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PLF pour 2016 - lect. déf.

Nous abordons aujourd’hui la lecture définitive du projet de loi de finances pour 2016, un projet dont la discussion a évidemment été affectée par le contexte particulier dans lequel elle s’est déroulée, entre les attentats du 13 novembre et le résultat des élections régionales.
Plus que jamais, dans un tel contexte, l’examen de ce projet de budget doit se faire à l’aune des questions véritablement primordiales posées à notre pays, immédiatement et face à son avenir. Ce projet de loi de finances pour 2016 permet-il de faire reculer les inégalités qui rongent notre société ? Permet-il de répondre aux enjeux de solidarité et de développement de notre pays ? Apporte-t-il des réponses concrètes aux inquiétudes de nos concitoyens, certes en matière de sécurité mais aussi et surtout sur la première d’entre elles, celle du chômage, la crainte du déclassement, la peur du lendemain et de la précarité ? Redonne-t-il un souffle à la cohésion sociale ? Redonne-t-il à la démocratie et à la souveraineté populaire leur juste place face à une finance démesurée et hors de contrôle ? Nous ne le pensons pas.
Pourtant, l’urgence est bien de répondre à ces questions qui minent notre société. Malheureusement, les réponses apportées par ce budget pour 2016 ne sont pas à la hauteur de ces enjeux essentiels. Une nouvelle fois, c’est le dogme de la réduction des dépenses publiques qui l’emporte et la soumission à la sacro-sainte dette qui prime. Pourtant, confrontés aux terribles événements du 13 novembre, vous avez su vous affranchir, même si ce n’est que partiellement, des dogmes d’austérité de l’Europe qui font tant de mal aux peuples, pour renforcer dans les plus brefs délais les moyens de sécurité.
Cependant, même dans ce domaine, il convient de souligner que sur les 1 000 créations de postes pour les douanes annoncées au Congrès du Parlement, il n’y en aura en réalité que 500 puisque les 500 autres ne sont que des annulations de suppressions de postes. Ce budget est donc bien la résultante de choix politiques délibérés, beaucoup moins contraints par une austérité obligée que vous voulez bien le dire.
Ainsi, en maintenant contre vents et marées le cap du bien mal nommé « pacte de responsabilité », vous consacrez une part essentielle de l’effort budgétaire de notre pays aux seules entreprises, avec des aides accordées sans contrepartie, sans contrôle, sans sélectivité et donc sans effet sur l’investissement et la création d’emploi, comme le montre l’irrémédiable ascension des chiffres du chômage.
Il convient de préciser une nouvelle fois que ces aides aux entreprises, dont le crédit d’impôt compétitivité emploi – CICE – est le symbole, sont financées à la fois par de la dette supplémentaire et par des coupes franches dans le budget de l’État, des collectivités et de la sécurité sociale, autrement dit de tous nos services publics et biens communs.
En mettant le curseur de manière quasi exclusive sur la politique de l’offre, vous employez les mêmes vieilles recettes qui pourtant ont largement fait la preuve de leur inefficacité. En témoignent, encore une fois, les chiffres du chômage : vous n’en parlez pas beaucoup mais en octobre, notre pays a enregistré 42 000 chômeurs de plus, portant le nombre total de demandeurs d’emploi à 5,5 millions. Combien de drames humains, de tragédies personnelles et familiales se dissimulent derrière ces chiffres ? À cela s’ajoutent 9 millions de nos concitoyens vivant sous le seuil de pauvreté. Parmi eux, des enfants, des retraités pauvres, des familles monoparentales, des jeunes précaires…
Mais face à cette situation, vous ne jugez pas utile d’infléchir vos choix politiques. Pour revenir sur la fameuse déclaration question du Premier ministre face aux résultats électoraux catastrophiques, je veux préciser que nous ne lui demandons pas de s’excuser : nous lui demandons d’infléchir sa politique puisque, de toute évidence, elle ne résout pas les problèmes posés – au contraire, elle les aggrave.
Pourtant, les moyens budgétaires existent pour relever ces défis et redonner de l’espoir à nos concitoyens. Pourquoi ne pas substituer, par exemple, aux 18 milliards d’euros annuels du CICE un grand plan de politiques publiques audacieuses au service de l’égalité des territoires, de l’éducation, de la culture, qui sont les vrais remèdes contre la précarité, l’isolement, voire l’obscurantisme ? Notre pays a tant besoin d’un grand pacte social et de fraternité !
Ainsi, mes chers collègues, regrettant que les conditions budgétaires soient loin d’être réunies pour garantir un avenir ambitieux et juste à notre pays et à sa jeunesse, les députés du Front de gauche voteront contre ce projet de loi de finances.

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Jacqueline
Fraysse

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