QUESTION
En décembre dernier, à Calais, j’ai pu constater combien le sort réservé aux exilés était alarmant. Ils sont quotidiennement harcelés, chassés d’un endroit à l’autre. Le vol ou la lacération des tentes et des effets personnels deviennent la norme. De démantèlement en démantèlement, rien n’est fait pour assurer leur sécurité, ni un accueil digne.
De plus, les associations sont sans cesse criminalisées. Elles doivent, en plus de porter secours aux migrants, supporter les attaques répétées de la force publique, sur ordre de l’État. De nombreuses actions sont menées pour dissuader l’installation des migrants et le travail des associations et des habitants solidaires. À titre d’exemple, les associations sont contraintes d’organiser les distributions alimentaires au fil des différents arrêtés préfectoraux interdisant l’accès à certains lieux. Tous les deux jours, elles sont obligées de chercher où elles pourront porter secours, donner une aide alimentaire à ces personnes. Les observateurs internationaux de respect des droits humains sont pour leur part écartés par les policiers, dont – vous l’admettrez, je l’espère – ce n’est pas le rôle.
Ces exactions répétées, ce harcèlement quotidien donnent le ton aux conservateurs de tout poil. Je pense ici à la vidéo d’une agression par arme à feu envers des migrants qu’un élu Rassemblement national a partagée sur les réseaux sociaux.
Monsieur le ministre délégué, je ne vous demande pas de trouver un juste équilibre entre la gauche et la droite : le respect des droits humains ne relève pas d’un équilibre – on les respecte ou on ne les respecte pas. À Calais, d’évidence, les droits des personnes ne sont pas respectés. Il est de votre responsabilité d’apaiser les tensions en empruntant la voie du droit des personnes.
M. le président.
La parole est à M. le ministre délégué.
Je vous répondrai sur un point précis avant d’en venir à des considérations plus générales. Concernant la vidéo que vous avez évoquée, des vérifications sont en cours pour en déterminer la nature et l’origine. Je sais que vous aussi êtes exigeante : nous avons besoin de savoir précisément où elle a été filmée et dans quelles conditions. En effet, on ne peut pas alléguer des faits – vous ne le faites pas, d’ailleurs – en l’absence de certitude à leur sujet.
S’agissant de la lacération des tentes, elles ont été commises par des sociétés privées, qui n’avaient pas à le faire ; le ministère de l’intérieur a publié une circulaire pour dire qu’on ne pouvait pas procéder ainsi, dans ce cadre-là.
Mme Elsa Faucillon.
Devant la police ! Incroyable !
M. Marc Fesneau, ministre délégué.
Par ailleurs, vous avez raison, la situation migratoire sur le littoral des départements du Nord et du Pas-de-Calais doit faire l’objet d’un suivi très intrusif. Il est assuré par le ministère de l’intérieur, en particulier par le ministre, qui a le souci de conduire une action équilibrée tout en évitant la reconstitution de lieux de fixation dans des conditions de vie indignes.
Vous avez souligné que les associations doivent exercer leurs prérogatives d’associations qui viennent protéger les migrants. Cependant, pardonnez-moi de souligner à mon tour qu’elles sont, comme tout le monde, soumises à la loi. Il n’est donc pas anormal qu’elles agissent dans le cadre de la loi et lui seul, même si personne n’est là pour remettre en cause l’action qu’elles mènent auprès des migrants, souvent fort utile, on peut le comprendre.
Le renforcement du dispositif pendant la crise sanitaire s’est traduit par de nouvelles maraudes sociales, par la distribution de denrées alimentaires par le Secours populaire, à la demande des services de l’État, et par l’installation de douches et de toilettes, avec le soutien logistique de la communauté urbaine, donc de Dunkerque et de la ville de Grande-Synthe.
En ce qui concerne les soins de santé, un dispositif médical permanent est également prévu, avec la protection civile, qui intervient en complément d’acteurs sociaux comme la Croix-Rouge et Médecins du monde, pour assurer la permanence d’accès aux soins de Dunkerque, en organisant le transport depuis Grande-Synthe. Des moyens importants y sont consacrés.
Vous avez raison, il faut veiller aux conditions d’accueil. Personne ne dit que la situation est satisfaisante, mais nous essayons d’améliorer les choses, pour faire en sorte que ces migrants soient accueillis dans des conditions au moins décentes – j’ose le mot.
Mme Elsa Faucillon.
Ce serait déjà pas mal !