Permettez-moi, tout d’abord, d’avoir une pensée pour les milliers de personnes chaque année – des femmes à 99 %, mais aussi des hommes – dont la vie bascule à l’annonce d’un cancer du sein. Cette maladie ne laisse personne indifférent : lorsque le mot « cancer » tombe dans le silence d’un cabinet médical, il est brutal, lourd de sens, d’une violence de séisme, et suscite l’angoisse vertigineuse des malades comme de leurs proches. Rien ne prépare à une telle épreuve ; chacun doit trouver en soi le courage de l’affronter.
Cette proposition de loi vise à améliorer la prise en charge des patients atteints d’un cancer du sein : je salue le travail essentiel de Fabien Roussel et de Yannick Monnet.
Le cancer du sein, le plus répandu en France, laisse s’il est dépisté tôt de réelles chances de guérison ; en revanche, il marque de façon visible et durable le corps des 60 000 femmes qu’il frappe chaque année. La chimiothérapie entraîne la chute des cheveux, des cils, des sourcils, fragilise la peau et les ongles, rend la maladie omniprésente, exposant les patientes au regard, parfois au jugement, de la société. Une épreuve plus intime, mais tout aussi dévastatrice, est l’ablation d’un sein, voire des deux. Physiquement et psychologiquement, il s’agit d’un profond traumatisme : apparence, regard sur soi, identité corporelle, tout un équilibre vacille devant ce corps souvent perçu comme mutilé.
C’est pourquoi, au sein du parcours de guérison, la reconstruction mammaire représente bien plus qu’une opération : la fin d’un combat acharné contre la maladie et l’espoir d’une renaissance. Or toutes les femmes n’ont pas accès à cette étape essentielle, car le reste à charge d’une telle intervention atteint en moyenne 1 400 euros. Dans l’incapacité de réunir une telle somme, beaucoup subissent une double peine : la maladie et les inégalités économiques.
Certains jugent la proposition de loi insuffisante ; même si elle reste en deçà de son contenu initial, les sénateurs ayant supprimé des dispositions porteuses d’espoir, et incomplète face à l’ampleur des besoins, elle constitue une avancée importante.
Il est impératif que le texte soit adopté en termes conformes : en amorçant une refonte de la prise en charge du cancer du sein, il ouvre la voie à d’autres progrès. Nous aurions ainsi souhaité aller plus loin au sujet des dépassements d’honoraires ; néanmoins, la proposition de loi permettra à l’assurance maladie de négocier avec les syndicats de médecins un plafonnement lors des reconstructions mammaires à la suite d’un cancer – opération qui constitue pour les patientes la principale source de reste à charge. De plus, la mission d’information confiée à la Cour des comptes sera l’occasion d’établir un inventaire précis de ces dépassements et d’y revenir par la suite.
L’article 1er du texte prévoit un forfait visant à financer, sur prescription médicale, les soins et dispositifs jusque-là non remboursables liés au traitement ou aux conséquences du cancer du sein. Il s’agit là d’un progrès majeur. Tout sauf accessoires, ces soins prétendus de confort aident les patients à lutter avec dignité. Soyons clairs : il n’y a jamais de confort dans la maladie.
Cet article garantit également la prise en charge intégrale du renouvellement des prothèses mammaires et des sous-vêtements adaptés. Ces dispositifs permettent aux femmes de retrouver une part de leur identité et de leur féminité, mises à rude épreuve par le cancer.
Certes, un long chemin reste à parcourir. Les besoins sont immenses, les attentes des patientes légitimes et nos réponses encore perfectibles. Néanmoins, ne tournons pas le dos à l’opportunité qui nous est présentée. Ne privons pas les malades de ces avancées, aussi modestes soient-elles. Chaque mesure qui concourt à les protéger davantage et à leur offrir un répit est une victoire. Là est notre rôle : accompagner, soutenir et protéger. C’est pourquoi je vous invite à adopter ce texte dans une version conforme à celle adoptée par le Sénat. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR, ainsi que sur plusieurs bancs des groupes EcoS et SOC.)
Discussions générales
Prise en charge des soins et dispositifs spécifiques au traitement du cancer du sein - 2ème lecture
Publié le 28 janvier 2025
Soumya
Bourouaha
Députée
de
Seine-Saint-Denis (4e circonscription)