Interventions

Evaluation et contrôle du Gouvernement

Débat sur la dimension logistique de la stratégie vaccinale contre l’épidémie de covid-19

Je ne peux pas m’empêcher de commencer par rappeler la nécessité, pour relever collectivement ce défi, d’augmenter la capacité de production mondiale de vaccins, à laquelle nous pourrions sans doute prendre une meilleure part.

Ensuite, il semblerait que les contrats n’aient pas toujours été respectés à la lettre. Je voudrais connaître votre avis sur le respect de ces contrats dont nous n’avons d’ailleurs pas connaissance dans le détail : quels rapports avez-vous entretenus avec les laboratoires qui ont contractualisé avec l’Union européenne ?

Troisièmement, puisqu’il a été question de Doctolib dans la discussion précédente, je voudrais savoir ce que vous pensez du rôle joué par cette plateforme dans la stratégie vaccinale, et vous demander si la sécurité sociale ne pourrait pas prendre une place plus importante en menant une politique proactive pour aller chercher tous ceux et celles qui devraient être vaccinés.

Enfin, je voudrais comprendre si nous sommes prêts à relever les défis à venir, liés à l’arrivée de davantage de vaccins, à leur acheminement et à leur utilisation. Dans mon territoire, de nombreuses capacités locales de vaccination sont inemployées, bien que plusieurs collectivités territoriales aient signalé leur disponibilité pour contribuer à l’organisation. Il reste de la marge pour gagner en capacité de vaccination locale.

Mme la présidente. La parole est à M. le ministre.

M. Olivier Véran, ministre. Une précision, avant de vous répondre : actuellement, il y a en France 10,8 habitants vaccinés pour 100 habitants. J’ai dit « 100 000 habitants » par réflexe en pensant au taux d’incidence, mais nous atteindrons bientôt 11 % de la population, soit 9 millions d’injections.

Vous avez posé beaucoup de questions et je n’ai que deux minutes, aussi je ne pourrai pas répondre à toutes.

Nous avions initialement passé un contrat commun avec l’Italie, l’Allemagne et les Pays-Bas pour le vaccin AstraZeneca. La Commission européenne a ensuite récupéré le contrat, puis a commencé à négocier avec les autres laboratoires en vue de pourvoir toute l’Europe en vaccins. La France, à la demande du Président de la République, a joué un rôle particulier pour instaurer une clause relative au statut de bien public mondial à accorder au vaccin – question à laquelle je vous sais sensible –, afin de nous assurer que nous aurons la capacité d’aider les pays hors du marché européen qui n’auraient pas la capacité de passer de gros contrats.

La production mondiale est à bloc, y compris en France, dont les laboratoires peuvent produire les vaccins d’autres laboratoires. Si vous identifiez une chaîne de production potentielle qui n’est pas utilisée, faites-moi signe ! Une importante prospection a été faite, et la fabrication du vaccin est désormais une aventure industrielle mondiale.

Le rôle des plateformes internet est majeur. Le numérique irrigue toutes les filières industrielles dans notre pays et en Europe. Les plateformes numériques sont une aide précieuse, même si le téléphone est également utilisé. Elles sont un outil de pilotage permettant de visualiser les doses consommées et les rendez-vous pris, de vérifier qu’il n’y a pas de stocks oubliés quelque part et d’éviter que des centres ne restent en carafe au moment de réaliser la deuxième injection. Plusieurs entreprises nous accompagnent dans cette démarche, y compris l’entreprise française que vous avez citée, laquelle fonctionne aussi avec l’Allemagne. Cocorico, pour une fois, car ce n’est pas toujours le cas ! Le numérique est utile, si c’était le sens de votre question : nous en avons besoin dans un monde moderne…

M. Pierre Dharréville. Mais il n’y a pas d’outil public !

M. Olivier Véran, ministre. …pour prendre rendez-vous, pour discuter avec les 1 500 centres et gérer les carnets de commande quotidiens, voire pluri-quotidiens. Si chacun développait sa propre solution numérique, je ne saurais pas comment faire, comment travailler avec un logiciel local qui ne serait pas interopérable avec les logiciels des autres centres, les plateformes des ARS, les livreurs et le carnet de commandes national.

La sécurité sociale a un rôle, oui, pour la démarche d’« aller vers ». Plus les gens sont précaires et âgés, moins ils ont accès facilement à un centre de vaccination et moins ils ont de chances d’avoir un médecin traitant. Or ils sont généralement très fragiles face au risque viral. Il faut donc aller vers eux, notamment en Seine-Saint-Denis, où la CPAM effectue un travail remarquable. En effet, il faut appeler dix-sept personnes pour qu’une seule prenne rendez-vous. Il y a donc un important travail de conviction à mener, et j’enjoins les collectivités territoriales, en particulier les CCAS – centres communaux d’action sociale –, que j’ai réunis à de nombreuses reprises, à développer fortement cette démarche d’« aller vers ». Certains départements ont eu des initiatives innovantes. Le Gers, par exemple, avec lequel j’ai communiqué par visioconférence, a mis en place un vaccinobus pour casser les distances là où il en reste.

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