Chers collègues du groupe Les Républicains, vous nous soumettez là une proposition de loi plutôt intéressante, alors que vous nous avez emboucanés toute la journée avec des fantasmes, des lubies, des amalgames, des propositions morbides et des visions moisies de la France, de la République et de l’humanité. C’est triste, c’est grave et, faites attention – cela s’adresse aussi à la majorité –, ça glisse ! Nous voilà contraints de raccourcir ce débat important sur les besoins de notre pays, de notre peuple, pour avoir une chance d’en arriver au vote avant minuit.
Le désert médical avance. Je vous remercie, monsieur le rapporteur, de nous permettre d’évoquer l’enjeu essentiel de l’accès aux soins, que nous avons été empêchés de discuter à l’occasion du non-débat sur le non-financement de la sécurité sociale. Notre système de santé est dégradé, et cela dégrade notre santé.
La proposition de loi s’inscrit dans la lignée de tentatives de bricoler quelque chose qui permettrait de sortir du désastre et d’une action déficiente. La suppression tardive du numerus clausus en 2019 ne suffit pas ; le numérus « ditus » apertus – ou, pour rester fidèle au latin, dicatus apertus –, qui définit chaque année le nombre minimal d’étudiants autorisés à s’inscrire en médecine, demeure de fait limité par les capacités de formation des universités. Il ne traduit pas mécaniquement une ambition suffisante, ni n’induit sa mise en œuvre ; il est capé par Parcoursup. Il nous semble nécessaire de calibrer le numerus apertus en fonction des besoins et d’ajuster les capacités d’accueil des universités en conséquence, grâce à un soutien intégral de l’État.
Les mesures visant à favoriser le retour des étudiants partis à l’étranger sont intéressantes. La fuite de jeunes diplômés vers l’étranger est réelle, mais on pourrait à la limite nous répondre que c’est un juste retour des choses. Enfin, le débat autour des formations passerelles est également important.
Pour limiter les difficultés, pour mieux les répartir et mieux y faire face, il faut prendre des mesures plus puissantes et le faire avec l’ensemble des acteurs du système, qui doivent tous y être associés. Le désert médical avance, madame la ministre déléguée ; vous avez de plus en plus de sable dans les chaussures – et nous toutes et tous avec vous.
(Applaudissements sur les bancs du groupe GDR-NUPES.)