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PLF 2012 : Action extérieure de l’Etat

M. le président. La parole est à M. François Asensi.
M. François Asensi. Monsieur le président, monsieur le ministre d’État, mes chers collègues, le temps qui m’est imparti pour cette intervention sur la mission relative à la politique extérieure de la France ne m’autorise pas à présenter une analyse exhaustive des crédits qui lui sont consacrés pour 2012. Je m’en tiendrai donc à quelques remarques.
En premier lieu, force est de constater que la RGPP, bien que conduite sur l’ensemble des budgets, est notoirement plus drastique pour les crédits de ce département ministériel : 450 emplois auront été supprimés, au total, de 2008 à 2013 ; sur quatre personnes partant à la retraite, trois emplois seront supprimés.
Quant aux crédits destinés au réseau diplomatique, admettez qu’ils apparaissent particulièrement faibles : 522 millions d’euros pour 162 chancelleries.
Les personnels d’ambassades, jusqu’aux ambassades s’inquiètent de cette cure d’amaigrissement en des temps de turbulence internationale, où la voix de la France doit parler d’une manière juste et porteuse de progrès et de paix.
Monsieur le ministre d’État, estimez-vous que les remarques pertinentes et cinglantes parues dans un article du Monde signé avec M. Védrine gardent leur actualité ? Ou considérez-vous que votre diplomatie a depuis retrouvé les moyens de sa politique ? « Cessez d’affaiblir le Quai d’Orsay » écriviez-vous. « Aucune administration n’a été réduite dans ces proportions. » Sévère, vous disiez : « Une revue générale des politiques publiques s’applique de manière aveugle. ». Vos conclusions étaient sans appel, l’effet était désastreux, un instrument était sur le point d’être cassé.
Qu’est-ce qui a changé depuis ? Certes, votre arrivée et le talent incontestable qui est le vôtre ; mais cela suffit-il ? Il est vrai que la présence française est réaffirmée, l’action plus lisible, je vous en fais crédit. Mais le bilan reste très controversé. L’orientation générale ne va pas dans le bon sens pour les députés communistes et républicains.
Autant je salue l’entrée de la Palestine à l’UNESCO et vos efforts au Proche-Orient pour une paix juste et durable entre Israël et les Palestiniens, – j’attends des actes plus forts encore, c’est-à-dire la reconnaissance de l’État palestinien par l’Assemblée générale de l’ONU –, autant je constate amèrement que l’influence politique et morale de la France reste marquée par un alignement sur les États-Unis, très renforcé depuis notre réintégration à l’OTAN. Nous sommes de toutes les expéditions militaires pour des buts de guerre contestables. L’Afghanistan est un désastre, et il est malheureusement probable que les fanatiques religieux tirent leur épingle du jeu et sortent renforcés de cette aventure funeste.
Personne ne se plaindra de la fin d’un tyran en Libye, mais pouvez-vous garantir que l’intervention de la France et des Britanniques, appuyée par l’OTAN, exonérera ce pays d’un retour en force des fondamentalistes et de l’obscurantisme ? Il est vrai qu’après des années de complicité avec ces régimes, il fallait que la France donne le change.
Enfin, le G20 a mis une nouvelle fois en lumière le désordre mondial qui résulte de la crise du capitalisme financier et de sa dérive spéculative incontrôlable. La crise est profonde et durable parce que systémique.
Cette mondialisation posée sur de telles fondations est un malheur pour les peuples. Famines, pauvreté, accroissement des inégalités, délocalisations, pertes d’emplois industriels pour notre pays, démantèlement des réseaux de solidarité, retrait de la puissance publique dans ses attributions de régulation sociale, tout cela est dû à une mondialisation dont seule la main invisible des marchés donne le tempo.
Les conséquences seront dures pour les peuples s’il n’est mis fin à cette gabegie. Rigueur et austérité sont les maîtres mots des politiques que vous mettez en œuvre au nom du réalisme et d’un monde qui a profondément changé ces dernières années. Mais rien n’a vraiment changé, monsieur le ministre, si ce n’est une accélération du processus financier, un déclin concomitant des économies occidentales et le pied de nez que nous font les communistes chinois.
Dans ce contexte, il est attristant d’assister à l’impuissance de l’Europe emportée dans la tourmente des marchés financiers et de voir la France réduite à s’aligner sur l’Allemagne, véritable patron européen. Elle a su dicter ses dogmes économiques, souvent avec arrogance, au point que nous suivons son leadership en Europe.
Quant à la taxe sur les transactions financières, si j’en reconnais la volonté clairement affichée, reconnaissez que les efforts de la France ont été vains si l’on regarde les faibles résultats obtenus.
En conclusion, j’estime que les résultats du G20 sont décevants. L’Europe, qui en fut le centre, renvoie l’image d’une institution à bout de souffle, coupée des peuples, sans projet mobilisateur. C’est une Europe de comptables, sans chair, désincarnée, qui ne fait plus rêver.
Nous ne voterons pas votre budget, monsieur le ministre. Heureusement, et je crois que nous sommes d’accord sur ce point, nous ne sommes pas à la fin de l’histoire et un monde nouveau est à réinventer. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.)

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François
Asensi

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