Interventions

Evaluation et contrôle du Gouvernement

Débat sur l’état de l’école de la République

La situation de l’école publique doit être comparée à celle de l’hôpital public : tous deux ont été abîmés, malmenés par des années de gestion néolibérale.

L’école a subi ces dernières années un grave renoncement, qui a consisté à abandonner la poursuite de sa démocratisation et donc à renoncer à tendre vers l’idéal républicain. J’y reviendrai.

Ce débat étant proposé par le groupe Rassemblement national, je souhaite préciser en quoi nous sommes fermement opposés à la vision de l’école que prône l’extrême droite.

Non, la crise de l’école, que nous dénonçons, n’est pas due à un prétendu manque d’autorité, au non-respect supposé de la laïcité ou à d’autres raisons inspirées par les fantasmes identitaires.

Rappelons quelques points du programme du Rassemblement national sur l’éducation.

Les élèves pourraient choisir la voie professionnelle dès la cinquième, et commenceraient à travailler en apprentissage dès l’âge de 14 ans – cela devrait retenir votre attention, monsieur le ministre, à la veille de la réforme de la voie professionnelle. Bien sûr, ce sont les enfants des classes populaires qui seraient les premiers visés par cette approche utilitariste de l’école.

Le RN défend une vision de l’éducation, ou plutôt de l’instruction – vaste débat –, réductrice, bien loin de l’émancipation que nous prônons.

Mettre les enfants des classes populaires au travail, en faire de la chair à patrons : voilà l’objectif du RN !
L’école pour toutes et tous ne figure pas au programme ; il y est proposé, en revanche, de mettre fin à l’école gratuite pour les enfants étrangers ainsi que pour les mineurs non accompagnés.

C’est une mesure antirépublicaine qui porte atteinte à l’un des fondamentaux de la République, institué par les lois Ferry : l’école obligatoire et gratuite pour tous les enfants.

En un mot, l’école de l’extrême droite, est une école étriquée, réservée aux enfants bien nés.

Qu’en est-il de la casse de l’école publique ? Les professeurs – quelle autre profession se verrait imposer un tel traitement ? – continuent de subir les errements de l’exécutif autour de la revalorisation de leur traitement.

Nous voilà désormais sommés de faire l’exégèse des propos du candidat Macron sur une augmentation de 10 % dès janvier, pour comprendre qu’elle n’interviendra finalement qu’en septembre – peut-être –, sans savoir si les enseignants devront exercer des missions pour y avoir droit ni qui sera concerné. Les professeurs sont en droit d’exiger un calendrier précis et une réponse à leurs revendications !

Le contexte est aussi celui de la crise des recrutements et là encore, aucun changement n’interviendra avant la rentrée 2023. Les chiffres ne sont pas bons : bien que la date limite des inscriptions ait été repoussée, le nombre de candidats ne dépasse que légèrement celui des candidats aux concours de 2022. Il y a une crise des moyens, mais aussi du sens. Il faut que ce sujet soit hissé, à nouveau, en tête des priorités politiques.
Surtout, il faut maintenant privilégier un recrutement qui permette à la fois de traiter plus tôt la question de la stagiairisation, mais aussi d’assurer une formation de qualité.

La réalité de l’état de l’école, c’est aussi celle du bâti scolaire. On l’a constaté régulièrement ces derniers temps : bien des établissements sont largement délaissés. Je pense à plusieurs lycées, mais c’est également le cas, plus largement, de très nombreux bâtiments. Cette situation dit quelque chose de l’importance que l’État, la puissance publique, accorde – ou pas – à l’école.

À cela s’ajoutent, à chaque projet de loi de finances, des suppressions de postes. Cette année, 1 500 postes de professeurs dans l’enseignement public sont ainsi supprimés. À cet égard, les cinq années d’action de Jean-Michel Blanquer, votre prédécesseur, ont fait beaucoup de mal à l’école, puisqu’il avait en quelque sorte repris à son compte la marotte de Nicolas Sarkozy en supprimant à nouveau des postes.

Rappelons que les élèves scolarisés dans l’enseignement élémentaire sont en moyenne 22 par classe en France, contre 19,3 dans le reste de l’Union européenne. Il est vrai que, comme vous, votre prédécesseur entendait donner la priorité au primaire, en délaissant le secondaire. On en voit les résultats.

J’en termine en soulignant qu’un travail doit être engagé en matière de mixité scolaire. Nous vous demandons de soumettre les établissements privés aux objectifs de mixité sociale car il est intolérable qu’ils ne répondent pas à cet impératif alors qu’ils sont financés à 75 % par de l’argent public.

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