par la punition, par l’intimidation, par la pénalisation, par une forme de répression qui ne dit pas son nom !
Le cas de Jean-Michel Dieudonné, aiguilleur du fret rayé des cadres de la SNCF, illustre cette dérive dont nous essayons de discuter ce soir, sans apparemment y parvenir.
Le choix qui a été fait par l’entreprise publique de licencier son salarié, qu’elle accuse pour un incident mal établi, contesté même – un débat un peu vif avec une collègue durant une journée de grève le 27 juillet 2018 à la gare de l’Est – n’a pas de précédent récent. Cette sanction, prise sans même attendre le résultat du travail de la justice, qui a donc procédé depuis à un classement sans suite, ne s’applique normalement qu’à des agents frappés d’une lourde peine pénale, par exemple à la suite d’un braquage ou d’un meurtre.
Le président de la SNCF a été saisi par de nombreux élus parlementaires – Caroline Fiat est très engagée sur le dossier, et nous sommes également mobilisés – mais n’a pas répondu. Une pétition a déjà réuni près d’un million de signatures pour demander l’annulation de la sanction, mais le président de la SNCF ne répond pas.
Cette situation, monsieur le ministre, interpelle directement l’État, actionnaire de la SNCF. Nous vous demandons donc d’intervenir pour réparer ce qui s’apparente à une discrimination syndicale, une judiciarisation de l’action militante telle que nous la concevons. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et FI.)
Mme la présidente. La parole est à Mme la garde des sceaux.
Mme Nicole Belloubet, garde des sceaux. Monsieur Jumel, effectivement, cette affaire a suscité des échos dans la presse et la mobilisation de parlementaires, dont vous-même. Il m’est très difficile de répondre à une question qui concerne des sanctions prononcées par une entreprise à l’encontre d’un salarié dans le cadre d’une procédure disciplinaire. Je ne suis sans doute pas la mieux placée, en tant que garde des sceaux, pour vous apporter un éclairage sur cette affaire dont je ne connais pas les éléments exacts, hormis ceux que la presse et vous-même avez rapportés.
Il me semble que les questions disciplinaires relèvent de l’entreprise qui a prononcé de telles sanctions, et j’imagine que le salarié a engagé les procédures lui permettant de contester cette décision. Je ne suis pas non plus certaine, comme vous le laissez entendre, que ce soit à l’État actionnaire d’intervenir dans ce type de dossier, même si je conçois que pour la personne concernée, cela puisse constituer une attente importante.
Je ne souhaite pas aller plus loin dans ma réponse aujourd’hui. En tout état de cause, mais peut-être lui avez-vous déjà demandé, ma collègue en charge des transports serait mieux à même que moi de répondre à la question que vous avez soulevée.

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Sébastien
Jumel

Député de Seine-Maritime (6ème circonscription)
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