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Evaluation et contrôle du Gouvernement

Débat sur l’hyper-concentration des dépenses du ministère de la culture en Ile-de-France : une fatalité ?

Je veux d’abord remercier le groupe LIOT d’avoir provoqué un débat autour de la culture dans cet hémicycle. Les discussions de ce type sont beaucoup trop rares et se résument souvent à l’examen des crédits de la mission, dans le cadre du projet de loi de finances. C’est la question des crédits et des dépenses que vous avez, chers collègues, souhaité mettre en avant.

De fait, les dépenses sont plus importantes en région parisienne, même s’il faut reconnaître que, depuis plusieurs années, des efforts ont été consentis. Que la plupart des opérateurs de l’État soient présents en région parisienne explique ce fait, mais en partie seulement. La concentration des crédits de la culture est autant la conséquence d’un développement territorial peu équilibré que celle de politiques publiques qui tendent à renforcer la concentration des moyens.

Les députés du groupe LIOT ont choisi de retenir comme périmètre la région d’Île-de-France, qui capte l’essentiel des crédits du ministère de la culture au détriment des autres collectivités. Je comprends cette logique car elle renvoie à une réalité administrative et budgétaire, celle des Drac, mais je me permets de souligner que l’Île-de-France recouvre des réalités très hétérogènes : une hyperconcentration des richesses comme une hyperconcentration de pauvreté, des déserts médicaux, des déserts de services publics et des zones blanches culturelles. Il est possible de dénoncer une hyperconcentration au sein même de l’Île-de-France : la part de Paris dans les crédits du programme 131, Création, alloués à la région était de 50 % en 2016. J’invite donc à une analyse plus fine, au sein même de la région. La question des crédits consacrés à la culture ne peut se résumer à l’opposition entre la région Île-de-France et le reste du pays.

J’en viens au terme de fatalité. En politique, celle-ci n’existe pas si tant est qu’on se donne les moyens d’atteindre un objectif préalablement fixé. La question n’est donc pas de savoir s’il s’agit d’une fatalité, mais à partir de combien, en valeur absolue et en pourcentage, nous considérons qu’il n’y a plus d’hyperconcentration, à partir de combien et selon quels indicateurs nous considérons que les crédits consacrés par l’État à la culture sont suffisamment bien répartis entre les régions.

La question centrale de ce débat est de savoir comment réduire l’écart entre les crédits destinés à l’Île-de-France et ceux destinés aux autres régions, tout en ayant à l’esprit la réalité très hétérogène du territoire francilien.

La première option consisterait à redéployer les crédits alloués à l’Île-de-France vers les autres régions de France. Vous comprendrez qu’en tant qu’élue de Seine-Saint-Denis, je considère que cette option n’est absolument pas souhaitable. Adjointe à la culture à la mairie de La Courneuve pendant plus de dix ans, je n’ai jamais eu le sentiment de crouler sous les fonds du ministère, bien au contraire. La fin de la concentration des crédits ne peut se traduire par une baisse des crédits en Île-de-France.

L’autre option consisterait à augmenter plus rapidement les crédits dédiés à la culture dans les autres régions de France. Ainsi, la part relative de l’Île-de-France diminuerait sans que les crédits de la région, eux-mêmes, soient appelés à baisser. Cela ne peut se traduire que par un investissement massif dans la culture, une hausse de la dépense publique, notamment au travers des Drac. Je ne peux que souscrire à cette option car nous ne défendons rien d’autre lors de l’examen du PLF, chaque année.

Chers collègues, je partage les grands axes de votre constat. Le patrimoine local est souvent abandonné, les collectivités territoriales ou propriétaires privés laissés sans solution. La question est financière mais elle se pose aussi en termes d’ingénierie et d’expertise. Les Drac doivent avoir plus de moyens pour accompagner les collectivités et les particuliers dans l’entretien et la valorisation du patrimoine local. Il en est de même avec l’éducation artistique et culturelle, qui est le levier principal pour amener de la culture partout.

Cette éducation passe aussi par l’école. J’en profite pour souligner que l’Île-de-France est dans le même bateau que les autres régions pour ce qui est des fermetures de classes et de la baisse des dotations horaires. Aussi, nous appuyons la volonté du groupe LIOT d’investir massivement dans la culture pour mettre fin aux zones blanches culturelles, qu’elles soient en Île-de-France ou ailleurs sur le territoire. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR-NUPES, LFI-NUPES, SOC et Écolo-NUPES.)

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