Interventions

Evaluation et contrôle du Gouvernement

Débat relatif aux effets de la crise sur les associations de nos territoires

Le monde associatif est en sursis, et en survie. Nous ignorons encore combien de structures cesseront leur activité, faute de trésorerie ou de bénévoles, mais il suffit de parcourir la presse régionale pour mesurer les inquiétudes des associations et des collectivités territoriales : d’une seule voix, elles alertent sur l’extrême fragilité du tissu associatif.

Lorsque la crise sera derrière nous, lorsque nous sortirons de cette situation si pesante, lorsque, après des mois sans contacts sociaux, isolés les uns des autres, nous voudrons nous retrouver, qui, mieux que les centaines de milliers d’associations de notre pays, pourra recréer des liens humains si distendus ? Qui, mieux que les bénévoles et les salariés associatifs, pourra reconstruire du commun, des projets collectifs et des perspectives nouvelles, après les mois terribles que nous aurons connus ? L’envie de construire ensemble, de nous retrouver par-delà nos différences, sera la clé d’une sortie de crise réussie ; mais si nous nous réveillons trop tard, nous ne trouverons que portes closes, salles vides et numéros qui ne répondent plus.

Associations d’éducation populaire, sportives, culturelles, de loisirs… c’est aujourd’hui que leur avenir se joue. Les petites structures, qui n’ont pas de salariés, doivent bénéficier d’un fonds d’aide plus important, et, surtout, d’un accès facilité à celui-ci. Les 20 millions d’euros débloqués cette année ne suffiront pas, mesdames les secrétaires d’État. Les clubs sportifs, notamment, ont besoin d’une plus grande visibilité sur les aides auxquelles ils sont éligibles, sans devoir passer par de trop nombreux intermédiaires – État, Agence nationale du sport, fédérations…

Le monde associatif sportif a perdu pratiquement 30 % de ses licenciés ; il faut agir vite et fort ! Ce secteur doit aussi continuer à bénéficier des dispositifs de droit commun, jusqu’au retour à la normale. Nombre de collectivités territoriales prennent les choses en mains et débloquent des subventions ; chacune le fait à la hauteur de ses moyens, mais cela ne suffira pas. Les mesures conjoncturelles s’imposent, mais elles ne doivent pas masquer les difficultés que traversait le monde associatif bien avant la covid-19. Des mesures plus profondes s’imposent pour soutenir le monde associatif : nous n’avons eu de cesse de le dire depuis le début du quinquennat – je pense tout particulièrement à Marie-George Buffet, dont je me fais le porte-voix.

Vous l’avez dit vous-mêmes : il faut un choc de sécurisation financière pour le monde associatif. Il faut revenir aux subventions pluriannuelles – seul système donnant de la visibilité –, plutôt que de privilégier et de systématiser les appels à projets, entraînant une concentration des moyens et une course à la subvention qui dévoie le fait associatif. Nous devons repenser la relation même entre l’État et le monde associatif – lequel devient, toujours plus, un palliatif au désengagement du service public. Ce n’est pourtant pas le rôle des associations ! L’État ne doit plus laisser aux seuls soins de ces dernières des missions qui, normalement, lui incombent. Aider les associations, c’est donc aussi renforcer le service public, en les déchargeant de missions qui ne relèvent pas de l’horizon social. Nous l’avons encore vu pendant la crise, avec l’action des associations caritatives, mais aussi des collectifs de solidarité qui se sont constitués, parmi les étudiantes et les étudiants notamment, quand leurs camarades n’avaient plus de quoi se nourrir. L’État n’était pas au rendez-vous pour nourrir ces jeunes ! Alors, encore une fois, c’est le collectif, l’associatif qui est venu, j’ose le dire, les sauver. Dans de nombreux territoires, ruraux ou urbains, où le sentiment d’abandon domine, le tissu associatif paraît le dernier garant de la cohésion sociale. Nous pouvons nous en féliciter et saluer une nation qui s’engage, mais nous entendons aussi la lassitude qui s’installe.

Enfin, il faut mieux valoriser l’engagement des bénévoles, leur dégager du temps dans les entreprises et travailler sur leur statut, car nous ne pourrons répondre à la crise du monde associatif sans résoudre la question du renouvellement des bénévoles. Soyons, collectivement, à la hauteur des millions d’hommes et de femmes qui s’engagent au quotidien. Je sais que cette ambition est largement partagée sur ces bancs, mais que de temps perdu, dans ce quinquennat, pour redonner du souffle au monde associatif ! Il aurait été mieux préparé pour affronter une crise que nous ne pouvions anticiper. Dans une société où tout devient marchand, où le « chacun pour soi » deviendrait la clé de la réussite – la concurrence, plutôt que la coopération –, les députés communistes le réaffirment : face aux conséquences, tous les jours plus désastreuses, de la main invisible du marché, il convient de protéger les liens – bien visibles, eux – tissés par l’action de millions de bénévoles dans notre pays. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC.)

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