Nous sommes réunis pour la dernière fois au cours de cette législature, afin de statuer sur la première partie du projet de loi de finances (PLF) pour 2022. Ce dernier budget s’inscrit pleinement dans la droite ligne des cinq années de politique libérale que nous subissons : vous confirmez donc que vous êtes bien la majorité des riches. À l’issue d’un examen à marche forcée, durant lequel nos amendements pour plus de solidarité ont été rejetés par une majorité et un Gouvernement figés dans leurs certitudes et leurs dogmes, notre vote ne laisse aucun doute.
Depuis le début du quinquennat, nous assistons à une pratique solitaire du pouvoir en faveur des plus riches. Nous avons malgré tout été surpris par l’autosatisfaction et la suffisance qui ont pu transparaître durant les discussions, alors même que nous nous trouvons dans un moment singulier. À l’issue d’une crise importante qui a vu les inégalités s’accroître, le nombre de pauvres grandir et le pouvoir d’achat s’éroder, le Gouvernement continuera cette année, comme prévu, de réduire les impôts des grandes entreprises avec le passage de l’impôt sur les sociétés (IS) de 26,5 % à 25 %, et poursuivra le dégrèvement de la taxe d’habitation pour les 20 % les plus aisés.
Ces baisses s’ajoutent à celles décidées précédemment, qui atteignent désormais 50 milliards d’euros. Personne ne sera dupe, monsieur le ministre délégué chargé des petites et moyennes entreprises, des communications massives diffusées depuis quelques semaines, ni même de certains documents émanant de Bercy laissant croire que ces 50 milliards constituent une restitution de pouvoir d’achat aux Français. Non, tout le monde le sait, vous êtes la majorité des riches et ces baisses d’impôts ont très massivement profité au 1 % – voire au 0,1 % – des Français les plus riches, dans des proportions indécentes.
L’ouverture du quinquennat ne laissait guère présager autre chose : la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et l’instauration du plafonnement de la fiscalité des revenus du capital devaient instituer une politique de ruissellement, où les impôts rendus aux plus riches permettraient d’accroître les investissements. Quatre ans après, le compte n’y est pas et les trois rapports de France Stratégie le confirment : non, la baisse de la fiscalité sur le capital n’a pas eu d’effet sur l’investissement ou sur l’emploi. Monsieur le rapporteur général de la commission des finances, vous pourrez prendre la chose sous tous les angles, en nous ressortant la fable habituelle du climat économique propice, vous êtes démenti par les études que vous avez vous-même demandées pour asseoir votre politique inégalitaire et injuste. Ces résultats ne constituent en rien une surprise, tant ces politiques de l’offre ont été écumées depuis trente ans, sans résultat. Mais vous persistez, seul contre tous avec vos œillères, sourd aux aspirations de nos concitoyens à plus de justice et de solidarité, et aveugle aux évaluations d’experts.
Je n’oublie pas que vous avez refusé d’augmenter la contribution exceptionnelle des hauts revenus. Faut-il rappeler qu’elle n’est payée que par les foyers gagnant plus de 250 000 euros pour un célibataire ou 500 000 euros pour un couple – il y a de quoi voir venir !
Faut-il rappeler qu’elle n’est payée que par 41 000 foyers, c’est-à-dire 0,1 % des Français ? Il n’était proposé de l’augmenter que de trois petits points.
Oui, une politique pour les zézés. Où est la solidarité des plus aisés dans ce moment si particulier de notre histoire ? Cette politique est d’autant plus délétère qu’elle prive l’État de ressources pourtant essentielles au profit de la dette, qu’on brandira pour justifier des politiques de rigueur à venir. Or on sait très bien, à la fin, comment seront payées ces baisses d’impôts : par une diminution des allocations chômage et par une réforme des retraites qui ne laisse augurer rien de bon.
Vous n’aimez pas être qualifiés de majorité des riches.
Vous en avez pourtant tous les attributs et vous ne cessez d’agir en ce sens. Ce budget était la dernière occasion de gommer en partie cette marque qui vous colle à la peau. Vous n’en avez rien fait, confirmant que la hausse des inégalités n’était pas un sujet pour vous. En fait, vous avez deux lignes budgétaires : celle pour les riches, à guichets ouverts, et celle pour les moins nantis, à guichets fermés.
Ce n’est pas la société à laquelle nous aspirons. Le groupe GDR votera contre ce projet de budget.