Interventions

Budget de l’État

PLF 2019 - Enseignement scolaire - sport - jeunesse et vie associative

Je souhaite aborder en premier lieu, et malheureusement de manière trop succincte, les crédits alloués à la jeunesse et à la vie associative.
L’action en faveur du développement de la vie associative se trouve fragilisée par une baisse de 1 million d’euros en plus de la suppression de la réserve parlementaire qui n’a jamais été compensée. Nous regrettons cette baisse, car nous savons toutes et tous le rôle joué par les associations dans nos territoires : elles ont besoin de davantage de moyens pour remplir leur mission d’éducation populaire, qui vient d’ailleurs souvent se substituer à l’État.
Enfin, nous vous alertons sur la nécessité absolue de renforcer les moyens de contrôle de l’Agence du service civique afin que cela ne donne pas lieu à des emplois déguisés.
J’en viens à présent aux crédits alloués à la mission enseignement scolaire.
Monsieur le ministre, le projet de budget de l’éducation que vous présentez ne traduit pas une politique ambitieuse pour l’éducation de nos enfants, et il semble qu’au moins une partie des enseignants qui manifestaient hier et les nombreux autres que vous appelez à manifester depuis cet après-midi ne le voient pas ainsi.
Votre discours révèle de nombreuses inexactitudes. Premièrement, vous défendez une augmentation du budget de l’éducation d’une valeur de 1 % qui correspond en réalité au taux d’inflation. Une fois cette supercherie assumée – ou peut-être me parlerez vous de 1,7 et admettrez qu’il n’y a que 0,7 % d’augmentation – vous annoncez des suppressions de postes alors même que les effectifs d’élèves atteignent des taux records. Il est ainsi prévu de supprimer 2 650 emplois d’enseignants dans les collèges et les lycées publics, alors même que 32 000 élèves de plus sont attendus pour la prochaine rentrée. L’augmentation des effectifs est encore en marche : dans le public, 81 000 élèves supplémentaires sont attendus entre 2018 et 2022. Ainsi, aucune mesure sérieuse et durable n’est prévue quant à la question des effectifs de classe et alors même que notre pays était plutôt bien classé quant au nombre d’élèves par enseignant dans le secondaire. En suivant le cap 2022, les classes à trente en collège et à trente-cinq en lycée risquent de devenir la norme.
De plus, le nombre d’enseignants contractuels recrutés sans formation augmente considérablement, ce qui ne garantit pas aux élèves le meilleur service public de l’éducation et ce qui, surtout, précarise les personnels.
Vous aggravez cette précarité en multipliant les heures supplémentaires des enseignants. Premièrement, il semblerait – mais vous allez peut-être nous en dire plus – que les suppressions de postes de l’an dernier n’ont pas été totalement compensées sur le terrain. De plus, aujourd’hui, les professeurs attendent parfois quatre à six mois pour recevoir le paiement des heures supplémentaires.
L’augmentation du temps de présence, la bivalence, les heures supplémentaires ne relèvent plus de l’exception. De plus, la réforme du baccalauréat va augmenter la charge de travail des professeurs : les enseignants vont corriger plus d’épreuves à cause du contrôle continu, mais également élaborer des sujets et organiser des épreuves. Les enseignants assurent déjà deux heures supplémentaires chaque semaine. La charge de travail ne pourra pas éternellement augmenter, d’autant que les professeurs demandent au contraire, de manière répétée, une baisse des effectifs des classes et une revalorisation significative d’un traitement que nous estimons insuffisant : en France, seuls 58 % des dépenses d’éducation vont aux enseignants, contre 63 % dans l’ensemble des pays de l’OCDE. Les enseignants français sont parmi les moins bien payés en Europe. Nous attendons pourtant beaucoup de l’école. Nous considérons a contrario que les économies ne sont surtout pas à aller chercher chez les enseignants. Nous avons besoin de plus d’adultes à l’école.
Monsieur le ministre, face à une crise de recrutement, les enseignants n’attendent pas de vous des conseils sur leur manière d’enseigner ni des portiques de sécurité dans les écoles, mais les moyens d’accomplir comme il se doit leurs missions auprès des enfants.
Enfin, nous relevons que, dans ce projet de budget, les personnels de vie scolaire sont minorés par rapport à la priorité que vous annoncez à l’école primaire. L’exemple des CPE est édifiant : aucune création d’emplois de CPE depuis deux ans. Relevons également la suppression de postes dans le secteur de l’enseignement agricole. Comme l’an dernier, vous demandez au monde enseignant de faire mieux avec toujours moins. Depuis Sarkozy, qui nous avait habitués à toujours vouloir faire mieux avec moins, tous, parents, élèves, enseignants, et nous-mêmes dans nos circonscriptions, voyons que ce n’est plus possible.
Quel triste combat ! Il s’agit à nos yeux d’un renoncement. C’est pour cela que nous voterons contre ce projet de budget. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.)

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Elsa
Faucillon

Députée des Hauts-de-Seine (1ère circonscription)

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