Le développement des éoliennes constitue, chacun le voit, une question ô combien importante, qui me touche particulièrement, puisqu’elle est au cœur de l’actualité dans mon département de l’Allier, où se déroule une enquête publique portant sur un projet de parc éolien dans les communes de Bransat et de Laféline. Ce projet, qui comprend six éoliennes de 241 mètres de haut, cristallise l’opposition de nombreux citoyens. Dans l’Allier, la multiplication de projets d’implantation de parcs éoliens crée ainsi de véritables tensions en plusieurs points du territoire et sème de plus en plus le trouble parmi les Bourbonnais, qu’ils soient affectés directement ou indirectement.
Ce déploiement sans véritable concertation doit cesser, car il pose un problème de forme et de fond. Sur la forme, il conviendrait, à tout le moins, de mieux informer la population et de la consulter par référendum, plutôt que de lancer une enquête publique en pleine pandémie, entre le 15 décembre et le 15 janvier.
Sur le fond, si je souhaite que l’éolien trouve sa place de manière équilibrée dans le nécessaire développement des énergies renouvelables, il ne doit pas se développer de façon anarchique ni selon le bon vouloir de promoteurs privés plus préoccupés par des enjeux financiers que par la préservation de l’environnement ou l’aménagement du territoire. De plus, les engins de plus en plus gigantesques qui sont installés modifieront considérablement l’aspect de certains secteurs et affaibliront leur attractivité, alors que, dans un contexte plus favorable aux territoires ruraux, le développement du tourisme progresse.
C’est pourquoi je demande un moratoire sur tous les projets en cours, en attendant la planification à laquelle vous avez fait référence. Je plaide aussi pour un service public de l’énergie, qui permettrait d’éviter que des groupes d’intérêts privés investissent sans prendre en considération les réalités locales. Cela permettrait une meilleure distribution du réseau et un déploiement plus adapté. Qu’en pensez-vous ?
M. le président. La parole est à Mme la ministre de la transition écologique.
Mme Barbara Pompili, ministre de la transition écologique. Le Parlement a adopté des objectifs ambitieux en matière de développement des énergies renouvelables électriques : je rappelle que 40 % de la production d’électricité en France devront être d’origine renouvelable en 2030.
Mme Barbara Pompili, ministre. Pour atteindre ces objectifs, nous avons besoin de l’éolien. Les études montrent que les énergies renouvelables contribuent significativement à la réduction des gaz à effet de serre : d’après RTE – réseau de transport d’électricité –, le parc éolien et solaire français a permis d’éviter l’émission de 22 millions de tonnes de CO2 en 2019. Cela correspond aux émissions annuelles de plus de 2 millions de Français.
Cette filière contribue également à notre sécurité d’approvisionnement : la production électrique éolienne a couvert plus de 7 % de la consommation française en 2019. Or la situation actuelle de tension sur l’équilibre entre l’offre et la demande montre que le fait d’être trop dépendant d’une seule technologie constitue une faiblesse. Un mix électrique plus diversifié est plus robuste, car il est moins sensible aux différents aléas – CQFD, si j’ose dire.
L’éolien est également créateur d’emplois locaux. La filière éolienne avait ainsi créé plus de 20 000 emplois directs ou indirects en France au 31 décembre 2019. Enfin, l’éolien terrestre est une des énergies renouvelables les plus compétitives, comme je l’indiquais tout à l’heure : le prix de l’électricité éolienne est passé de 80 euros à moins de 60 euros par mégawattheure. C’est grâce au soutien public que la technologie a pu s’améliorer et afficher de telles baisses de coût.
Je l’ai dit et je le répéterai plusieurs fois : le Gouvernement est conscient de la nécessité de renforcer l’acceptabilité des éoliennes au sein de la population. Nous y travaillons. Le conseil de défense écologique a arrêté plusieurs mesures en ce sens, pour réduire les nuisances lumineuses, améliorer la concertation au stade du développement et permettre une meilleure planification territoriale de l’éolien, qui figurera dans le projet de loi portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets, que vous examinerez dans les mois à venir.
Pour toutes ces raisons, un moratoire sur l’éolien serait désastreux pour la transition énergétique, alors même que nous devons plus que jamais lutter contre le changement climatique. J’y suis donc très opposée, comme le reste du Gouvernement.