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Evaluation et contrôle du Gouvernement

Questions sur l’explosion de la pauvreté suite à la pandémie du Covid-19

Monsieur le ministre, demain s’ouvrira la collecte nationale des Restos du cœur. Comme pour le Secours catholique ou le Secours populaire, ces initiatives, dans la période actuelle, revêtent une importance vitale. Les associations sont confrontées à une hausse significative du nombre de demandeurs, qu’il s’agisse de denrées alimentaires ou de produits domestiques et d’hygiène. Qui plus est, le profil des publics, donc les besoins, malheureusement, se diversifient. Tout cela préoccupe au plus haut point les associations, d’autant que les dons eux-mêmes risquent de s’éroder à mesure que s’aggravent les difficultés des salariés, qui restent les premiers donateurs. Selon une étude publiée en février, plus de 2,1 millions de personnes font appel à l’aide alimentaire en ce début d’année 2021 ; 51 % d’entre elles déclarent le faire depuis moins d’un an. Les enjeux sont donc considérables, et rien n’indique qu’une inversion de tendance se fera jour dans les mois à venir.

Les députés communistes vous demandent donc d’aller bien au-delà des premiers soutiens financiers accordés aux associations nationales de solidarité. Vous avez fait état d’un appel à projets de 100 millions d’euros ; nous estimons, pour notre part, que les besoins justifieraient, à ce stade, une contribution publique supplémentaire de l’ordre de 200 millions d’euros. Un impôt de solidarité exceptionnel sur les patrimoines des plus riches pourrait d’ailleurs puissamment contribuer à financer cette disposition.

Quelle est votre opinion sur ce doublement des financements annoncés au bénéfice des associations nationales de solidarité ?

Mme la présidente. La parole est à M. le ministre.

M. Olivier Véran, ministre. Les financements que nous accordons dans le domaine de l’aide alimentaire ne se limitent pas à 100 millions d’euros : ce montant correspond au seul appel à projets de modernisation des associations. Je ne dévoilerai pas la liste des lauréats, car je n’y ai pas encore eu accès, mais je sais que certains candidats ont déposé des projets intéressants. Ainsi les Restos du c ?ur ont proposé d’engager le renouvellement de leur parc de voitures afin d’utiliser des voitures électriques pour effectuer leurs démarches : une telle action est intéressante et permet de faire d’une pierre deux coups en alliant développement durable, lutte contre la précarité et politique de solidarité.

Sachez aussi que le Premier ministre Jean Castex et moi-même avons rencontré les représentants des Restos du c ?ur, qui nous avaient demandé de prolonger « l’amendement Coluche » qui avait été adopté dans la deuxième loi de finances rectificative pour 2020. Alors que les dons relevant de la loi dite Coluche bénéficient, dans la limite de 552 euros, d’une défiscalisation de 75 % du montant donné – contre 66 % pour les autres dons habituellement déductibles –, ce plafond avait été relevé à 1 000 euros pour tenir compte des difficultés de trésorerie que connaissent ces associations, au-delà des seuls Restos du cœur. Cette disposition législative a été pérennisée dans la loi de finances pour 2021 ; cela montre bien que nous sommes à l’écoute.

Je pourrais également mentionner les 94 millions d’euros d’aide alimentaire supplémentaire attribués aux associations depuis le début de la crise sanitaire, ou encore l’augmentation de 48 % du financement européen en matière de don de denrées alimentaires, notamment à destination des banques alimentaires. Ce financement atteindra 869 millions d’euros pour la période 2021-2027 : l’Europe s’y met, et c’est tant mieux, car cela nous aide énormément.

Nous apportons donc une aide substantielle aux associations. Les besoins des Restos du cœur et des banques alimentaires ont augmenté d’environ 20 % durant la période la plus difficile du confinement. Nous nous assurons évidemment auprès d’eux qu’ils ne manquent pas de denrées pour répondre aux demandes.

Voilà pour l’accompagnement que nous devons aux associations qui mènent tant d’actions indispensables dans notre pays. Le reste, la politique de fond à laquelle je crois, consiste à faire en sorte que plus personne n’ait besoin d’avoir recours à l’aide alimentaire pour se nourrir et faire vivre sa famille. Nous y travaillons également.

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