Après une année 2022 durant laquelle se sont allongées les files de l’aide alimentaire et s’est aggravée la détresse des plus précaires, 2023 s’annonce bien plus périlleuse pour la plupart des Français. Après une année durant laquelle les prix alimentaires ont augmenté de 15 %, tout laisse à penser que l’année en cours sera une nouvelle année de fièvre des prix, notamment des prix alimentaires. De fait, la facture s’allonge un peu plus chaque mois. Le prix de produits de première nécessité augmente de 20 % à 40 %.
Dans le même temps, les industries agroalimentaires profitent de l’inflation pour doper leurs revenus sur le dos des Français, comme le révèle l’Insee, qui note que « le taux de marge » – autrement dit les profits, disons-le clairement – « a fortement augmenté au cours de l’année 2022 », jusqu’à dépasser son niveau de 2018.
L’augmentation du taux de marge a gonflé, au même niveau que celle des prix de l’énergie, l’inflation finale. Les industriels et la grande distribution se sont donc gavés, ce qui a entraîné dans le pays, au bout de la chaîne, la montée en flèche de la précarité alimentaire : 11 % à 12 % des ménages français sont en situation d’insécurité alimentaire et ce chiffre ne baissera pas, selon les associations d’aides alimentaires qui constatent l’explosion de la demande sociale.
Alors, que fait la majorité ? Elle a choisi de censurer en commission la proposition des députés écologistes, qui traduisait pourtant concrètement l’une des promesses de campagne du candidat Macron : la création d’un chèque alimentaire. Pour les députés communistes, la prime alimentaire n’est pas l’unique solution à la crise de l’alimentation et de l’inflation, c’est une solution parmi d’autres. Il n’est pas question ici de soutenir ou de rejeter la politique des chèques. Ce dont il est question, au contraire, c’est de ne pas continuer à flatter la grande distribution, afin de faire baisser les prix.
L’alimentation est un droit primaire, chacun en conviendra. En ce sens, la prime alimentaire, dont nous soutenons la création, doit servir de levier pour transformer l’assiette des Français, alors que le panier inflation proposé a l’effet contraire. Depuis de nombreuses années, notre alimentation s’est dégradée, ce qui entraîne des conséquences graves sur notre santé, car l’obésité, le diabète, le cholestérol, notamment, se sont gravement accrus.
Il n’est pas question de blâmer l’agriculture française. La responsabilité vient de l’incapacité du Gouvernement à soutenir une alimentation saine et locale. Depuis trop longtemps, les majorités successives ont préféré à la ferme France la concurrence internationale à travers l’accord économique et commercial global (Ceta), le Marché commun du Sud (Mercosur) et leurs cortèges de millions de tonnes de denrées alimentaires importées. Ce choix n’est pas neutre pour la qualité nutritionnelle de nos assiettes.
Il n’est pas question non plus de culpabiliser les consommateurs en refusant de voir que manger mieux coûte plus cher : la responsabilité est ailleurs, au cœur des choix qui ont tué notre agriculture. Nombre de filières nationales sont confrontées à la concurrence de produits importés moins-disants, moins bons, moins chers, moins tout. Selon l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), 10 % à 25 % des produits agricoles et alimentaires importés sont concernés. Les conséquences d’un tel décalage coûtent cher aux Français et à leur santé. Il est urgent d’inverser cette situation en soutenant la demande intérieure de produits français de qualité issus des filières locales, ce qui contribuera à faire baisser les prix. Tandis que notre agriculture biologique est en recul et que toute l’agriculture française souffre, une prime alimentaire orientée vers les produits alimentaires made in France est une mesure urgente. C’est le sens de nos propositions.
Nous craignons que la position du Gouvernement sur la question n’envoie de nouveau le signal qu’il laisse se développer une alimentation à deux vitesses. Vous l’aurez compris, les députés du groupe GDR-NUPES saluent en la circonstance la proposition utile et urgente du groupe écologiste et, en conséquence, la soutiendront.
En outre, les députés du groupe GDR-NUPES pensent qu’il est important de conduire une réflexion plus complexe sur le renforcement de la place des menus végétariens au sein de la restauration collective scolaire.
En effet, les options végétariennes qui sont proposées actuellement contiennent encore trop de produits transformés. Les rendre obligatoires sans autre choix risque également de faire baisser la consommation de poisson dans nos cantines scolaires, alors même que nombre de nos enfants présentent une carence en acides gras. Enfin, nous regrettons l’attitude du Gouvernement en ce qui concerne les nitrites. Le consensus scientifique existe aujourd’hui pour dénoncer la dangerosité de ces produits.