Interventions

Evaluation et contrôle du Gouvernement

Débat sur l’évolution de la santé psychique dans le contexte de la crise sanitaire et les réponses qui y sont apportées par nos politiques publiques

QUESTION

Samedi se tenait à Montreuil une grande réunion de convergence des psychologues en lutte, qui critiquent vivement les mesures prises par le Gouvernement. Pour eux, elles constituent une forme de casse de leur profession puisqu’elles visent à éponger les longues listes d’attente des patients et à organiser, en définitive, un système de soins psychiques ubérisé et protocolisé. C’est en effet ce que nous constatons.
Je voudrais vous interroger plus particulièrement, monsieur le secrétaire d’État, sur ce qui se passe dans le domaine de la jeunesse. En effet, la crise n’en finit plus d’affecter nos jeunes. Entre périodes de confinement, cours en distanciel, difficultés économiques et sociales, il y a urgence à agir pour qu’ils puissent imaginer et construire leur avenir avec toute l’énergie de leur vie. Tous les rapports signalent combien la situation est difficile – je veux citer en particulier celui de ma collègue Marie-George Buffet.

Cela fait maintenant près de deux ans que les hospitalisations en pédiatrie d’adolescentes et d’adolescents en détresse morale et psychique ne cessent de progresser. La majorité de ces hospitalisations sont de courte durée et conduisent à un retour rapide au domicile, mais les sorties de l’hôpital se compliquent pour les jeunes qui ont besoin d’un accompagnement en structure spécialisée. Certains d’entre eux sont contraints de rester hospitalisés en service de pédiatrie. Une infirmière me disait il y a quelques jours, à l’hôpital de Martigues : « Les ados restent parfois trois mois dans notre service, faute d’accueil dans une structure adaptée, et ils sont seuls ; c’est inhumain pour des ados ».

Ils ont donc besoin de structures adaptées, avec des professionnels formés, des psychologues, des psychiatres et du personnel médico-social. Face à la progression du mal-être, de nouvelles structures d’accueil adaptées aux nouveaux besoins des adolescents doivent rapidement voir le jour. Que comptez-vous faire en la matière, monsieur le secrétaire d’État ?

Mme la présidente.

La parole est à M. le secrétaire d’État.

Tout d’abord, monsieur le député, le dispositif MonPsySanté, que nous comptons pérenniser et généraliser, est un dispositif complémentaire qui va permettre à des personnes qui souffrent de troubles psychiques légers à modérés d’accéder …

M. Pierre Dharréville.

Un dispositif concurrent !

M. Adrien Taquet, secrétaire d’État.

Non, il ne fera pas concurrence à l’offre de soins : il va permettre de l’étendre à des gens qui n’y ont pas accès aujourd’hui, sur prescription médicale, un médecin généraliste s’assurant que cela se passe de la bonne façon. Il s’ajoute donc à l’offre existante qui, par ailleurs, vous avez raison, souffre d’un déficit devenu structurel au fil des ans et auquel il faut remédier.

Au risque de ne pas vous satisfaire, je voudrais saluer la coopération entre les services pédiatriques et pédopsychiatriques. Même si leur rapprochement s’est fait sous une certaine contrainte, il a aussi permis d’établir de nouvelles collaborations.

Il faut également, comme je l’ai dit à Mme la députée Obono, renforcer l’attractivité de la pédopsychiatrie, rebâtir une filière et une offre de soins qui, une fois encore, ne se limite pas à l’hospitalisation ni à la question du nombre de lits. Au service de psychiatrie périnatale de l’hôpital de Strasbourg par exemple, que j’ai visité il y a quelques jours, l’offre de soins est assurée à la fois en prévention, de manière ambulatoire, par des équipes mobiles, en hospitalisation de jour et en hospitalisation complète.

C’est ce parcours de soins que nous sommes en train travailler, de restructurer et de faire évoluer dans certains territoires, où l’approche est encore très centrée sur l’hospitalisation. Il faut aussi permettre l’émergence de nouveaux professionnels, notre pays souffrant d’un déficit structurel de pédopsychiatres. C’est une réalité que je ne conteste pas ; cependant, nous avons tout mis en œuvre pour y remédier, tant au niveau de la formation que de la création de postes.

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