Nous ne sommes pas tous égaux devant la covid-19, puisque selon le territoire où vous résidez et selon votre profession, vous aurez plus ou moins de chances de croiser sa route. Je pense bien sûr à mon département de la Seine-Saint-Denis, qui a été l’un des plus touchés et qui reste aujourd’hui l’un des moins vaccinés, en dépit – je le reconnais aisément – des efforts des services de l’État et des collectivités.
Nous ne sommes pas tous égaux non plus face au risque de subir durablement les effets de la covid-19.
On estime qu’une personne sur dix touchées par le virus développe ce qui est désormais qualifié de covid long. Devant ce qu’ils vivent douloureusement, de nombreux patients se heurtent au scepticisme, parfois des membres de la communauté médicale, mais plus fréquemment de leurs employeurs. J’ai quelques exemples dans ma circonscription de gens qui se retrouvent avec un demi-traitement sans que soit reconnue cette pathologie qu’est le covid long. La résolution de notre collègue Patricia Mirallès, votée à l’unanimité en février dernier, a constitué un premier pas – que nous saluons – vers la reconnaissance de cette pathologie.
Mais il faut aller plus loin : d’abord, il faut recenser précisément le nombre des patients concernés ; ensuite, il faut mieux les accompagner, ce qui passe par la reconnaissance du covid long pour ce qu’il est, à savoir une affection longue durée (ALD) ouvrant droit à une prise en charge des soins à 100 % par l’assurance maladie. Envisagez-vous de prendre un décret en ce sens après l’avis de la Haute autorité de santé ? Cela passe également par la reconnaissance de la covid-19 comme une maladie professionnelle lorsque le patient a été contaminé en raison de la nature de son travail, qui l’expose particulièrement au virus. Je pense notamment aux salariés de la première et de la deuxième ligne, que nous avons applaudis et qu’il ne faut pas oublier. Cela passe enfin – vous l’avez évoqué dans votre intervention – par l’encouragement à la recherche sur les causes et les traitements possibles des covid longs. Sur ces sujets, quelles sont les intentions du Gouvernement ? (Mme Patricia Mirallès applaudit.)
Mme la présidente.
La parole est à M. le ministre.
M. Olivier Véran, ministre.
D’après les chiffres dont je dispose, on estimait en mai 2021 qu’environ 750 000 personnes étaient sujettes à des symptômes persistants. Certains de ces symptômes sont liés à des lésions pulmonaires graves ; il s’agit moins du covid long en tant que tel que de lésions associées au syndrome de détresse respiratoire. Des patients souffrent de complications consécutives à la réanimation, alors que d’autres conservent des symptômes tels que la perte du goût et de l’odorat. Pour remédier à cette dernière, la rééducation en oto-rhino-laryngologie, au moyen de tests permettant de réapprendre à sentir, donne des résultats étonnamment très positifs – tant mieux !
Parmi les autres symptômes persistants, on trouve des douleurs articulaires, de la fatigue, des troubles de la concentration et du sommeil, des difficultés à l’effort, etc. Pour certains patients, les explorations fonctionnelles – scanner pulmonaire, électrocardiogramme, bilan cardiaque complet – ne montrent pas de lésions ; il n’y a pas d’explication anatomique à leurs symptômes. D’autres patients ont besoin d’une rééducation adaptée et spécialisée : je pense à une infirmière de l’hôpital Foch à Suresnes, marathonienne, qui dépasse les 100 pulsations par minute au repos, et ce, depuis des mois. Il faut trouver et former très rapidement toutes les personnes qui sont ou seront capables d’accompagner tous ces patients ; c’est une obligation.
S’agissant de la prise en charge en ALD, certains patients peuvent en bénéficier lorsqu’ils ont des lésions dont on sait qu’ils garderont de très longues séquelles, pendant des années. D’après les spécialistes que j’ai consultés, plus de 50 % des gens qui sont atteints de syndromes de dysautonomie, avec de l’essoufflement et une très forte fatigue, retrouvent un état basal normal après réadaptation ; l’ALD ne s’impose donc pas.
Les soins doivent être adaptés, pris en charge par la sécurité sociale et pluriprofessionnels. Pour les patients qui conserveront des séquelles dans la durée, notamment la très longue durée – surtout des gens ayant des séquelles respiratoires avec parfois des lésions de fibrose – le droit commun prévoit la prise en charge en ALD.