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Renforcer le droit à l’avortement - Lect déf

C’est la quatrième fois que j’interviens au nom du groupe de la Gauche démocrate et républicaine en faveur de l’allongement du délai légal de l’IVG ; en espérant que ce soit la bonne et que nous adoptions dans quelques minutes ce texte historique pour le droit fondamental des femmes à disposer de leur corps.

Nous sommes fiers de soutenir une loi pour les femmes au cœur d’un temps politique, d’une campagne présidentielle gangrenée par les idées réactionnaires et les propos sexistes. Il s’agit d’un acte fort et, en cette période, d’un texte important en faveur des droits des femmes. Nous sommes fiers également de nous inscrire ainsi dans une démarche historique de légalisation effective de l’IVG. Certes, après l’adoption de ce texte, nous aurons encore des combats à mener pour que l’IVG soit un droit réel et non pas simplement formel. Je pense notamment aux moyens qu’il faudra déployer pour assurer la santé des femmes partout dans le territoire.

Je profite de cette tribune pour saluer la très belle mobilisation victorieuse des Colombiennes en faveur de la légalisation de l’avortement. Bravo à elles pour leur détermination sans faille ! (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LaREM, Dem, SOC et FI.)

Défendre les droits des femmes est une lutte quotidienne, tant ils sont trop souvent considérés comme secondaires et attaqués à chaque fois que les luttes féministes permettent d’obtenir de nouveaux acquis. Le droit à l’IVG ne déroge pas à cette règle : droit fondamental par excellence, il est le fruit d’une lutte menée par des générations de femmes et d’hommes, de féministes, de militantes politiques et associatives. Ce droit est mis en péril par le matraquage réactionnaire auquel nous assistons ces derniers temps et qu’il faut combattre.

Nous avons encore pu le constater à l’occasion des multiples tentatives de faire adopter ce texte, refusé dans un premier temps par le Gouvernement, avant que celui-ci n’émette un avis de sagesse. Je continue d’ailleurs d’interpeller ce dernier et à l’appeler à s’engager plus fortement en faveur des droits des femmes. Nous avons également observé, lors des différentes lectures de la proposition de loi, un travail transpartisan et collectif – je le dis avec beaucoup de sororité – de la part des députés sur tous les bancs.

Mais nous avons aussi constaté que perduraient les propos abjects et culpabilisateurs faisant de l’avortement un acte tabou. Je veux remercier de nouveau Albane, Marie-Noëlle, ainsi que tous les collègues qui se sont mobilisés !

Nous éprouvons de la joie à voter ce texte, mais je veux rappeler combien alarmant est le constat dont il part. Il ne s’agit pas de s’autocongratuler, mais bien de saluer une victoire réelle pour les femmes. Je pense non seulement à ces 3 000 à 5 000 Françaises qui, chaque année, devaient partir à l’étranger pour avorter, mais aussi et surtout à toutes celles qui n’avaient pas les moyens de partir. En dépit des propos abjects que nous avons pu entendre, nous savons bien, en effet, que lorsqu’une femme a décidé d’avorter, elle le fait, y compris en prenant le risque de mettre en danger sa propre santé.

Ce texte permettra d’allonger de douze à quatorze semaines le délai légal sans modifier les techniques d’avortement appliquées par les médecins et les sages-femmes. Nous sauverons ainsi la vie de femmes et leur permettrons de préserver l’intégrité de leur corps.

Je rappelle à cet égard que le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) n’a pas opposé d’objection éthique à l’allongement du délai et que de nombreuses demandes d’IVG après le délai légal de douze semaines de grossesse concernent des femmes en situation de précarité ou victimes de violences. (Mme Muriel Ressiguier applaudit.) C’est aussi à elles que je pense très fortement au moment de voter.

Il reste toutefois des combats à mener, afin notamment de supprimer la clause de conscience spécifique liée à la pratique de l’avortement et de doter la politique de santé publique des moyens nécessaires pour assurer partout l’accès des femmes à l’IVG – je pense en particulier aux subventions octroyées aux associations et au Planning familial. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LaREM, Dem, SOC et FI. – Mme Sylvia Pinel applaudit également.)

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Elsa
Faucillon

Députée des Hauts-de-Seine (1ère circonscription)

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