Nous discutons de l’éolien offshore au moment où vous êtes en train de détricoter EDF en négociant en catimini avec la Commission européenne le saucissonnage de ce fleuron industriel et le bradage à l’encan de ce qui pourrait permettre le développement des énergies renouvelables. Quelles informations pouvez-vous communiquer sur ce dossier ?
J’aborde ce point parce que, si les élus du groupe de la Gauche démocrate et républicaine sont favorables à un mix énergétique équilibré et intelligent, dans lequel les éoliennes trouvent leur place, conformément à la PPE que nous avons approuvée, ils jugent le développement de l’éolien incompatible avec la logique d’actionnaire. Nous estimons que quand cette logique s’empare d’un tel enjeu, elle mène à la négation des territoires ruraux et au mitage des champs agricoles – je ne m’attarderai pas sur le traitement réservé aux élus, y compris à travers des pratiques peu conformes à la déontologie. De la même façon, lorsqu’on applique la logique d’actionnaire aux projets éoliens en mer – ceux de Dieppe Le Tréport et de Courseulles en sont l’illustration –, on s’assoit sur les conflits d’usage et on défonce la pêche artisanale !
La Commission nationale du débat public l’avait reconnu : le parc du Tréport aurait dû être déplacé. Nicolas Hulot lui-même a estimé que ce projet avait été mal mené et qu’on aurait dû prendre en considération le fait qu’il était installé dans la plus importante zone de reproduction du territoire et menaçait donc sa ressource halieutique.
Ce constat plaide évidemment en faveur de l’élaboration d’un schéma national d’implantation de l’éolien terrestre et d’une planification respectueuse des élus et de la démocratie territoriale. S’agissant de l’éolien en mer, je rappelle que la Normandie sera affectée par le Brexit et que le terrain de jeu des pêcheurs en sera amputé, puisque le report de l’effort de pêche, notamment des marins néerlandais, viendra percuter la pêche normande. La planification des projets éoliens offshore doit prendre ces enjeux en considération et tenir compte de la vie des pêcheurs. Quelle est votre opinion sur ces importantes questions ?
M. le président. La parole est à Mme la ministre de la transition écologique.
Mme Barbara Pompili, ministre de la transition écologique. Pour ce qui est du projet Hercule, je vous renvoie aux échanges que nous avons eus avec vos collègues sénateurs hier soir, à la suite, d’ailleurs, d’une initiative du groupe communiste, républicain, citoyen et écologiste. Je confirme – ce qui ne manquera pas de vous rassurer, j’en suis sûre –, que l’intention du Gouvernement est bien de conserver un groupe public intégré et que les négociations en cours visent précisément à permettre à ce grand groupe français qu’est d’EDF de rester le fleuron de la transition énergétique, en lui donnant tout simplement les moyens qui lui manquent actuellement pour engager les investissements nécessaires afin d’investir le champ des énergies renouvelables et pour couvrir les coûts de son parc nucléaire. J’alerte, encore une fois, sur le fait que si ces négociations n’aboutissent pas, nous devrons trouver un plan B. Or, pour l’heure, aucune solution alternative ne permet de financer suffisamment les coûts supportés par EDF.
Voilà pour le premier point.
S’agissant de l’éolien offshore, j’ai moi aussi vécu ce qui s’est passé au Tréport : j’ai vu les erreurs qui ont été commises et qui doivent nous servir de leçon pour la suite. Il est vrai que le zonage a été pensé, au départ, sans associer suffisamment les différents acteurs et sans réfléchir aux conséquences qu’il pourrait avoir. Au final, chacun, y compris les porteurs de projet, a bien compris que le fait de procéder sans concertation et sans tenir compte des pêcheurs et de l’écosystème local était une erreur absolue. Le temps perdu n’a pas été rattrapé et a pesé sur les projets suivants.
M. Sébastien Jumel. On peut corriger !
Mme Barbara Pompili, ministre. Effectivement. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’ai réagi un peu vivement lorsque vous avez fait référence aux nouveaux projets : nous nous efforçons précisément de tirer les leçons des erreurs passées. C’est ainsi, j’en suis convaincue, que nous continuerons de nous améliorer.