Interventions

Budget de l’État

PLF pour 2022 - Sport jeunesse et vie associative

La reprise progressive des activités collectives a fait fleurir de nombreuses initiatives sportives dans nos territoires. Chacune d’entre elles nous fait voir la joie d’être ensemble, de reprendre le chemin d’activités en commun après des mois à ne pas pouvoir faire de sport régulièrement et ensemble. Elle est à mille lieues des déclarations du Président de la République lors de la réception des médaillés olympiques et paralympiques après les JO de Tokyo, qui transforme le sport en une start-up vouée uniquement à la performance.

Contre cela, nous défendons un modèle sportif pour toutes et tous. Le Président a dit vouloir concentrer les moyens sur quelques athlètes et quelques sports avec un haut potentiel de médailles. Il exclut de fait la grande majorité des sportifs et sportives français de haut niveau qui, rappelons-le, ne gagnent même pas le SMIC. Nous défendons un modèle sportif et une vision du sport unitaires qui établissent un lien fort entre sport professionnel, sport amateur, haut niveau et clubs locaux. Nous appelons depuis de nombreuses années à la création d’un ministère des sports de plein exercice, car le sport est un service public à part entière ; mais cette pratique a un coût, et le budget n’est pas au rendez-vous.
Le budget prévu pour les sports en 2022 affiche certes une hausse de 27 % par rapport à la loi de finances initiale pour 2021, mais cette hausse s’inscrit dans la perspective des Jeux olympiques et paralympiques de 2024. À périmètre constant, la hausse du budget du sport n’est pas de 27 %, mais de 6 %, et cette augmentation ne rattrape pas les coupes budgétaires réalisées en début de quinquennat.
Les villes des circonscriptions populaires, qui financent principalement le sport, sont étranglées par les coupes budgétaires. Il faut les aider à soutenir les clubs et à développer la pratique sportive. Les champions de demain sont dans les clubs de nos villes, qui ont besoin d’investissements importants pour développer l’accès de toutes et tous au sport et soutenir le sport de haut niveau.

En ce sens, le pass’sport prévu pour les 5,4 millions d’enfants dont le foyer est éligible à l’allocation de rentrée scolaire ou à l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé est une mesure positive. Après un rapide calcul, nous constatons toutefois qu’il faudrait 270 millions d’euros pour que tous les enfants éligibles puissent en bénéficier. Soit le Gouvernement table sur un non-recours extrêmement important à cette aide, soit l’État manquera d’argent pour la financer. Dans les deux cas, ce n’est pas satisfaisant.
Le service national universel poursuit son développement en vue de sa généralisation ; en 2022, au moins 50 000 jeunes volontaires seront accueillis, pour un budget de 110 millions d’euros. Nous sommes opposés au SNU depuis sa création. Selon nous, ce dispositif n’est pas adapté aux besoins de la jeunesse et il donne une dimension trop militaire à l’engagement citoyen. Pour résumer, à l’uniforme, nous préférons l’éducation populaire.

Enfin, dans ce budget, le service civique capte près de 70 % des crédits du programme Jeunesse et vie associative . Ce dispositif peut être attrayant pour des jeunes en réflexion sur leur avenir, mais nous alertons une nouvelle fois sur son dévoiement, bien trop important. Alors qu’il devait permettre l’insertion de jeunes sans diplôme ou sans formation, il sert de plus en plus souvent de cache-sexe pour masquer les dégâts de la procédure Parcoursup. D’après les annonces officielles, seulement 239 bacheliers se retrouveraient cette année sans affectation à l’issue de celle-ci. C’est une sombre blague, car la plupart de ceux qui n’ont pas reçu d’affectation se sont dirigés vers le service civique !

Le service civique sert également à masquer le chômage, considérable chez les jeunes. Ainsi, nous devons poser la question des moyens de contrôle de l’Agence nationale du service civique pour lutter contre les emplois déguisés en service civique et réfléchir à un véritable encadrement de ce dispositif, comme cela a été le cas pour l’encadrement des stagiaires. Le chemin n’est pas terminé, dans un cas comme dans l’autre.

Je finirai mon intervention sur un mot de soutien aux professeurs d’EPS – éducation physique et sportive – qui se mobilisent contre la suppression de postes. Ils et elles font vivre le sport scolaire, qui permet aux publics les plus éloignés du sport de pratiquer une activité sportive régulière, mais aussi d’inscrire le sport dans un parcours pédagogique. Leur rôle est majeur pour soutenir la jeunesse qui vit une crise importante, en raison à la fois de la sédentarité et des inégalités d’accès que le covid a accentuées.
Pour toutes ces raisons et les fortes réticences qu’elles suscitent, nous voterons contre les crédits de la mission Sport, jeunesse et vie associative.

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