La Coupe du monde de rugby a pris fin le week-end dernier : nous pouvons nous réjouir de son succès et de son organisation, mais la réussite de cet événement se mesurera aussi au nombre de licenciés supplémentaires par la Fédération française de rugby (FFR) à la prochaine rentrée, amplifiant la dynamique de ces dernières années. Cette réussite se jugera aussi à l’aune de l’augmentation des licences féminines : l’objectif de la FFR est d’augmenter ces licences de 40 %. Autre objectif : développer 400 clubs dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) – je ne peux qu’y souscrire !
Les indicateurs de réussite d’un grand événement sportif ne peuvent se résumer qu’au seul nombre de médailles ou à l’audience télévisuelle. Notre objectif consiste à augmenter les pratiques, et les ressorts sont connus : construction et rénovation d’équipements sportifs de proximité, soutien aux clubs et au monde associatif, action en direction des publics les plus éloignés de la pratique sportive, soutien aux bénévoles et à l’emploi associatif.
Le département de la Seine-Saint-Denis, dont je suis élue, est très largement sous-doté en équipements : on compte seulement seize équipements pour 10 000 habitants, soit un chiffre trois fois inférieur à la moyenne nationale. En outre, un enfant sur deux ne sait pas nager et, dans le même temps, on construit dans le département le Centre aquatique olympique (CAO). Ce sont ces priorités, ce lien de redistribution que nous devons développer. Le budget pour 2024 devrait être l’occasion de se mettre au service de cette ambition.
Quelques éléments sont positifs, comme le prolongement du plan « 5 000 terrains de sport », mais ils sont loin d’être suffisants.
Ainsi, même si les crédits du programme Sport augmentent, ils ne sont pas dimensionnés pour permettre la mise en place de politiques publiques ambitieuses en faveur d’un grand service public du sport et d’une culture sportive pour toutes et tous. Le problème ne renvoie ni à ce budget ni, encore moins, à la personnalité de la ministre en place : le problème est structurel et se rapporte à la place qu’on donne au sport ainsi qu’aux 14,4 millions de licenciés, aux millions de pratiquants autonomes, aux éducateurs et aux bénévoles. Le soutien aux collectivités territoriales est également indispensable, elles qui financent le sport à hauteur de 12 milliards d’euros.
Le sort que le Gouvernement a réservé à nos amendements, issus de l’Association nationale des élus en charge du sport (Andes), nous prouve qu’aucun changement majeur n’est opéré en matière sportive. Ces amendements ont pourtant été votés en commission et permettaient de dégager des marges financières plus importantes pour le sport.
Enfin – et même si ce sujet ne relève pas directement de la présente mission –, rien ne pourra se construire sans le sport à l’école. Cela fait plusieurs années que notre groupe formule des propositions innovantes en la matière, refaisant de l’éducation physique et sportive (EPS), dès l’école primaire, une matière à part entière. Nous proposons également d’améliorer le lien entre le sport à l’école et les clubs à travers le sport scolaire, l’Union sportive de l’enseignement du premier degré (Usep) et l’Union nationale du sport scolaire (UNSS).
Le sport est un levier éducatif majeur. Dans mon département de la Seine-Saint-Denis, nous travaillons au sein du Collectif permanent pour la défense et la promotion de l’EPS et du sport associatif, qui associe le mouvement sportif, les élus locaux et nationaux, les professeurs d’EPS et de sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps). C’est aussi leur parole et leurs propositions que je veux rendre audibles aujourd’hui, pour qu’enfin le sport soit considéré comme une politique publique à part entière.
Nous accueillerons les Jeux, ce dont nous nous félicitons. Mais si les moyens qui y sont consacrés ne se traduisent pas par des moyens tout aussi importants en faveur du sport dans le département, nous passerons collectivement à côté de l’héritage de ce grand et bel événement.
Le programme Jeunesse et vie associative est pour nous l’occasion de rappeler notre opposition au SNU, qui monte encore en charge cette année. Selon nous, ce dispositif n’est absolument pas adapté aux besoins de la jeunesse ; les crédits budgétaires y afférant devraient être plutôt déployés à l’école ou au sein de l’éducation populaire. Quant au service civique, dispositif que nous soutenons, il doit être mieux encadré, pour éviter les abus et détecter les emplois déguisés, et les publics concernés doivent être mieux ciblés. Enfin, il conviendrait, dans ce contexte d’inflation, d’augmenter les crédits du FDVA.
Le groupe Gauche démocrate et républicaine-NUPES ne votera pas ces crédits car, même si nous avons connu des budgets pour le sport, la jeunesse et la vie associative nettement plus catastrophiques, celui de cette année n’est pas en mesure de répondre à l’ensemble des besoins. Nous attendons avec impatience la future loi sur le sport, qui sera débattue après la tenue des Jeux, pour construire ensemble les politiques à la hauteur de la place du sport dans notre pays. Nous espérons enfin que certains de nos amendements retiendront votre attention et connaîtront un sort favorable lors du recours au 49.3. (Applaudissements sur les bancs du groupe Écolo-NUPES.)