Interventions

Evaluation et contrôle du Gouvernement

Comment massifier la rénovation thermique ?

La rénovation du parc immobilier, notamment pour les logements les plus énergivores, est évidemment une priorité. La loi du 22 août 2021 portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets, loi « climat et résilience », conduira en quelque sorte à faire sortir du marché locatif privé les logements les plus mal classés. Dès ce début d’année, selon les estimations, la mise en location de quelque 400 000 logements sera interdite ; à terme, 1 600 000 logements ne pourront plus être loués. C’est un premier pas pour bannir les passoires thermiques et pour s’attaquer à la location de logements indécents.

La démarche ne saurait cependant être suffisante si elle se solde par un retrait à court et à moyen terme d’un patrimoine locatif, dans une période où l’accès au logement pour nos concitoyens est de plus en plus problématique. Ainsi, le coût de la rénovation de ces logements – de l’isolation et des travaux induits – est un indicateur clé. Pour un logement passoire thermique, il est estimé entre 600 et 800 euros par mètre carré. En moyenne, le coût de la rénovation d’une unité d’habitat s’élève à 38 000 euros.

Monsieur le ministre délégué, estimez-vous, contrairement à beaucoup d’observateurs, que le coût global de la remise sur le marché de ces logements mis aux normes, évalué à 16 milliards d’euros, est réaliste ? À défaut, quelles dispositions de soutien supplémentaires le Gouvernement prendra-t-il pour éviter la contraction de l’offre locative et pour épauler notamment les petits propriétaires bailleurs ?

Nous considérons que l’Anah doit accroître son rôle de soutien et de pilote de cette politique, en favorisant parallèlement plus fortement le conventionnement des logements privés rénovés, afin de prévenir toute inflation du coût des logements.

Mme la présidente.

M. Olivier Klein, ministre délégué.

Nous partageons l’idée qu’il est absolument nécessaire d’exclure les passoires thermiques, les taudis thermiques de l’offre de location. Les personnes qui les habitent – nous en connaissons, vous et moi, dans nos villes – ne sont pas toujours les victimes de marchands de sommeil, mais, à tout le moins, sont victimes de propriétaires indélicats qui encaissent des loyers et qui, à ce titre, ont des obligations.

Vous le savez, les propriétaires bailleurs sont éligibles à toutes les aides, y compris au déficit foncier qui leur permet de déduire de leurs impôts les travaux qu’ils ont réalisés ; c’est une évolution.

Il existe évidemment un risque, vous le connaissez également. La reprise de bail est interdite, personne ne peut se retrouver dehors ; cela n’aurait aucun sens. Les propriétaires, qui encaissent les loyers, ont des obligations ; je ne souhaite pas qu’ils en soient libérés. Nous veillerons à ce que certains logements, qui s’apparentent à des taudis thermiques et qui sont frappés d’une interdiction d’être remis en location, ne se retrouvent pas sur un site internet, avec de jolis nœuds aux fenêtres, afin d’être loués comme meublés touristiques. Nous serons très attentifs afin d’éviter une fuite des logements ; nous sommes tous d’accord pour dire que nous avons besoin de plus de logements pour loger nos concitoyens. Nous devons continuer à mettre la pression sur les propriétaires : ils encaissent des loyers depuis de nombreuses années et, je le répète, ils ont des obligations.

Imprimer cet article

Thématiques :

Pouvoir d’achat Affaires économiques Lois Finances Développement durable Affaires sociales Défense nationale Affaires étrangères Voir toutes les thématiques