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Questions au gouvernement

Evasion fiscale

M. le président. La parole est à M. Marc Dolez, pour le groupe de la Gauche démocrate et républicaine.
M. Marc Dolez. Monsieur le ministre du budget, comme l’a clairement démontré la commission d’enquête sénatoriale, créée à l’initiative des sénateurs de Front de gauche, la politique européenne de maîtrise de l’évasion fiscale reste à définir.
C’est au cœur même de l’Europe que l’on compte les paradis fiscaux parmi les plus prospères à l’ombre des listes qui les blanchissent. Le coût de l’évasion fiscale représente 40 à 50 milliards d’euros pour la France, et 1 000 milliards d’euros pour les vingt-sept pays de l’Union européenne.
À l’unanimité de ses membres, la commission d’enquête a formulé de nombreuses propositions pour fonder une politique qui soit efficace et lisible, en visant, par exemple, à promouvoir la fixation de sanctions pénales minimales communes, à consacrer le modèle d’échange automatique d’informations, à créer un fichier européen des comptes bancaires, à obtenir la création d’une obligation de transparence comptable, pays par pays pour les multinationales, à créer une assiette commune obligatoire pour l’impôt sur les sociétés, à adopter des mesures de rétorsion communes envers les États et territoires non coopératifs.
Monsieur le ministre, ma question est donc précise : le Gouvernement entend-il s’appuyer sur ces propositions et recommandations, premièrement, pour s’attaquer au scandale de la fuite des capitaux, que celle-ci soit légale ou illégale, et pour dénoncer le rôle des banques qui l’organisent, et, deuxièmement, pour porter au niveau européen des pistes nouvelles et radicales qui permettraient de combattre réellement et concrètement le fléau de l’évasion fiscale ? (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.)
M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé du budget.
M. Bernard Cazeneuve, ministre délégué chargé du budget. Merci monsieur le député Dolez pour votre question. Je veux, sans attendre, vous confirmer le souhait du Gouvernement de s’inspirer des travaux qui ont été faits par certains parlementaires, soit à la faveur de la présentation ou de l’élaboration de propositions de loi, soit à l’occasion de la création de commissions d’enquête ou de missions d’information parlementaires.
Vous avez souligné notamment l’excellente réflexion qui est engagée depuis plusieurs mois par le sénateur Bocquet que je recevrai prochainement. Il a formulé des propositions très judicieuses. Bien entendu, nous profiterons du débat parlementaire qui aura lieu dans quelques semaines sur le texte déposé par le Gouvernement sur le bureau de votre assemblée sur la lutte contre la fraude fiscale pour inscrire certaines de ses propositions dans la loi.
D’abord, nous avons déjà fait beaucoup de choses pour lutter contre la fraude fiscale des particuliers et des entreprises, depuis plus d’un an. Nous avons, par exemple, pris la décision de taxer à hauteur de 60 % les contribuables ayant des dépôts à l’étranger qui ne sont pas en situation d’en établir la traçabilité.
Nous avons inversé la charge de la preuve pour le transfert à l’étranger des bénéfices de certaines entreprises.
À l’occasion de la loi sur la séparation des activités bancaires, nous avons obligé toutes les banques à rendre compte de l’activité de leurs filiales à l’étranger. Nous les avons également obligées à rendre compte à Tracfin des mouvements financiers suspects qu’elles découvrent, de manière à ce que nous puissions, sur la base de ces déclarations, engager toutes les investigations qui permettent de lutter contre la fraude fiscale.
Nous allons poursuivre cette action dans les semaines qui viennent à travers le texte de loi qui vous est proposé de façon résolue, en mettant en place un parquet financier spécialisé, en augmentant les sanctions contre les fraudeurs et en poursuivant l’action au sein de l’Union pour l’échange automatique d’informations et la mise en place de conventions de type FATCA (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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