QUESTION
Vous avez dressé plusieurs constats et formulé de nombreuses propositions qui nous semblent devoir être au cœur du débat public, car elles mettent en lumière des enjeux considérables auxquels nous sommes tous et toutes plus ou moins confrontés à un moment ou à un autre de notre existence. Vous avez beaucoup évoqué la question de l’attractivité des métiers, qui est très récurrente, celle des conditions de travail et de rémunération, et celle du temps dont on dispose pour s’occuper d’une personne, afin que ce travail ait lui-même du sens. Nous parlons très régulièrement de ces questions, sur lesquelles on n’avance pas beaucoup – pour le dire de manière indulgente.
Derrière ces questions, il y a deux sujets.
Le premier, c’est le niveau de protection sociale dont nous bénéficions tout au long de notre vie. Je m’adresse plutôt à Mme Cabanal, mais je ne veux pas que d’autres intervenants se privent de me répondre ensuite, si Mme la présidente le permet. Quelles évolutions pouvons-nous envisager pour garantir à chacun des droits, y compris en cas de perte d’autonomie ?
Le second sujet, c’est la véritable ambition de service public, comme outil de réponse aux besoins, qui fait un peu défaut.
Vous avez indiqué que vos propositions apporteraient des bénéfices cachés, que l’on ne mesure pas. Peut-on envisager de les chiffrer ? Je pense notamment aux aidants, que Paul Christophe a évoqués. Il s’avère qu’on fait reposer sur eux toute une part de la solidarité nationale, ce qui a un coût considérable pour eux, mais aussi pour l’ensemble de la société. Cette situation est insupportable, il y a donc urgence à agir.
Mme la présidente
La parole est à Mme Jocelyne Cabanal, secrétaire national de la CFDT
Le financement existe déjà car on finit toujours par payer. Soit on paye lorsque la dépendance survient, en mobilisant des ressources personnelles. Or, dans ce cas, selon la capacité de financement de chacun, il existe une grande injustice. Soit les femmes paient avec leur propre santé et la sinistralité, soit ce sont les aidants, ce qui représente un coût pour eux et pour les entreprises – les talents, lorsqu’ils deviennent aidants, ne peuvent plus s’exprimer – et induit un sous-financement du secteur.
La question n’est pas tant de trouver un financement que de le mutualiser et de déterminer la répartition du poids – qui pèse de façon très inégale sur les personnes en perte d’autonomie et leurs proches – en fonction des moyens dont ils disposent.
Il est très important d’avoir un financement public. On a évoqué la question du financement privé. Dans tous les cas, on mettra des moyens sur la table, donc autant prévoir une répartition rationnelle et juste, en fonction des besoins et des moyens des personnes.
Plusieurs pistes sont avancées. J’ai évoqué la taxation des transmissions à partir du premier euro, ce qui rapporterait 3 milliards par an. Dès lors, il serait dommage de s’en priver, d’autant que cette mesure n’affecterait aucunement le pouvoir d’achat. Nous proposons également d’élargir la contribution solidarité autonomie (CSA), afin que tout le monde y contribue. On disposerait alors d’un financement comparable à celui de la sécurité sociale, porté par la CNSA, dans le cadre du service public.