Il y a deux ans, nous examinions dans cet hémicycle une proposition de loi semblable, visant à rendre accessible à tous les étudiants le repas à 1 euro. La discussion intervenait alors dans un contexte encore très marqué par la crise du Covid.
La crise sanitaire a eu un impact majeur sur les étudiants : nombre d’entre eux ont perdu leur emploi et ainsi leur revenu, d’autres ont dû quitter leur logement pour retourner vivre chez leurs parents ; et nous avons tous en mémoire ces images de files d’attente interminables pour percevoir l’aide alimentaire, images qui nous ont tous heurtés. Eh oui, cela se passait en France, au XXIe siècle…
Cette prise de conscience n’a pourtant pas suffi à convaincre les députés de la majorité et le texte a été rejeté à une voix près, au prétexte qu’il aurait bénéficié à l’ensemble des jeunes. Pourtant, l’universalité est un des fondements de notre système de protection sociale.
Cinq ans après le début de la pandémie, la précarité en milieu étudiant n’a pas disparu. Les enquêtes de l’Observatoire de la vie étudiante montrent qu’au moins un quart des étudiants vivent en situation de précarité ; ce sont souvent ceux issus des classes populaires, les étudiants étrangers ou les plus âgés. Elle est telle que quasiment la moitié des étudiants exerce une activité rémunérée à côté de leurs études, ce qui constitue pourtant, on le sait, le premier facteur d’échec dans leur parcours académique.
En septembre, les étudiants non boursiers ont subi de plein fouet l’augmentation des frais spécifiques de rentrée, dont une hausse de 2,9 % des frais d’inscription pour la première fois depuis 2018 et de 3 % de la CVEC – la contribution à la vie étudiante et de campus. De plus, les frais de logement, le plus grand poste de dépense des étudiants, ont augmenté de 2,5 %. Face à cette envolée des prix, les dépenses alimentaires deviennent la principale variable d’ajustement budgétaire des étudiants, alors même que 20 % d’entre eux ne mangent pas à leur faim et que 36 % sautent régulièrement un repas par manque d’argent.
La mise en place d’un repas à 1 euro avait été généralisée à tous les étudiants en janvier 2021, durant la crise du covid. Cependant, malgré l’opposition de la grande majorité des organisations étudiantes, le tarif a été réévalué à 3,30 euros dès la rentrée suivante pour les non-boursiers. Le repas à 1 euro dans les restaurants universitaires est aujourd’hui restreint aux boursiers sociaux du Crous, ainsi qu’aux étudiants non boursiers en situation de précarité, sous réserve d’une évaluation sociale.
Dans le cadre du débat sur le projet de loi de finances pour 2025, un amendement de Hendrik Davi visant à instaurer le repas à 1 euro a été adopté en commission. Malheureusement, le rejet de la première partie du PLF par le socle commun et l’extrême droite a empêché son examen en séance.
En offrant à tous les étudiants des repas variés, équilibrés et de qualité à 1 euro, l’adoption de la proposition de loi défendue par Fatiha Keloua Hachi – dont je salue l’engagement et la détermination contre la précarité des jeunes (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR, LFI-NFP, SOC et EcoS) – permettra d’améliorer concrètement leurs conditions de vie.
Le dispositif a été précisé afin que ce tarif soit également appliqué dans l’ensemble des centres de restauration agréés par les Crous, pour des repas à emporter. La politique d’agrément des Crous permet aux étudiants éloignés d’un restaurant universitaire de bénéficier d’un repas complet à tarif social dans une structure privée, associative ou gérée par une collectivité. Alors que 72 % des restaurants universitaires ne sont pas ouverts le soir, que 85 % sont fermés le week-end et que 23 % des étudiants déclarent ne pas s’y restaurer en raison de leur éloignement, cela permettra d’accroître l’accès midi et soir à cette offre de restauration.
Le groupe GDR votera évidemment en faveur de cette proposition de loi. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR, LFI-NFP et EcoS. – Mme la rapporteure applaudit également.)
Discussions générales
Repas à 1 euro pour tous les étudiants
Publié le 23 janvier 2025
Soumya
Bourouaha
Députée
de
Seine-Saint-Denis (4e circonscription)