« Nous serons particulièrement attentifs aux suites politiques qui seront données aux propositions formulées dans le rapport » : tels sont les termes dans lesquels Mme Sandrine Mörch, présidente de la commission d’enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse, a évoqué les mesures suggérées par Mme Marie-George Buffet, rapporteure. En se fondant sur ce travail fourni, le groupe de la Gauche démocrate et républicaine continue à interpeller le Gouvernement. À défaut de pouvoir viser l’exhaustivité, nous insisterons sur le service de médecine et de santé, de l’école à l’université, et sur le lieu de travail. Parmi d’autres, Mmes Sylvie Charrière et Maud Petit et M. Pancher ont souligné son caractère essentiel, qui exige une mobilisation beaucoup plus ambitieuse.
Mme Buffet a traduit ce constat en proposant d’engager une concertation large et rapide pour améliorer la définition et la coordination des missions respectives des personnels de santé scolaire, ainsi que la pluridisciplinarité des fonctions de santé dans les établissements. Elle plaide pour le renforcement de l’attractivité de ces métiers, par la revalorisation des carrières et l’augmentation du nombre de postes ouverts. Or tout indique qu’en faisant un usage opportun du rapport de la Cour des comptes, le Gouvernement s’engage, sans concertation, dans une réforme de l’organisation de la santé dans les établissements scolaires, qui appauvrira le rôle des infirmières et des infirmiers, et mènera à la disparition du corps des médecins scolaires. En voulant que les infirmiers et les infirmières se consacrent presque exclusivement aux visites obligatoires, vous mettez de côté l’essentiel de leur tâche de prévention et d’accompagnement des élèves et des familles dans leurs problèmes, lesquels sont loin d’être toujours strictement médicaux. Sans même parler des spécialistes, pédopsychiatres et psychologues, quasiment absents, les médecins scolaires sont en sous-effectif chronique et isolés sur le terrain : la tentation est forte de confier une partie de leurs tâches aux infirmiers et d’ouvrir à la médecine libérale les portes des établissements. Ainsi, dépouiller l’Éducation nationale de sa mission sanitaire, au profit des départements, nous semble nuire à la proximité et à l’efficacité des soins délivrés aux enfants et aux jeunes, comme à l’égalité d’accès à la santé.
Sur le lieu de travail, les jeunes travailleurs ont souffert de la suppression des CHSCT – comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail –, qui leur est préjudiciable. Je ne peux développer davantage, mais je souligne que, comme la médecine scolaire, la médecine du travail est sur une mauvaise voie, celle de la caporalisation patronale.
En second lieu, la dégradation de la conjoncture économique et sociale est évidemment au centre de nos préoccupations. Nous avons une profonde divergence de vue quant aux mesures de court et long termes capables de protéger les jeunes travailleurs étudiants. Ils sont en formation, mais la crise sanitaire a percuté beaucoup d’entre eux, les plongeant dans une situation plus précaire encore, qui menace leur autonomie. Votre plan « 1 jeune 1 solution » est utile, mais en deçà des enjeux. Vous n’êtes pas favorable au RSA – revenu de solidarité active – jeune, en oubliant au passage que ce minimum devrait être accompagné, comme son nom l’indique, d’un effort public bien plus considérable que celui actuellement consenti, notamment de la part de Pôle emploi et de Mission jeunes, afin que l’allocation cède vite la place à l’insertion professionnelle. Vous continuez à faire du report de l’âge de la retraite l’objectif de votre politique à venir, ce qui paraît plus effarant encore lorsqu’on voit les jeunes en demande d’emploi s’accumuler aux portes des entreprises et des services publics. À l’instar d’une majorité d’associations qui se consacrent à la jeunesse, nous considérons que, dans la situation que nous connaissons, le pays doit apporter une réponse exceptionnelle à la détresse ressentie par une bonne partie des jeunes, via l’instauration d’un RSA pour les jeunes âgés de 18 à 25 ans. Parallèlement, il convient d’ouvrir droit au principe d’un revenu pérenne pour les jeunes. Cette assemblée, qui a débattu de manière assez consensuelle du revenu universel – même si le débat n’est pas achevé –, s’honorerait à commencer par cette mesure. Au lieu de cela, vous proposez d’étendre la garantie jeunes à 100 000 jeunes supplémentaires : de l’aveu même de Mme Christine Cloarec-Le Nabour, le succès de cette mesure est compromis par les critères d’accès à ce dispositif. Pour conclure, je vous demande si vous avez décidé d’assouplir l’accès à la garantie jeunes. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et FI.)