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PLF 2017 Défense (commission élargie)

Le projet de loi de finances pour 2017 révèle un budget de la défense de 32,7 milliards, en progression depuis l’année dernière. La déflation des effectifs est enfin stoppée, conséquence de la période grave que notre pays traverse. Cette tendance doit durer dans le temps. Toutefois, nous nous interrogeons quant à l’utilité réelle de l’opération dite « Sentinelle », dont l’efficacité antiterroriste nous semble faible.
Je me dois de déplorer une nouvelle fois que la part belle du budget soit faite à la dissuasion nucléaire, qui à elle seule engloutit plus de 10 % des crédits. Pour 2017, 3,87 milliards d’euros y seront dédiés, soit 22,3 % de la part réservée à l’équipement. Ce montant, en augmentation par rapport à 2016, devrait grandir de manière exponentielle si l’on en croit les déclarations de certains responsables militaires et politiques qui proposent de le doubler. Pourtant, en l’état, la dissuasion nucléaire est déjà plus coûteuse que l’ensemble du budget dédié à l’agriculture, à l’outre-mer, aux sports ou encore à la culture. Quelle doit donc être notre priorité ?
En l’état actuel du monde, il n’existe pas de menace nucléaire pour notre pays. Représentant un coût quotidien de plus de 10 millions d’euros, ces armes servent une vision politique totalement dépassée. Paul Quilès, ancien ministre de la défense, nous alerte sur « une guerre nucléaire qui se prépare ». Plutôt que d’attiser les tensions en Europe centrale, je considère que la seule voie pour le Gouvernement français serait de prendre des initiatives diplomatiques pour un désarmement progressif multilatéral.
Totalement inopérantes pour juguler le terrorisme, les armes nucléaires lui empruntent le même mépris pour la vie humaine en menaçant d’anéantir des millions de personnes sans distinguer civils et militaires. L’humanité elle-même est en danger car une guerre nucléaire rendrait la terre invivable.
Dans le même temps, il nous faut prendre conscience que nos forces conventionnelles ne disposent pas des matériels modernes dont elles ont besoin. Les orientations de ce budget sont donc de mauvaises réponses aux vrais problèmes. Ne comptez pas sur nous pour défendre l’idée d’un budget à 2 % du PIB, comme l’OTAN et les États-Unis voudraient l’imposer aux gouvernements européens. Face à la situation catastrophique de notre industrie d’armement, le contribuable irait enrichir des entreprises étrangères, comme pour la fabrication de notre fusil ou de nos munitions de petit calibre. En l’occurrence, l’achat systématique sur étagère et la sous-traitance sont en train de démolir notre filière industrielle de l’armement.
La révélation d’une cartoucherie en Bretagne ne cachera pas le fait que, sous l’impulsion de la DGA, notre filière d’armement a été depuis dix ans systématiquement démembrée. Nos PME sont régulièrement dissuadées de participer aux marchés publics, particulièrement dans l’industrie des coques de bombe et du petit calibre, ce qui contribue à mettre en jeu la vie de nos soldats.
De lourds dangers planent également sur la navale. STX, installée à Saint-Nazaire, pourrait en effet tomber dans des mains hostiles, ce qui priverait notre pays de brevets et de savoir-faire cruciaux. Chers collègues, il faut faire cesser la vente de notre industrie stratégique à l’étranger.
Concernant DCNS, le plan de charge de l’arsenal de Lorient serait vide à partir de 2020. Il est donc urgent de réaliser des investissements industriels et des embauches pour garantir aux salariés les moyens de fabriquer et de produire, notamment des navires militaires de fort tonnage.
Pour l’armée de l’air, seulement 200 avions sont aujourd’hui mis en ligne. La démonstration est faite que la vente de matériel à l’étranger ne contribue pas au développement de notre armée. Les contrats mirobolants passés avec certains pays nous font oublier que les armes ne sont pas des marchandises comme les autres et qu’on ne peut les vendre à n’importe qui et à n’importe quelles conditions.
Aujourd’hui, l’urgence n’est pas de s’inscrire dans une guerre froide qui n’a pas le courage de dire son nom et qui permet aux lobbies militaro-industriels de relancer la course aux armements nucléaires. Nous avons besoin d’une armée conventionnelle, d’une marine, d’une aviation et d’une armée de terre qui permettent d’assurer réellement la sécurité et la souveraineté de notre pays, de ses abords et de sa zone économique exclusive.
Au quotidien, nos militaires manquent de tout et nos matériels ne sont que les fantômes de ce qu’ils furent. Il est temps que l’on s’en rende compte et que l’on y remédie. Je présenterai donc des amendements qui démontreront le bien-fondé de notre analyse en récupérant des moyens attribués au nucléaire au profit du conventionnel. Je ne m’inscris pas dans un discours partisan et j’espère qu’un consensus pourra se dégager pour donner à nos armées les moyens d’assurer la sécurité du pays.

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