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Discussions générales

Fusion des filières à responsabilité élargie des producteurs d’emballages ménagers et des producteurs de papier

Depuis des années, nous sommes régulièrement conduits à évoquer dans cet hémicycle la situation de la presse, en particulier celle de la presse écrite : faillite de Presstalis, baisse du nombre de lecteurs, fragilité financière de plusieurs quotidiens et hebdomadaires, explosion du coût du papier. On pourrait ajouter à cette liste un phénomène de concentration et d’accaparement par quelques milliardaires des médias, presse écrite comprise. La difficulté rencontrée par la presse indépendante pour se développer est pour nous un sujet majeur de préoccupation. Si nous ne voulons pas voir tout un secteur de l’information disparaître, nous devons agir vite pour améliorer l’attribution des aides à la presse et moderniser les seuils du dispositif anticoncentration.

C’est dans ce contexte que s’inscrit cette proposition de loi. J’entends et comprends les réticences à voir exonérer les éditeurs de presse de la responsabilité élargie des producteurs de la filière papier. Oui, il est important que les producteurs assument le coût du traitement de leurs déchets ; surtout, il faut diminuer le volume des déchets, qui continue d’augmenter.

Mais la presse écrite ne peut être considérée comme une filière comme une autre. La France a été le seul pays à intégrer la presse dans le champ de la responsabilité élargie.

Il faut également noter que le secteur du livre est déjà exonéré de ces obligations. Nous ne pouvons traiter la presse écrite d’une manière différente. (Mme Géraldine Bannier, rapporteure pour avis, applaudit.)

Il y avait à mon sens urgence à légiférer pour ne pas fragiliser un secteur en grande souffrance. En effet, l’article 72 de la loi du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire conduisait à ce qu’au 1er janvier 2023, les éditeurs de presse ne puissent plus verser leur écocontribution en nature, sous forme d’encarts destinés à informer le lecteur sur les gestes de tri et le recyclage. La fin de ce régime dérogatoire allait se matérialiser en une taxe sur les éditeurs de presse estimée à 22 millions d’euros en 2023.
La presse ne peut être traitée comme les emballages. Son rôle social, son rôle dans notre démocratie justifient amplement l’exception que nous nous apprêtons à lui accorder. De plus, il ne s’agit pas de l’exonérer de ses obligations. Au contraire, les avancées obtenues dans les deux commissions, notamment à travers le conventionnement, font d’elle un élément important du tournant écologique que nous devons prendre. La presse n’est pas en dehors de la société, elle joue et continuera à jouer son rôle dans la transition écologique.

Cependant, et malgré notre soutien à cette proposition de loi, nous proposons d’ouvrir la réflexion, comme nous l’avons fait en commission, sur une restriction de cette exception à la presse d’information politique et générale, qui répond à des critères en termes d’intérêt général plus stricts que le reste des publications.

Je pense que cette mesure, qui fait l’objet d’un amendement du groupe GDR-NUPES, peut faire office de compromis pour allier les deux impératifs qui entrent ici en tension : soutien à la presse et à l’information ; nécessité pour les entreprises de contribuer aux traitements de leurs déchets.

Concernant la fusion des deux filières, des interrogations demeurent, tant elles sont déséquilibrées si l’on considère les volumes. En effet, le volume de papier traité diminue ; dans le même temps, nos usines de papiers recyclés ferment, de sorte qu’il est désormais indispensable de se fournir à l’étranger. Il y a là une véritable difficulté, qui n’est que trop peu abordée dans cette proposition de loi.

Malgré ces réserves, les députés communistes voteront en faveur de ce texte, car il semble nécessaire de sortir la presse, comme le livre, de l’écocontribution financière, en contrepartie de la mise à disposition d’encarts d’information sur la transition écologique. (Applaudissements sur les bancs du groupe RE.)

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Stéphane
Peu

Député de Seine-Saint-Denis (2ème circonscription)

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