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Questions au gouvernement

Réforme des retraites

Monsieur le Premier ministre, le groupe communiste condamne fermement le geste commis à l’encontre du Président de la République. Il est urgent de réparer la démocratie.

J’étais hier à Bourgtheroulde, dans l’Eure, en Normandie, là où le Président de la République lançait, il y a deux ans et demi, son grand débat, là où tout devait recommencer… Jamais plus comme avant ! Mais alors qu’un rendez-vous démocratique important se déroule dans quinze jours, alors que la démocratie est restée confinée des mois, Emmanuel Macron décide de s’essuyer les pieds sur ces scrutins, de mépriser les régions et les départements, pour entrer en campagne présidentielle.

Il part en tournée hexagonale avec les mêmes trompettes, avec les mêmes ficelles et avec le même circus communicant que pour le grand débat.

Tout recommence donc… comme avant Bourgtheroulde. Preuve en est la mauvaise réforme des retraites. Sortie par la grande porte, une fois débarrassée de ses mensonges flatteurs grâce au mouvement social et à la bataille de tranchées parlementaire, elle nous reviendrait par la petite porte : l’allongement de la durée de cotisation et le report de l’âge de départ à taux plein à soixante-quatre ans seraient emballés dans l’enveloppe du budget de la sécu à l’automne prochain, comme si nous avions tous les mêmes durées de vie en bonne santé.

Monsieur le Premier ministre, pendant qu’Emmanuel Macron fait sa campagne présidentielle, les Françaises et les Français ont le droit de savoir maintenant, sans attendre, quand et comment vous envisagez de leur faire payer la crise du covid en remettant en cause notre système de retraite ? (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et FI.)

M. le président.

La parole est à Mme la ministre du travail, de l’emploi et de l’insertion.

Mme Élisabeth Borne, ministre du travail, de l’emploi et de l’insertion.

Vous interrogez le Gouvernement sur la perspective d’une réforme de notre système de retraite, suite aux déclarations du Président de la République. La priorité absolue, le Président l’a rappelé, c’est celle du travail et de la reprise de notre activité. Notre pays doit être en première ligne dans la reprise économique mondiale. Il s’agit donc de stimuler notre économie, notamment grâce au plan de relance, et d’encourager les créations d’emplois et les embauches,…

M. Sébastien Jumel.

C’est bien lui qui a parlé des retraites !

Mme Élisabeth Borne, ministre.

…je pense notamment aux secteurs comme les hôtels, les cafés et les restaurants ou encore au bâtiment, tous recrutant à nouveau.

À cette fin, le Gouvernement mobilise le service public de l’emploi pour faciliter les recrutements des jeunes mais aussi des demandeurs d’emploi.

Mais en sortie de crise, les questions qui se posaient au sujet du système de retraite restent toujours d’actualité. Les constats qui prévalaient avant la crise demeurent : nous devons rendre notre système de retraite plus juste, plus lisible, plus équilibré.

Le rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR) confirme que le système de retraite est structurellement déficitaire. Dès lors, il sera nécessaire de trouver les voies et moyens pour remédier à cette situation. Par ailleurs, la question de la transition entre la vie professionnelle et la retraite demeure entière. Ces sujets ont été inscrits dès l’été dernier à l’agenda social partagé avec les partenaires sociaux – je pense notamment au travail des seniors ou à l’aménagement des fins de carrière.

Le Président de la République l’a indiqué, ces différents sujets doivent désormais faire l’objet d’un débat avec les Français, les organisations patronales et syndicales, ainsi que les forces politiques. Je suis sûre que vous aurez à cœur d’y prendre toute votre part, monsieur le député.

M. le président.

La parole est à M. Sébastien Jumel.

Madame la ministre, malgré vos talents pour tenter de nous enfumer, vous confirmez que le Président de la République entame un tour de France en ayant rédigé les réponses à l’avance. Vous confirmez que l’intention du Gouvernement est, selon la formule de Coluche, de faire payer les pauvres parce qu’ils sont les plus nombreux, en épargnant les plus riches. Vous confirmez votre volonté de casser le socle du système de retraite construit par Ambroise Croizat. Vous nous trouverez sur votre chemin ! (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR. – MM. François Ruffin et Ugo Bernalicis applaudissent également.)

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