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Loi de finances rectificative pour 2021 - Lect déf

Nous avons dit beaucoup de choses sur ce projet de loi de finances rectificative, qui achève ce soir son parcours parlementaire. Comme Alain Bruneel et moi l’avons dit à plusieurs reprises, il y a peu à dire sur la forme. En effet, ce PLFR pour 2021 est un collectif budgétaire de fin de gestion. Il vient clôturer la fin de ce mandat et prépare le terrain pour la suite.

Nous maintiendrons la position que nous avons tenue lors des précédentes lectures du texte, une position responsable, ferme et argumentée. Nous avions déposé en première lecture une motion de rejet préalable, et nous voterons donc à nouveau contre ce texte, qui ne représente pas ce en quoi nous croyons, ni ce pour quoi nous nous battons.

Vous connaissez notre ligne directrice : nous demandons plus de justice fiscale, plus de justice sociale et plus de justice environnementale.

Or, comme nous l’avons dit à maintes reprises, ce projet de loi de finance rectificative se résume à une mesure phare : l’ouverture de 3,8 milliards d’euros de crédits pour créer ce qu’on a pu appeler le « chèque inflation ». Ce chèque de 100 euros, conçu comme une aide ponctuelle pour les ménages les plus modestes, est une disposition louable mais elle reste largement insuffisante dans le contexte actuel d’une inflation générale que rien ne semble arrêter. Vous n’enjamberez pas cette crise avec un chèque de 100 euros. Il faudra bien un jour parler salaires !

Nous aurions pu apprendre des erreurs du passé. La crise des gilets jaunes avait déjà montré une véritable fracture au sein de notre pays : depuis des années, une partie de la population se sent abandonnée, délaissée, déclassée. Pour éviter d’en arriver là, il aurait fallu choisir, par exemple, de taxer davantage les plus fortunés pour une meilleure redistribution ou de contraindre les entreprises à être plus vertueuses – bref, il aurait fallu assumer le rôle d’un État fort et changer de direction.

Votre majorité est en marche, c’est vrai ; mais elle marche toujours dans la même direction, vers les grandes entreprises et les plus grandes fortunes. La suppression de l’ISF, l’une des mesures majeures du quinquennat, aura finalement accéléré la distribution de dividendes ; elle n’a eu absolument aucun effet sur l’investissement ni sur l’évasion fiscale. Nous avons souhaité corriger le tir, en période de crise sanitaire, afin de donner un coup de pouce à ceux qui en ont le plus besoin, avec une proposition de loi en faveur de la contribution des hauts revenus et des hauts patrimoines à l’effort de solidarité nationale. Sans aucune surprise, notre proposition a été rejetée.

Que doit-il se passer, que doit-on faire pour vous faire changer de direction et enfin aller vers une véritable redistribution des richesses ? Toutes les propositions fortes que nous avons faites en ce sens ont été rejetées.

Avec ce projet de loi de finances rectificative, vous refusez de tendre la main à nos concitoyens, au moment où ils en ont le plus besoin. Ce n’est malheureusement pas la première fois, mais la situation exceptionnelle que nous vivons depuis le début de la crise sanitaire aurait dû vous amener à changer de direction. Il n’en sera rien.

En réalité, ce collectif budgétaire n’est pas surprenant et garde le même cap que les précédents. Le logiciel est resté le même tout au long du quinquennat. Nous ne pouvons pas vous reprocher de manquer de constance, mais nous vous reprochons d’avoir choisi de défendre coûte que coûte les intérêts des plus aisés et de ne pas avoir voulu porter au cœur de votre projet les intérêts de tous les citoyens.

Oui, les 1 % les plus aisés sont les grands gagnants de ce quinquennat. La majorité a beau marteler que le pouvoir d’achat de tous les Français a augmenté, les vrais chiffres sont là et montrent que les mesures prises depuis cinq ans ont surtout bénéficié à ceux qui ont déjà tout.

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Jean-Paul
Dufrègne

Député de l' Allier (1ère circonscription)

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