Les soignants vous ont alerté à plusieurs reprises non seulement sur le manque d’équipements de protection, mais aussi sur une pénurie de médicaments, notamment de ceux qui sont utilisés dans les services de réanimation et pour les protocoles de fin de vie. Dans certaines zones géographiques, les réserves de certains médicaments étaient comprises entre vingt-quatre heures et cinq jours. Aujourd’hui encore, les livraisons de ces médicaments restent foncièrement sous tension. Or certains médicaments sont essentiels pour une prise en charge correcte des patients, dans le respect de leur dignité. Plusieurs organisations syndicales et associatives ont d’ailleurs déposé, le 30 mars dernier, une requête devant le Conseil d’État pour exiger des mesures d’urgence, afin d’éviter, entre autres, cette pénurie.
Récemment, en pleine crise sanitaire, M. le Premier ministre a reconnu l’existence de tensions très fortes sur certains médicaments nécessaires aux services de réanimation et de soins intensifs. Corroborant ces propos, le ministre des solidarités et de la santé a recommandé d’utiliser les produits concernés avec sobriété, ce qui conduit forcément les soignants à réduire les soins prodigués à leurs patients.
Ces réponses, monsieur le secrétaire d’État, sont loin d’être satisfaisantes. Les politiques de délocalisation ont conduit la France dans une situation de pénurie, y compris pour les médicaments. Il faudrait pouvoir réquisitionner des lignes de fabrication de médicaments non essentiels sur le territoire national et les réaffecter en urgence à la production de ces médicaments indispensables – les députés communistes vous l’ont déjà demandé à plusieurs reprises.
Que ferions-nous en cas de deuxième vague ? Sommes-nous prêts ? L’enjeu sera, comme lors de la première vague, de sauver des vies. Il n’est plus question d’émettre des projections hasardeuses sur ce qu’il sera éventuellement possible de faire. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.)
Mme la présidente. La parole est à M. le secrétaire d’État.
M. Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État. Je connais votre engagement en faveur de l’hôpital et je sais que vous connaissez bien le dossier, monsieur Bruneel, mais permettez-moi de vous faire part de quelques éléments et de ne pas être nécessairement d’accord avec vous.
D’abord, il n’y a pas, en France, de ligne de fabrication des produits de réanimation, et on ne peut pas développer de telles lignes de production en deux mois – je pense que vous-même, qui connaissez la chose médicale mieux que moi, en convenez.
Dès lors, quel choix peut-on faire ? Celui que le Gouvernement a fait : importer et sécuriser les volumes de produits nécessaires. Grâce à notre action, nous avons pu acquérir, sur le marché, des volumes significatifs des produits que Mme Pires Beaune et vous-même avez évoqués.
Certes, il y a eu des tensions – je l’ai dit tout à l’heure et, vous l’avez rappelé, le ministre des solidarités et de la santé l’avait dit lui aussi –, mais elles n’ont en aucun cas occasionné de rupture ; c’est un point important. Pour répondre très précisément à votre question, nous sécurisons l’approvisionnement par des importations pour faire face à une éventuelle deuxième vague.
S’agissant de l’avenir, puisque votre question s’y intéressait également, il faudra s’interroger sur les moyens par lesquels toute l’Europe peut collectivement accéder à l’autonomie en la matière – c’est d’ailleurs ce que nous faisons depuis une heure et demie, dans un débat de qualité, je crois. La question de l’autonomie européenne en produits spécifiques à la réanimation est pertinente, et la réponse impliquera sans doute la constitution de stocks stratégiques.