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Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024

Il n’y aura pas de Jeux olympiques et paralympiques réussis sans engouement commun, sans que la nation tout entière ne soit rassemblée pour célébrer et vivre cet événement unique. Pour qu’ils soient de grands jeux, source de fierté, d’enthousiasme et d’appropriation, il faut des jeux populaires, des jeux qui sachent rassembler, qui soient l’affaire de tous et ne méprisent personne. Il en va ainsi d’ailleurs de tous les défis qui se dressent devant notre pays et aucun d’entre eux ne pourra être relevé contre le peuple. Ils devront l’être, dans notre esprit, avec lui et même à partir de lui : tout le contraire de ce que vous venez de démontrer avec vos méthodes d’un autre âge pour imposer votre réforme des retraites.

Permettez-moi, à cet instant, d’exprimer mon inquiétude, moi qui, comme député de Saint-Denis, désire passionnément la réussite de ces jeux. Comment allez-vous rassembler le pays autour de ce beau projet après l’avoir si violemment fracturé si vous n’abandonnez pas votre vieux logiciel libéral et autoritaire ?

Ces jeux peuvent être une grande aventure collective, à condition qu’ils soient accessibles à toutes et tous, à commencer par la billetterie, et c’est d’abord à la profondeur de la trace qu’ils laisseront dans l’imaginaire collectif que se mesurera leur réussite.

Nous sommes donc aujourd’hui amenés à étudier la seconde loi olympique, dont l’objectif est de permettre la bonne tenue des Jeux. Plusieurs articles ne posent pas de difficultés majeures et recoupent un ensemble d’obligations pour l’organisation des Jeux. Nous les soutiendrons.

Cependant, nous regrettons que ce projet intègre des dispositions bien plus larges que celles nécessaires à l’organisation en tant que telle. Nous nous opposons en particulier aux mesures visant à une plus grande répression dans les stades. Nous refusons que soit bâillonnée toute expression politique dans les stades alors que chacun doit notamment pouvoir y arborer un drapeau, en solidarité par exemple avec l’Ukraine, avec la Palestine ou encore avec les femmes iraniennes.

L’article 7, relatif à la vidéosurveillance algorithmique, vient polluer cette loi et porte une atteinte disproportionnée au droit par rapport à ses mérites supposés. C’est pourquoi nous souhaitons sa disparition du texte.

Autre véritable cheval de Troie législatif, les dispositions relatives au travail le dimanche. Au-delà de notre opposition générale à l’ouverture des commerces le dimanche, nous soulignons le fait qu’il existe déjà des dérogations au principe du repos dominical, qui auraient, à notre sens, suffit pour répondre aux demandes ponctuelles des commerçants. En tout état de cause, la rédaction actuelle de l’article n’a pas été concertée avec les syndicats et n’est pas conforme à la charte sociale des Jeux olympiques. Cela nous conforte dans notre opposition à cet article, que nous amenderons afin d’en limiter les effets nocifs sur les salariés.

Nous n’avons pas pu aborder dans cette loi la question des transports, qui est pourtant majeure. Stéphane Mazars et moi-même l’avons rappelé dans le point d’étape de la mission d’information sur les retombées des Jeux olympiques et paralympiques de 2024 sur le tissu économique et associatif local. J’appelle l’ensemble de la représentation nationale à bien mesurer les conséquences délétères, pour les personnels comme pour les usagers, de l’ouverture à la concurrence des transports publics au moment même des Jeux. Qu’on en approuve le principe ou non, y surseoir est une urgence. Nous vous proposerons très prochainement un texte en ce sens.

Enfin, il serait temps que nous parlions de sport dans cette enceinte qui est, au fond, le grand absent de ce projet de loi.

Les jeux populaires que voulons devraient être l’occasion de replacer le sport au cœur des parcours éducatifs, de la construction de soi et de l’épanouissement personnel. Ce devrait être un des premiers enjeux de ces jeux que d’être un levier pour le développement des pratiques sportives, d’en faire un droit essentiel, en mettant les moyens nécessaires pour casser les barrières à la pratique. Il n’est pas trop tard. Lors de l’examen de la première loi olympique de 2018, Marie-George Buffet avait également exprimé le regret que ce texte ne parlait pas de sport. On lui avait alors répondu qu’une loi sur le sport serait soumise au Parlement prochainement. Cinq ans après, nous attendons toujours une loi sur le sport !

Nous craignons que le même scénario ne se reproduise. Madame la ministre, vite, une loi sur les sports afin que les Jeux olympiques soient une étape décisive dans notre pays et que le sport en sorte grandi ! (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR-NUPES, LFI-NUPES, SOC et Écolo-NUPES.)

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Stéphane
Peu

Député de Seine-Saint-Denis (2ème circonscription)

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