Interventions

Evaluation et contrôle du Gouvernement

Débat sur le thème « Quelles réponses à l’envolée des prix des produits de grande consommation ? »

2ème QUESTION AU MINISTRE

Madame la ministre déléguée, vous êtes entre autres chargée des PME (petites et moyennes entreprises) – et des TPE (très petites entreprises). Notre échange montre qu’il y a une pression pour faire baisser les prix : nous le demandons nous-mêmes, nous pointons l’insuffisance des contrôles. La consommation de certains produits, notamment de produits de qualité, est également en recul, car la grande masse des gens ne peut plus se les permettre. Parmi les constats que vous faites, notez-vous des difficultés particulières pour les PME et les TPE ? Le monde de la très petite, de la petite et de la moyenne entreprise traverse-t-il une période difficile en lien avec ces problèmes ? Je parle notamment des PME et des TPE de l’agroalimentaire. Leurs difficultés peuvent d’ailleurs parfois être liées à la décapitalisation – la vente de vaches laitières et la baisse de la production handicaperaient ainsi les laiteries. Ces entreprises peuvent également buter sur des questions environnementales, notamment liées à l’eau. Quels constats faites-vous et quelles solutions pouvez-vous apporter spécifiquement aux TPE et aux PME ?

Mme la présidente

La parole est à Mme la ministre déléguée.

Mme Olivia Grégoire, ministre déléguée

Je n’oublie pas le commerce de proximité, et je travaille avec ses acteurs sur des stratégies anti-inflation, mais n’oublions pas que 72 % de nos compatriotes font leurs courses dans les zones commerciales qui hébergent des grandes et moyennes surfaces ; c’est pourquoi je commencerai par elles. Contrairement à ce qu’on pourrait penser – ce n’est pas très bon signe, mais c’est intéressant à noter, car la consommation fait également partie de mes attributions –, les produits dont la consommation chute le plus actuellement dans ces enseignes, ce ne sont pas les aliments de la meilleure qualité, mais les plats cuisinés – prépréparés, parfois surgelés –, donc transformés et saturés en acides gras. Ils sont moins consommés, au profit de produits frais, ce qui signifie que cette vague inflationniste pousse à refaire de plus en plus la cuisine. On aura l’occasion d’en parler dans le cadre d’un échange sur la consommation responsable, mais il faut le souligner.

Les PME sont a priori exposées, bien entendu. Elles sont quelque 50 000, et couvrent 200 000 à 250 000 salariés. Plusieurs actions que j’ai engagées les ont toutefois protégées.

D’abord, fin 2022, sans renfort médiatique et sans flonflons, mais à la suite de beaucoup de travail, on a obtenu de l’ensemble des acteurs de la grande distribution et des organisations professionnelles qu’ils s’engagent à assumer la hausse du prix de l’électricité et du gaz, si les PME sont capables de le justifier. Cela a permis à nos PME de faire passer sur eux, pour ainsi dire, leur hausse de prix. Je rappelle également que les PME ont beaucoup augmenté les salaires, et ont pu avoir tendance à répercuter ces hausses sur les prix. Les négociations se sont plutôt bien passées.

La question est importante et les marchés qu’elle touche, complexes ; c’est pourquoi, madame la présidente, je me permets de prendre un peu de temps.

On protège aussi les PME grâce à la remontée des volumes dans le cadre du trimestre anti-inflation. Les produits frais – le lieu, le cabillaud, la viande rouge et blanche, les volailles – connaissent des augmentations de volume à deux chiffres : 15 %, 20 %, voire 25 % pour certains produits. Quand ces produits sont vendus en grande surface et qu’il s’agit des MDD, ils proviennent, à 95 %, des PME françaises de l’agroalimentaire.

Certains distributeurs – vous le savez, président Chassaigne – ont leur propre production et leurs abattoirs. Le fait que les paniers anti-inflation comprennent beaucoup de MDD représente aussi un soutien très fort aux PME de l’agroalimentaire, majoritaires parmi les producteurs de ces produits qui remontent actuellement en volume.

J’ajoute que les PME ne seront pas concernées par les renégociations commerciales visant à baisser les prix – Bruno Le Maire et moi-même l’avons expressément demandé.

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