QUESTION : Prise en charge de la santé psychologique
À la suite de la crise sanitaire, de nombreuses études relatives à la santé psychologique des jeunes ont été menées. Leur santé mentale s’est largement dégradée et la situation des jeunes filles est encore plus inquiétante. D’après une étude de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) publiée en février, le nombre d’hospitalisations pour des tentatives de suicide et des automutilations a augmenté chez les jeunes filles. Les chiffres sont édifiants : l’augmentation atteint 63 % parmi les 10-14 ans et 42 % parmi les 15-19 ans.
Les résultats de l’enquête EnClass menée par l’École des hautes études en santé publique (EHESP) et par l’observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), publiés en avril par Santé publique France, confirment cette tendance : la santé mentale des adolescents s’est nettement dégradée entre 2018 et 2022. Cette dégradation, qui est plus marquée chez les jeunes filles, creuse l’écart, déjà observé auparavant, entre les garçons et les filles. Enfin, d’après les données statistiques disponibles, les troubles du comportement alimentaire (TCA) touchent en moyenne deux à trois fois plus les jeunes filles, ce qui traduit pour partie l’influence des réseaux sociaux sur l’image de la femme.
Dans son discours de politique générale, Gabriel Attal a affirmé vouloir faire de la santé mentale une grande cause de l’action gouvernementale, mais les premières mesures ne répondent pas suffisamment à l’urgence de la situation, qui est de plus en plus préoccupante. Le remboursement de huit à douze séances chez le psychologue dans le cadre du dispositif Mon soutien psy n’est pas à la hauteur des enjeux. Ce dispositif est controversé parmi les professionnels, qui réclament une prise en charge plus générale de la santé psychologique. Enfin, la création d’une maison des adolescents dans chaque département ne suffit pas à répondre à la détresse des adolescents. Il y a urgence : nous ne pouvons pas laisser la situation se dégrader de la sorte. Par quelles mesures entendez-vous répondre au mal-être grandissant des jeunes et plus particulièrement des jeunes filles ?
Mme la présidente
La parole est à M. le ministre délégué.
M. Frédéric Valletoux, ministre délégué
J’ai déjà cité des chiffres et je partage le constat dressé par les précédents orateurs : le taux de suicide, le désespoir des jeunes et l’état de leur santé mentale s’imposent à notre attention et appellent des réponses. Le renforcement depuis 2021 des moyens alloués à la psychiatrie, à la pédopsychiatrie et aux structures de prise en charge vise à accompagner un nombre croissant de jeunes. J’ai cité tout à l’heure les 500 000 appels reçus par le numéro national d’appel : ce chiffre signifie que des jeunes sont pris en charge. Je le rappelle, ce sont des professionnels qui décrochent les appels, qui accompagnent les jeunes, qui les orientent vers d’autres professionnels sur leur lieu de résidence et qui dirigent les appels vers les centres.
Je ne reviendrai pas sur le dispositif Vigilans. Pas moins de 125 maisons des adolescents sont désormais implantées partout sur le territoire, jusqu’en Polynésie française. Les professionnels jugent ces dispositifs bénéfiques parce qu’ils regroupent en un même lieu des professionnels aux compétences différentes dans l’intérêt de l’enfant. Vous avez cité le dispositif Mon soutien psy. Des mesures telles que la plus grande facilité d’adressage, la hausse de la rémunération des consultations, le passage de huit à douze consultations, qui en fait un vrai parcours – bien sûr, on ne lâche pas les enfants au bout de la douzième séance si une prise en charge plus longue est nécessaire : dans ce cas, ils sont orientés vers d’autres professionnels –, devraient vous rassurer. Elles amélioreront l’adhésion des professionnels – ceux que j’ai rencontrés attendaient de tels signaux et disent que, dorénavant, ils ont très envie d’entrer dans le dispositif.