Interventions

Evaluation et contrôle du Gouvernement

Débat sur le thème « La santé mentale des jeunes »

La santé mentale a été déclarée grande cause nationale pour 2025, dans un contexte où les secteurs de la psychiatrie et de la pédopsychiatrie sont en grande difficulté face à l’afflux de nouveaux patients, de plus en plus jeunes.

Les chiffres confirment la gravité de la situation et soulignent l’urgence d’agir pour répondre au mal-être de la jeune génération. Par exemple, le taux de passage aux urgences pour des troubles psychiatriques est en forte hausse chez les jeunes. Une enquête de l’Ifop de 2024 révèle que la proportion de jeunes ayant déjà eu des pensées suicidaires atteint 23 %, soit quasiment un jeune sur quatre. Elle établit également qu’un jeune de 11 à 24 ans sur deux a traversé un épisode dépressif d’au moins deux semaines au cours de l’année écoulée. Cette détresse semble particulièrement marquée chez les jeunes femmes : 27 % d’entre elles déclarent avoir eu des pensées suicidaires, contre 18 % des garçons. De plus, elles sont davantage touchées par l’anxiété, avec 68 % des filles concernées contre 51 % des garçons. Ces chiffres mettent en lumière des écarts significatifs qui appellent des réponses adaptées aux besoins spécifiques de chacun. Enfin, une étude de janvier 2024 de Santé publique France a démontré que les enfants des milieux modestes sont particulièrement touchés : ceux vivant sous le seuil de pauvreté sont trois fois plus souvent hospitalisés pour des problèmes psychiatriques que les autres.

Les sources d’angoisse sont multiples. La précarité et le cadre de vie sont des facteurs marquants. L’épidémie de covid-19, les confinements et les couvre-feux ont créé un climat anxiogène à travers la crainte du virus et ont délité les relations sociales pendant de longs mois. À des âges où les interactions sociales sont essentielles, les enfants, les adolescents et les jeunes adultes ont été très touchés par ces replis sur soi et sur les écrans.

Les bouleversements et catastrophes climatiques qui s’enchaînent, ainsi que le contexte géopolitique marqué par les guerres en Ukraine et en Palestine, alimentent aussi ces angoisses. Par ailleurs, la mise en concurrence des lycéens et lycéennes à travers la plateforme Parcoursup contribue à ce climat anxiogène.

Les auteurs de l’étude publiée par Santé publique France soulignent la nécessité d’un dépistage et d’une prise en charge précoces afin de prévenir les répercussions sérieuses à l’âge adulte. Mais comment dépister efficacement lorsque, dans certains départements, exerce un seul pédopsychiatre ? Comment faire lorsque le délai d’attente pour obtenir un rendez-vous en centre médico-psychologique (CMP) est souvent supérieur à six mois ? Le constat est éloquent : le nombre de pédopsychiatres a baissé de moitié en dix ans. Dans les territoires d’outre-mer, la situation est encore plus grave : on y compte moins de cinq praticiens pour 100 000 habitants de moins de 16 ans. Dans ces territoires, 30 % des moins de 20 ans sont confrontés à de graves addictions, à des violences ou à une détresse psychique.

Les structures d’accueil sont insuffisantes, et l’école, devenue un désert médical à part entière, n’a pas les moyens de déceler les besoins des élèves. Ainsi, on estime qu’en dix ans le nombre de médecins scolaires a chuté de 20 %. En 2023, il n’y en avait que 900 pour 60 000 établissements. À l’université, on compte un psychologue pour 30 000 étudiants, alors que la norme recommandée est de 1 pour 1 500.

Quant au dispositif Mon soutien psy, il n’est clairement pas adapté à des besoins de long terme. Seules douze séances par an peuvent être remboursées par l’assurance maladie. Cela n’est pas suffisant car la prise en charge et le soin reposent sur la capacité du patient à prendre la parole sur ce qu’il a vécu et à énoncer ce qu’il ressent. Or il faut souvent plusieurs séances pour créer un lien de confiance avec le praticien permettant au patient de se confier aisément.

Enfin, parce que le temps de prise en charge manque, les professionnels prescrivent parfois des anxiolytiques et des antidépresseurs qui ne sont pas adaptés aux enfants et aux adolescents. Ainsi, dans un rapport publié en 2024, l’assurance maladie a révélé que la consommation de psychotropes chez les 12-25 ans a bondi de plus de 60 % entre 2019 et 2023. Ce n’est pas acceptable.

C’est pourquoi je défends le renforcement d’un pôle de santé scolaire. Je propose également de mettre en place un dépistage obligatoire en classe de quatrième centré sur la santé mentale des élèves, de revaloriser les métiers de la psychiatrie, d’investir dans la formation et le recrutement des professionnels de santé et, enfin, d’accroître les moyens alloués aux structures d’accueil.

C’est en reconstruisant un maillage solide de soins, de prévention et d’accompagnement que nous pourrons répondre aux besoins des jeunes. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR. – MM. Sébastien Peytavie et Arnaud Simion applaudissent également.)

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