Interventions

Budget de l’État

PLF pour 2021 - Sport et vie associative

Le monde associatif vit une crise sans précédent, tout en étant un amortisseur de cette crise sanitaire, économique et sociale. Ne pas agir financièrement et humainement à la hauteur de l’engagement des millions de femmes et d’hommes, bénévoles ou salariés, qui constituent le tissu associatif de notre pays, ce serait nous condamner à nous enfoncer encore un peu plus dans la crise.

Je veux adresser un message aux jeunes, qui souffrent en cette période dans le champ des études et de l’emploi, mais aussi dans le champ psychique. Marie-George Buffet l’a constaté lors des auditions de la commission d’enquête dont elle était la rapporteure : les conséquences du covid-19 sur les jeunes sont considérables. Il est insupportable que les jeunes soient montrés du doigt, accusés de propager le virus et d’être inconscients, car ce sont eux qui se sont engagés dans les associations pendant le confinement ; c’est cette jeunesse qui s’est mobilisée sur les campus pour préparer et distribuer des milliers de colis-repas à leurs camarades qui n’avaient pas un sou en poche pour se nourrir. Cela fait des années que la précarité des jeunes est identifiée et que l’État se montre incapable d’y apporter des solutions. En l’absence d’alternance, ces jeunes qui s’entassent dans les amphithéâtres n’ont pas d’autre moyen que les emplois précaires pour financer leurs études.

Notre premier défi, au-delà des lignes budgétaires, est de regarder notre jeunesse avec fierté, de combattre résolument les clichés et surtout de donner aux jeunes les moyens de leur émancipation. Cela passe bien sûr par le revenu étudiant et, face à l’urgence, par l’attribution du RSA – le revenu de solidarité active – aux moins de 25 ans.

Les clubs de sport sont une composante majeure du monde associatif. Or, depuis huit mois, ils sont presque à l’arrêt, et, malgré une reprise en septembre, la situation sanitaire vient à nouveau entraver la pratique. Tous les clubs sont privés de recettes car il leur est impossible d’organiser des événements. Les bénévoles voient leurs efforts pour relancer la pratique sportive freinés par la situation sanitaire dégradée.

La pratique est devenue compliquée. Les calendriers des compétitions sont menacés et les premiers chiffres sur la baisse des licenciés, alarmants. Le beau geste des arbitres alsaciens en faveur du foot amateur devrait inspirer une plus grande mutualisation dans le monde professionnel et amateur.

Aussi ce budget doit-il être regardé à la lumière de cette crise. Offre-t-il suffisamment de nouveaux leviers financiers pour sauver les clubs et la pratique sportive ? Les 34 millions d’euros de taxes affectées en plus suffiront-ils ? Les 120 millions d’euros sur deux ans du plan de relance, dont une grosse part sera dédiée à la rénovation énergétique des équipements sportifs, auront-ils un effet contracyclique suffisamment puissant pour aller chercher les 3 millions de pratiquants en plus, cet objectif du quinquennat ? En l’état, nous ne le pensons pas.

Nous hésitons à nous réjouir de la légère augmentation du programme « Sport », qui avait subi plusieurs baisses successives. Je rappelle que le nombre d’agents de la jeunesse et des sports a été pratiquement divisé par deux en dix ans, pour atteindre environ 4 500 – moins, cela n’aurait pas été possible… Ainsi, les concours pour les cadres techniques devront être rouverts. Mais nous pouvons faire plus pour le sport, qui reste le parent pauvre des budgets de l’État. Pour y contribuer, le déplafonnement des taxes doit être mis à l’ordre du jour. Entendons l’appel lancé par quatre-vingt-quinze fédérations sportives !

Le programme « Jeunesse et vie associative » bénéficie pour sa part, cette année, de 699 millions, contre 620 millions l’année dernière. Cette augmentation s’explique en quasi-totalité par la montée en charge du service national universel.

Comme la plupart des mouvements de jeunesse, nous avons toujours douté de ce dispositif qui ne paraît pas adapté aux besoins de nos jeunes. Nous estimons qu’il faut privilégier le renforcement des structures existantes – éducation nationale, éducation populaire – plutôt que ce format de quinze jours en internat et quinze autres dans un organisme extérieur.

De plus, il existe déjà le service civique, qui absorbe 72 % du programme : celui-ci approvisionne 145 000 missions de service civique, 100 000 missions supplémentaires étant prévues dans le plan de relance.

Nous soutenons le service civique, mais sa montée en charge constante ne va pas sans poser de questions. Il devait à l’origine devenir un outil d’insertion pour les jeunes, en particulier sans diplôme. Or ces jeunes ne représentent que 17 % des missions, le dispositif tendant à se substituer à l’emploi, sous le double effet du marché du travail dégradé et des difficultés financières du mouvement associatif. Il faudrait renforcer les moyens de contrôle de l’Agence du service civique pour lutter contre les emplois déguisés, et nous soutiendrons les actions que vous prenez en ce sens.

Ainsi, le groupe GDR ne votera pas pour les crédits de la mission car les montants ne sont pas suffisants pour répondre à la crise actuelle. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et FI.)

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Jean-Paul
Lecoq

Député de Seine-Maritime (8ème circonscription)
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