Interventions

Budget de l’État

PLF pour 2021 - Gestion des finances publiques

« Un seul être vous manque et tout est dépeuplé ». Eh bien, les services publics de l’État, vous les dépeuplez au détriment des fonctionnaires et des usagers, au pire moment que traverse le pays. Si, l’année dernière, nous faisions déjà état des manques de moyens humains et financiers de la DGFIP et des services de l’État, le sujet est malheureusement plus d’actualité encore puisque la crise sanitaire et sociale causée par le covid-19 a semé sur son passage précarité et réformes menées à la hussarde.

Les fonctionnaires de l’État sont encore aujourd’hui sacrifiés pour faire quelques économies de fond de tiroir. Ces hommes et ces femmes dont le travail est essentiel – chacun ici l’a souligné –, se voient remerciés sur l’autel de la modernisation et de l’économie. Pourtant, vous l’avez démontré, il est possible d’ouvrir le porte-monnaie quand la situation l’exige. Seulement, c’est toujours selon vos conditions et dans vos termes.

En tous points, la mission « Gestion des finances publiques » est perdante. En ce qui concerne les crédits budgétaires du programme 156, on passe donc de 7,77 milliards d’euros en 2020 à 7,62 milliards d’euros avec le PLF pour 2021. Malgré une apparente stabilité, la trajectoire est bien celle de la baisse. Pour ce qui est de la masse salariale, elle représente 78 % des crédits de la mission et, sans surprise, sa trajectoire est également à la baisse.

Le PLF pour 2021 prévoit donc une nouvelle vague de licenciements. Si déjà, l’année dernière, il était prévu de se séparer de 1 650 équivalents temps plein – ETP –, eh bien, cette année, ce sont plus de 2 000 qui seront supprimés. C’est pour nous inacceptable quand on voit à quel point le travail des fonctionnaires de l’État est précieux, essentiel même. Il apparaît dès lors bien normal que vous refusiez d’assortir les aides publiques de conditions, puisque vous vous séparez d’agents de la DGFIP qui auraient pu en contrôler le respect.

Cette année encore, vous vous félicitez de l’effort de modernisation de cette mission ; vous vantez le télétravail, lié à la gestion de la crise de la covid-19, vous vous vantez de relocalisations avec un nouveau réseau de proximité et valorisez l’attribution aux agents restants de missions étendues. Mais alourdir la charge de travail des agents va précisément les pousser à effectuer un travail de moindre qualité. Seuls, ils vont devoir gérer un portefeuille de missions bien trop important. Partout en France, et cela malgré le contexte actuel, des trésoreries sont amenées à fermer : à la fin du mois d’octobre, de nombreux élus et des intersyndicales ont haussé le ton à ce sujet. Car les trésoreries de proximité sont essentielles au maintien de la vitalité en milieu rural, par exemple.

Mais vous ne reculez pas, vous refusez d’entendre raison et vous l’expliquez vous-mêmes dans le bleu budgétaire. Or, s’il faut probablement dématérialiser, il faut surtout garder les services de proximité et ne pas abandonner le monde rural et les villes moyennes. Une nouvelle fois, se servir de l’impossibilité pour les Français de se rendre au guichet pour supprimer des postes de guichet est absolument intolérable. Se servir du télétravail pour pousser les Français à la dématérialisation et supprimer des emplois n’est pas plus tolérable.

Avant de conclure, je tiens à faire le point sur la mission « Régimes sociaux et de retraite ». Si ses crédits sont stables, nous ne pouvons accepter certaines réformes. Je pense à la désindexation des prestations sociales, en particulier des pensions de retraite pour les années 2019-2020. En 2019, c’étaient 2,8 milliards d’euros d’économies et en 2020, ce sont 400 millions – des économies qui se font sur le dos des retraités, un public pourtant déjà vulnérable.

Pour toutes ces raisons, le groupe de la Gauche démocrate et républicaine ne votera pas les crédits de cette mission. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC.)

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Hubert
Wulfranc

Député de Seine-Maritime (3ème circonscription)

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