Prise en charge du cancer du sein par l’assurance maladie
Publié le 21 octobre 2025Madame la ministre de la santé, avec les députés du groupe de la Gauche démocrate et républicaine et les sénateurs du groupe Communiste républicain citoyen et écologiste-Kanaky, nous avons défendu la proposition de loi visant à améliorer la prise en charge des soins et dispositifs spécifiques au traitement du cancer du sein par l’assurance maladie. Ce texte a été adopté en dernière lecture et à l’unanimité à l’Assemblée nationale le 29 janvier dernier et promulguée le 5 février 2025.
Neuf mois après, alors que chacun d’entre nous arbore le ruban d’Octobre rose en soutien à toutes les femmes souffrant d’un cancer du sein, les quatre décrets nécessaires pour que la loi entre en vigueur n’ont toujours pas été publiés et les dispositions prévues ne sont toujours pas appliquées. Pourtant, pas moins de 700 000 femmes attendent d’être enfin soutenues dans leur combat quotidien grâce à une meilleure prise en charge de leurs soins, notamment les soins de support tels que l’activité physique adaptée ou l’achat de crèmes et de vernis. Ces 700 000 femmes ont besoin d’une meilleure prise en charge de dispositifs indispensables tels que le renouvellement de leurs prothèses mammaires, l’achat de sous-vêtements adaptés ou le recours à un acte de tatouage médical. Il n’est pas acceptable que le reste à charge atteigne en moyenne 1 400 euros quand on a un cancer du sein.
À l’heure où le nouveau premier ministre prône le parlementarisme et le compromis, vous disposez là d’un texte qui a fait l’unanimité dans les deux chambres. Si vous voulez véritablement honorer Octobre rose, alors faites en sorte que le vote de nos assemblées soit enfin respecté. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et EcoS ainsi que sur plusieurs bancs du groupe SOC. – Mme Justine Gruet applaudit également.)
Madame la ministre de la santé, nous ne nous contenterons pas d’une réponse technique, voire technocratique, qu’il s’agisse de la poursuite de travaux visant à rendre applicables les dispositions de la loi, d’une probable transmission des décrets au Conseil d’État ou des expérimentations en cours. Les femmes victimes d’un cancer du sein connaissent le prix de la souffrance et attendent dès aujourd’hui un engagement ferme quant à la promulgation des décrets. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et EcoS.)
Mme la présidente
Mes chers collègues, je vous informe que lors de la conférence des présidents de ce matin, nous avons appelé l’attention du premier ministre, présent, sur le fait que les décrets relatifs à ce texte comme à d’autres, n’ont pas été pris dans les délais ou ont été pris à l’encontre de la volonté du législateur. Le premier ministre s’est engagé à remédier à cette situation de manière globale.
La parole est à Mme la ministre de la santé, des familles, de l’autonomie et des personnes handicapées.
Mme Stéphanie Rist, ministre de la santé, des familles, de l’autonomie et des personnes handicapées
Cher Yannick, je connais votre engagement en faveur d’une prise en charge complète et équitable des soins liés au traitement du cancer du sein et je partage votre préoccupation. Vous l’avez dit, la loi a été adoptée à l’unanimité et promulguée en février 2025. Cette unanimité traduit un engagement fort du Parlement. L’opération Octobre rose éclaire un enjeu à la fois médical, humain et sociétal.
Vous me demandez de ne pas vous faire une réponse technique et je vais m’y efforcer. Tout d’abord, je précise que le projet d’application du texte a été transmis au Conseil d’État afin de garantir sa sécurité juridique et la cohérence entre les différents dispositifs. Je remercie mes prédécesseurs, Yannick Neuder et Catherine Vautrin, d’avoir préparé avec les agences régionales de santé l’instruction qui sera diffusée dès la parution du décret.
En outre, je tiens à officialiser l’annonce de la prise en charge à 100 % des prothèses capillaires. L’arrêté a été publié vendredi 17 octobre.
Enfin, lors de l’examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2024, le Parlement avait défendu la nécessité de mener des expérimentations sur l’activité physique adaptée. Là aussi nous avons avancé puisque de telles expérimentations auront lieu dans trois régions et donneront lieu à une évaluation. Des travaux sont également en cours sur la pratique du tatouage 3D du mamelon et sur l’inscription des soutiens-gorge compressifs dans la liste des produits remboursables.
Certains dispositifs doivent encore être ajustés, mais vous pouvez compter sur mon engagement. Les ministres qui m’ont précédée ont commencé ce travail et je le poursuivrai. (Applaudissements sur de nombreux bancs des groupes EPR et Dem. – Mme Michèle Tabarot applaudit également.)