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Bibliothèques et développement de la lecture publique

Je me réjouis que nous débattions aujourd’hui d’une proposition de loi portant sur les bibliothèques et le développement de la lecture publique, deux leviers d’émancipation essentiels.

J’en profite évidemment pour saluer les personnels des bibliothèques, les agents qui œuvrent au quotidien en faveur de la lecture et de la culture pour tous. Je sais et partage leurs craintes face à la généralisation du passe sanitaire, que doivent désormais présenter les enfants à partir de 12 ans. L’accès aux bibliothèques fait l’objet d’un contrôle obligatoire depuis juillet alors même que, lors du dernier confinement, elles avaient été traitées comme les autres services publics.

Si la vaccination du plus grand nombre est un objectif que nous souhaitons atteindre, celui-ci se heurte ici aux missions des bibliothèques et au principe de l’accès inconditionnel du public. Comme les agents, je m’inquiète également de l’impact que cela pourrait avoir sur leur travail de médiation auprès de publics variés, particulièrement les plus éloignés, ceux qu’il faut aller chercher.

Je peux témoigner du travail d’« aller vers » qu’ils réalisent dans ma circonscription, dans les écoles, dans les parcs ou encore dans les foyers pour que tous les publics aient accès à la lecture, aient envie de livres et de culture. Il est essentiel de leur permettre de continuer.

Cette proposition de loi vise à donner un cadre au secteur de la lecture publique, seul secteur culturel qui – en dépit des près de 16 500 bibliothèques et médiathèques qui maillent notre territoire – ne figurait pas dans la loi jusqu’à présent. Il fallait y remédier, c’était une nécessité impérieuse. Je remercie celle qui en a été à l’initiative.

Plus que de simples lieux de dépôt de livres, les bibliothèques jouent un rôle majeur dans la vie locale. En tant que lieux de culture et de commun, elles assurent une véritable politique de médiation envers des publics très différents, notamment les plus jeunes et les plus éloignés de la culture.

Les articles de la proposition de loi comblent un manque en employant des expressions et des mots suffisamment larges, à mes yeux, pour tenir compte des évolutions récentes et à venir. Ils affirment de grands principes comme la liberté et la gratuité d’accès aux bibliothèques ou le pluralisme des collections et abordent une question importante, le don de livre. Ces grands principes consacrent la mission principale des bibliothèques : être un formidable outil au service de l’émancipation humaine. La proposition de loi légitime également le travail quotidien et acharné des agents et agentes des bibliothèques.

Ce texte bienvenu doit évidemment s’accompagner de moyens en direction des bibliothèques. Nous savons que, bien souvent, la baisse des dotations de l’État a eu pour effet de sacrifier les budgets des politiques culturelles des collectivités, notamment en matière de lecture publique, renforçant ainsi les inégalités territoriales. La fermeture de bibliothèques dans les quartiers populaires en est une conséquence.

L’enjeu est pourtant de taille. Selon l’Observatoire des inégalités, 43 % de la population de plus de 15 ans n’a lu aucun livre en 2012. Les écarts entre milieux sociaux ne cessent de se creuser : cette même année, la part de non-lecteurs de livres était près de 3,5 fois plus élevée chez les ouvriers que chez les cadres, selon l’INSEE. Nous savons aussi combien inégalités sociales et culturelles sont corrélées, et davantage dans notre pays que dans d’autres.

Par ailleurs, les bibliothèques fonctionnent avec de moins en moins de personnel. La question de l’extension des horaires est évidemment légitime ; encore faut-il investir dans des moyens humains et financiers car on n’ouvre pas une bibliothèque comme on ouvre une boutique. En outre, je préfère ouvrir mieux plutôt qu’ouvrir plus – un adage avec lequel les bibliothécaires, je crois, seront d’accord.

Cela commence évidemment par l’organisation annuelle de concours de bibliothécaire territorial. Les besoins sont criants. On ne peut remplacer des bibliothécaires par des bénévoles, des volontaires du service civique ou des étudiants car bibliothécaire, c’est un vrai métier. Il est par exemple urgent d’augmenter le point d’indice pour rattraper la perte du pouvoir d’achat de 15 % qu’ont connu ces professionnels en quinze ans.

Vous l’aurez compris, notre groupe salue cette proposition de loi, avec cependant un bémol concernant le contrôle a priori évoqué à l’article 7. Nous soutiendrons ce texte, un pas vers une pleine reconnaissance du travail des agents et de la mission de service public des bibliothèques.

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Elsa
Faucillon

Députée des Hauts-de-Seine (1ère circonscription)
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