Le 5 novembre, les électeurs des États-Unis ont fait le choix d’élire Donald Trump à la tête de l’exécutif. Ses décisions auront des effets non seulement sur la population vivant aux États-Unis, mais également dans le monde – sur les marchés et sur les peuples, autant que sur le droit international.
Si l’on en croit ce que l’on a vu ces dernières semaines, Donald Trump va faire... du Donald Trump. Les Nations unies ? Pour quoi faire ? L’écologie et le dérèglement climatique ? Ça n’existe pas ! Les guerres ? On les réglera en vingt-quatre heures. Un problème ? Une solution : les puissants États-Unis.
Alors qu’il n’est pas encore installé à la Maison-Blanche, Donald Trump annonce sans ménagement des volontés expansionnistes : à lui le Groenland et le canal de Panama – tout en évoquant subtilement le Canada et le golfe du Mexique… Non content d’afficher son mépris du droit international, qui fixe les règles de la souveraineté territoriale et l’intangibilité des frontières, il agite le drapeau de la force armée et des sanctions financières.
Balayé d’un revers de la manche, aspiré comme une vulgaire poussière, le droit international n’est qu’un détail pour lui – mais pour moi, ça veut dire beaucoup.
Les normes internationales doivent servir de fil rouge, de règle du jeu pour que chacun ait les mêmes chances et les mêmes contraintes. C’est, en quelque sorte, un point d’égalité entre tous les êtres humains sur Terre. L’établissement des frontières suit des règles internationales strictes.
Pourtant, M. Trump pense qu’on peut acheter un territoire et un peuple – et gare à ceux qui lui répondraient : « Nous ne sommes pas à vendre » ; il leur rétorquerait : « Si vous n’acceptez pas, je vous y contraindrai ! » La volonté de Trump d’annexer des territoires est finalement dans l’air du temps. Et qui s’y opposera ?
On voit mal comment le président de la République française pourrait agir alors qu’il reconnaît, par un retournement historique de position, la marocanité du Sahara occidental ; qu’il ne fait rien face à Israël qui réduit en cendres tout principe de droit international – il se contente d’un petit communiqué de France diplomatie disant « C’est pas bien » et passe à autre chose. Pour être crédible, il faut être ferme et, surtout, constant !
Le droit international est une boussole. Preuve en est, s’en éloigner nous fait retomber dans les abîmes du colonialisme et du « deux poids deux mesures ».
Cela étant, la France n’est pas la seule à rompre avec ses positions historiques en écrasant le droit international. En 2019, l’administration Trump avait déclaré que les colonies juives de Cisjordanie n’étaient pas illégales selon le droit international, contredisant ainsi des décennies de politique américaine. Avec une diplomatie américaine qui prend position contre l’État de Palestine, déshumanise les Palestiniens et légitime un droit de réponse disproportionné de la part d’Israël, quelle place pour la paix ?
Pour Trump, le dérèglement climatique n’existe pas. C’est bien simple, l’accord de Paris et les autres normes internationales protégeant l’environnement l’embêtent – pour parler poliment. Il veut s’en défaire. Or nous avons un devoir envers les générations futures, celui de leur laisser une planète au mieux vivable. Si nous ne faisons rien, la plus grosse dette que nous laisserons à nos enfants sera de ne pas avoir investi suffisamment pour préparer l’avenir. Cela est valable pour le climat de manière générale, mais également pour les droits sociaux et pour la paix.
Pour couronner le tout, les États-Unis envisagent de réduire le montant de leur cotisation à l’ONU. Pourtant, nos interlocuteurs nous l’ont rappelé lors de notre mission d’information sur la crise de cette organisation, l’ONU est la seule instance internationale où tous les pays, sans exception, peuvent se parler et où ils ont tous la même possibilité de s’exprimer.
Pour en revenir au nerf de la guerre capitaliste, l’argent, la menace d’une guerre commerciale est à l’ordre du jour, et cette fois-ci elle n’est pas uniquement adressée à la Chine. L’Union européenne pourrait être ciblée. Pourtant, nous aurions pu nous en prémunir depuis le premier mandat de Trump. Nous connaissions sa politique de toute-puissance ; nous aurions pu prendre des mesures pour retrouver notre souveraineté industrielle afin de sauvegarder nos emplois et de sauver un peu de notre pouvoir d’achat.
Les politiques étrangères ont des effets sur la vie quotidienne : voilà pourquoi elles doivent être au cœur de nos préoccupations – et voilà pourquoi nous devons prendre