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Stratégie de dépistage systématique du Covid-19

Je vous remercie, chers collègues du groupe Les Républicains, d’ouvrir votre journée de niche parlementaire par un débat sur la stratégie sanitaire. Nous aurions eu besoin de débattre bien davantage de ce sujet au cours de la période qui vient de s’écouler.

Depuis l’irruption de la pandémie, le dépistage du virus covid-19 est un enjeu majeur dans la bataille qui s’est engagée. En effet, comment combattre un mal que l’on ne repère pas et comment s’attaquer à sa transmission sans identifier ses foyers ? Malgré les recommandations de l’OMS dès le 16 mars dernier, notre pays a eu du mal à déployer une stratégie massive et efficace en la matière.

L’ensemble des moyens disponibles ont-ils été mobilisés pour organiser le dépistage ? Avons-nous rapidement et correctement organisé des filières, ainsi que l’approvisionnement et la production de réactifs ? Il s’agissait pourtant là d’un enjeu décisif pour arrêter la propagation du virus et déconfiner le pays. Car le confinement, s’il était compréhensible la première fois étant donné le caractère inconnu et viral de la pandémie, s’est avéré une réponse extrême, archaïque et douloureuse. Il semble qu’un esprit de suite ait singulièrement fait défaut. On peut en effet s’interroger sur l’absence d’une stratégie de dépistage durable pour accompagner efficacement le déconfinement.

Nous avons longtemps manqué de tests et d’organisation. Longtemps, les délais d’attente pour obtenir les résultats ont été de plusieurs jours, ce qui a nui à l’efficacité même des tests. Les établissements ont passé un à un leurs commandes de matériel et de services ; c’est donc pour une part par la voie du marché que s’est organisé le dépistage. Le choix a été fait de ne tester que les personnes symptomatiques alors que, dans les phases de remontée épidémique, il eut été utile de mettre en œuvre une stratégie de test plus offensive à l’échelle de la population générale, par segments et par secteurs, en incitant les personnes à se faire dépister pour agir plus fortement sur la propagation du virus. Manifestement, l’orientation choisie par le Gouvernement n’a pas permis d’empêcher le surgissement d’une deuxième vague.

La proposition de résolution nous incite à regarder ailleurs, ce qui est en effet utile pour nourrir la réflexion, mais insuffisant : en réalité, nous avons un problème de logiciel. En effet, pour développer la stratégie de test, il eût fallu mobiliser la société au lieu de la placer dans une situation où elle subit à la fois l’épidémie et les décisions qui lui sont imposées. On aurait pu mobiliser les entreprises, le mouvement mutualiste, les associations et les collectivités territoriales pour déployer une stratégie de dépistage par capillarité, dans le cadre d’une campagne de prévention offensive et plus large.

Il faut saluer la démarche engagée de façon spécifique dans les EHPAD, qui sont des lieux particulièrement sensibles. Mais au moment présent, malgré les slogans répétés, l’action publique en matière de tests demeure faible et floue. L’occasion nous est donnée d’interpeller le Gouvernement quant à la manière dont il compte s’adapter aux défis d’aujourd’hui, de demain et d’après-demain.

À l’approche des fêtes, pour accompagner le déconfinement et permettre son efficacité et son accélération, ne peut-on pas mieux utiliser les tests antigéniques ? Ne faut-il pas proposer aux personnes non symptomatiques de se tester de manière régulière si elles le souhaitent ?

Ne faut-il pas se fixer des objectifs de massification, en décidant de moments particuliers pour mener des campagnes de tests ?

Ces derniers jours, le Gouvernement a visiblement ciblé trois territoires seulement où seront massifiés les tests. Nous avons proposé il y a longtemps que des sondages soient régulièrement conduits afin de savoir quels sont les lieux de circulation les plus actifs. En sommes-nous encore à ce stade ? À tout le moins, ne faut-il pas étendre la massification au-delà des territoires ciblés, pour être en mesure d’alerter ?
Il faut mettre en place une véritable animation en matière de dépistage, en lien avec les acteurs et en y consacrant les moyens nécessaires. Trop utilisés comme un moyen de contrôle supplémentaire, les tests peuvent être un outil puissant de mobilisation sociale contre le virus.

Le terme « systématique », employé dans la présente proposition de résolution, a une connotation d’obligation – et fait référence à une proposition du groupe Les Républicains ; il nous semble en soi un peu impropre à décrire une stratégie pensée et réfléchie sur le moyen terme. Mais une chose est sûre : nous devons tirer les leçons des expériences faites à l’étranger, même s’il n’est pas certain qu’il suffise de regarder ailleurs, et nous donner les moyens d’utiliser l’outil du test de la meilleure des façons, afin de sortir de manière sécurisée et le plus rapidement possible des contraintes que nous connaissons aujourd’hui, qui sont de plus en plus difficiles à supporter.

Nous ne pouvons pas, nous ne pouvons plus être un pays qui attend fébrilement les sentences vespérales du Président de la République et les subit. Tout cela n’a que trop duré : ce dont nous avons besoin, ce n’est pas de paternalisme autoritaire, mais de moyens efficaces permettant de s’en sortir ensemble, faisant appel à nos intelligences individuelles et collectives. Le déploiement d’une stratégie de tests généralisée peut y aider ; nous ne nous opposerons donc pas à cette proposition de résolution. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et FI.)

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