M. le président. La parole est à M. François Asensi, pour le groupe de la Gauche démocrate et républicaine.
M. François Asensi. Ma question s’adresse à monsieur le ministre de l’intérieur.
Hier encore, une opération de police a eu lieu à Sevran contre le trafic de drogue. Cette ville subit la crise urbaine et sociale et, comme d’autres, l’impitoyable sélection des territoires. Aucun renoncement n’est possible dans la lutte contre les réseaux mafieux. Les Sevranais ont le droit de vivre en sécurité.
Monsieur le ministre, pouvez-vous me confirmer que les forces de l’ordre resteront en permanence dans ce secteur, jusqu’à ce que les trafiquants soient mis hors d’état de nuire ?
Cela dit, ces violences n’autorisent pas les surenchères. Sevran n’est ni une zone de non-droit, ni un terrain d’opérations militaires. Sevran n’est pas une ville à part, mais une ville à part entière, dynamique, créative et solidaire.
Ses habitants en ont assez des caricatures. Comment la ville se relèvera-t-elle d’une telle stigmatisation ? Les Sevranais n’ont pas besoin de l’armée, mais avant tout d’emplois pour les 20 % de jeunes au chômage. Leur urgence : de meilleurs salaires et plus de justice sociale.
Monsieur le ministre, vous avez évoqué une reconquête de Sevran incluant un volet social. Fort bien. Mais parlons-nous de la même chose ?
Cette semaine, je vous remettrai un mémorandum proposant des mesures d’urgence pour Sevran dont celles-ci : l’arrêt des fermetures de classe et des réductions d’effectifs d’enseignants ; le lancement de la deuxième phase de rénovation urbaine ; le maintien des postes menacés au Pôle emploi ; un plan de prévention des addictions, de soutien à la médecine scolaire et d’aide à l’installation de pédopsychiatres ; la refonte totale d’une fiscalité locale injuste afin d’alléger les impôts des Sevranais.
M. Philippe Meunier. Quel rapport avec la drogue ?
M. François Asensi. Les Sevranais attendent des actes forts visant à mettre fin à ces discriminations territoriales. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.)
M. le président. La parole est à M. Claude Guéant, ministre de l’intérieur, de l’outre-mer, des collectivités territoriales et de l’immigration.
M. Claude Guéant, ministre de l’intérieur, de l’outre-mer, des collectivités territoriales et de l’immigration. Monsieur Asensi, les événements qui ont eu lieu à Sevran le 1er juin ont remis en lumière le fait que Sevran était aux mains des mafias de la drogue. Votre combat contre la drogue est aussi celui du Gouvernement, qui ne laissera pas cette situation perdurer. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe UMP.)
Les enfants des écoles maternelles n’ont pas à être privés de récréation parce que des voyous se tirent dessus à 300 mètres de l’école. Les voyous doivent, au contraire, être déférés à la justice et conduits en prison. Le Gouvernement veut rendre la tranquillité aux habitants de Sevran. (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.)
M. Marcel Rogemont. Vous nous chantez cela depuis 2002 !
M. Claude Guéant, ministre. Il le fera en menant trois types d’action.
D’abord en restaurant l’ordre républicain. (« Dix ans ! » sur les bancs du groupe SRC.)
Vous avez raison, monsieur Asensi : il n’appartient pas à l’armée de restaurer l’ordre républicain dans un pays démocratique ; c’est une mission de la police !
J’ai mis en place des fonctionnaires de compagnies républicaines de sécurité supplémentaires ; ils resteront tout le temps nécessaire, c’est-à-dire jusqu’à ce que les mafias aient été éradiquées. Vous étiez avec moi à Sevran. J’ai eu la grande satisfaction d’entendre les habitants me dire : voici vingt ans que nous n’avons pas été aussi tranquilles.
Deuxième volet : une action de police judiciaire. Le garde des sceaux a mis au point une action spécifique avec un procureur spécialisé. Depuis, il y a des interpellations chaque jour : treize entre hier et avant-hier, la saisie d’armes et de quantités considérables d’argent et de drogue.
Troisième volet : une reconquête urbaine. Il y a beaucoup à faire à Sevran. Cette reconquête passe par toutes les dimensions de l’action publique que vous avez énumérées : l’éducation, l’emploi, la rénovation urbaine, la lutte contre les addictions et contre le chômage.
M. François Pupponi. Dix ans !
M. Claude Guéant, ministre. À cet égard, je signale qu’en termes de finances publiques, les ressources de Sevran ont vu la dotation de solidarité urbaine augmenter de 75 % depuis 2006. Nous continuerons. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
Questions au gouvernement