Interventions

Evaluation et contrôle du Gouvernement

Débat - Questions sur le projet Hercule

La main sur le cœur, avec détermination, vous soutenez, madame la ministre, qu’il y aura un projet industriel pour ce qui concerne notamment EDF Bleu. Un projet industriel doit s’inscrire dans la durée, et non sur le court terme en fonction d’intérêts financiers qui seraient derrière le bois. Or, pour qu’un projet industriel s’inscrive dans la durée, il ne faut pas que la structure soit limitée à la gestion d’une rente destinée à s’éteindre avec la fin des réacteurs, voire avec la privatisation des barrages. Il faut encourager la recherche, notamment la recherche fondamentale. Pourtant, le Gouvernement a pris la décision d’abandonner le projet Astrid de réacteur nucléaire de quatrième génération, sans explication, sans doute pour de simples raisons financières. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres, mais l’abandon de cette recherche fondamentale sur le projet Astrid va hypothéquer la mise en œuvre d’un véritable projet industriel pour EDF.

De la même façon, est-ce que vous nous présentez des technologies alternatives ? Il n’est pas question de sortir de la filière nucléaire immédiatement, même au regard des enjeux climatiques – on sait bien que ce serait complètement ridicule ! Il faut donc développer des technologies alternatives et ne pas en rester à l’EPR. Où en est la recherche qui permettra de construire sur une assise un véritable projet industriel ?

M. le président. La parole est à Mme la ministre.

Mme Élisabeth Borne, ministre. S’agissant du projet Astrid, je rappelle que les efforts se sont focalisés, ces dernières années, sur le déploiement d’une filière de réacteurs à neutrons rapides de quatrième génération refroidis au sodium. Il est apparu que cette filière, supposée réduire les besoins en uranium, ne répond pas à une contrainte immédiate liée à l’approvisionnement en uranium, sur lequel il n’y a pas de tensions aujourd’hui. Cette filière était également supposée permettre la fermeture du cycle du combustible, mais elle ne répond pas réellement à cet objectif. Si nous voulons appréhender la fermeture du cycle dans sa globalité, nous devons travailler non seulement sur le réacteur, comme c’était le cas dans le projet Astrid, mais aussi sur la préparation et le recyclage du combustible. Il s’agit donc d’un vaste programme de recherche, dont je peux vous confirmer qu’il n’a pas été arrêté – le Gouvernement a décidé de réorienter les efforts vers un programme visant à renforcer et à maintenir nos connaissances physiques sur les réacteurs à neutrons rapides et sur les procédés de cycles associés.

M. André Chassaigne. Aucun scientifique ne soutient cela ! Tous les chercheurs sont vent debout contre votre décision !

Mme Élisabeth Borne, ministre. Je ne savais pas qu’il n’y avait pas de scientifiques au sein du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives – en tout cas, c’est la position du CEA.

M. André Chassaigne. Non, cela a été imposé au CEA !

Mme Élisabeth Borne, ministre. Pour ma part, je fais toute confiance aux dirigeants du CEA pour porter une vision scientifique.

Mme Élisabeth Borne, ministre. Je rappelle par ailleurs que nous poursuivons le projet ITER – c’est un autre champ de réflexion dans le domaine des énergies nucléaires – et que nous n’avons pas du tout baissé la garde dans nos réflexions sur de nouvelles générations de réacteurs nucléaires. Nous avons simplement rééquilibré nos efforts en termes de recherche et développement, en travaillant non seulement sur le réacteur, mais aussi sur l’ensemble des procédés de cycles associés.

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André
Chassaigne

Président de groupe
Député du Puy-de-Dôme (5ème circonscription)

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