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Questions au gouvernement

Catastrophe naturelle au japon

M. le président. La parole est à M. Daniel Paul, pour le groupe GDR.
M. Daniel Paul. Monsieur le Premier ministre, les Japonais vivent des heures tragiques. En quelques jours, des secousses sismiques à répétition, un violent tsunami et de graves dégradations affectant plusieurs réacteurs nucléaires ont plongé le Japon dans le chaos. Notre premier souci doit être une entière solidarité avec le Japon et les Japonais.
Cette solidarité s’accompagne d’une grande inquiétude devant les accidents qui affectent plusieurs réacteurs nucléaires. Tout fait craindre une catastrophe de grande ampleur. En France, comme dans le monde, tous les enseignements doivent en être tirés.
Notre pays dispose de cinquante-huit réacteurs nucléaires. Cette réalité justifie que, loin des polémiques politiciennes, un véritable dispositif d’information en direction de tous nos compatriotes soit mis en place dans la plus grande transparence et pas seulement autour des centrales. C’est un député de Normandie qui vous parle.
Cette réalité justifie que les dispositifs de sécurité de nos centrales et de leurs réacteurs fassent l’objet d’un audit analysant toutes les éventualités d’accidents et de catastrophes naturelles qui pourraient les affecter. Nous demandons que cet audit soit rendu public, que le Parlement soit saisi et les mises à niveau effectuées.
L’inquiétude se nourrit aussi des logiques de rentabilité qui affectent le secteur nucléaire : elles pèsent sur la sécurité et sur la sûreté, sur les hommes et sur les installations.
C’est pourquoi les députés communistes demandent que l’énergie sorte de la vision à court terme de la rentabilité financière et que cessent les politiques de privatisation et de déréglementation. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe SRC.) Une réunion est prévue à Bruxelles : la France pourrait et devrait porter cette demande.
Au-delà, tout confirme l’urgence d’un débat public et citoyen sur les enjeux et les choix de la politique énergétique à venir. Renforcement de la sécurité nucléaire, totale maîtrise publique, investissements massifs dans les énergies renouvelables, remplacement des sources carbonées, telles sont des orientations que notre pays pourrait porter ici chez nous, comme en Europe et dans le monde.
Êtes-vous prêt, monsieur le Premier ministre, à aller dans ce sens ? (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR et sur divers bancs du groupe SRC.)
M. le président. La parole est à M. François Fillon, Premier ministre. (Vifs applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC.)
M. François Fillon, Premier ministre. Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, messieurs les présidents de groupe, le Japon vient de subir l’un des quatre plus puissants tremblements de terre de l’histoire humaine, suivi d’un tsunami d’une violence extrême, qui a sans doute causé des dizaines de milliers de morts. Cinq cent mille personnes vivent actuellement dans des refuges provisoires, manquent d’eau, de nourriture, de médicaments. C’est tout un pays qui tente de surmonter la pire tragédie de son histoire depuis 1945.
Je veux d’abord adresser, au nom de la France tout entière, un message de solidarité, d’affection et de fraternité à la nation japonaise. (Applaudissements sur tous les bancs.) La France salue le courage du peuple japonais, qui se tient debout avec une dignité et un sang-froid qui forcent notre respect.
L’urgence est d’abord humanitaire. Cent quatorze personnels de la sécurité civile française sont sur place pour appuyer les secours. À la demande des autorités japonaises, nous préparons, depuis ce matin, l’envoi des équipements nécessaires à l’assistance aux personnes sans abri. La France, qui préside le G20, prendra, dans les prochaines heures, sous l’autorité du Président de la République, des initiatives pour venir en aide au Japon.
Cependant, vous l’avez souligné, l’urgence est maintenant aussi nucléaire. L’Autorité de sûreté nucléaire française vient de classer l’accident de Fukushima au niveau 6 sur une échelle qui en compte sept. L’enceinte de confinement d’un des réacteurs de Fukushima semble bien avoir été endommagée. Les piscines de stockage de combustible usé sont également vulnérables. La radioactivité sur le site rend très difficiles et très dangereux les travaux nécessaires à la reprise en main de la situation. Le relâchement de gaz radioactifs dans l’atmosphère, jusqu’alors volontaire pour gérer les surpressions dans les réacteurs, pourrait prendre des proportions beaucoup plus importantes. Les vents soufflent désormais vers le sud, et Tokyo se trouve déjà exposé à une augmentation anormale de la radioactivité, même si les données ne sont pas encore inquiétantes.
Notre premier devoir est celui de la solidarité avec le Japon. Des spécialistes de radioprotection partiront pour Tokyo dans les heures qui viennent. Nous avons proposé au gouvernement japonais des matériels de secours et d’assistance, et des experts de la sécurité nucléaire sont disponibles pour apporter leur concours à leurs homologues japonais.
Notre deuxième obligation est envers nos compatriotes vivant au Japon. Il y en a, en temps normal, près de 5 000 dans l’agglomération de Tokyo, sans doute un peu plus de 2 000 aujourd’hui : 280 parmi les personnes prioritaires, notamment les enfants, vont rentrer avec l’avion qui transportait les agents de la sécurité civile et les 10 000 pastilles d’iode destinées à nos ressortissants au cas où la situation justifierait leur emploi.
Nous avons proposé à ceux de nos compatriotes qui ne sont pas astreints à rester à Tokyo de rentrer en France ou de partir vers le sud du Japon dès maintenant. Le Gouvernement a demandé à Air France de mobiliser des avions se trouvant en Asie pour répondre sans délai à la demande de nos ressortissants.
Enfin, nous avons renforcé la surveillance des retombées radioactives outre-mer et sur le territoire métropolitain. Toutes les balises de détection et de mesure de l’IRSN sont activées, et j’indique à nos concitoyens que les résultats en sont disponibles en continu sur le site internet de l’IRSN. Enfin, l’Agence internationale pour l’énergie atomique mutualisera les informations utiles.
La situation au Japon suscite un débat sur notre politique nucléaire. Alors que les Japonais se battent contre la catastrophe, j’en appelle à la responsabilité et à la retenue. Il y a un temps pour chaque chose : aujourd’hui, c’est le temps du soutien et de la solidarité avec le peuple japonais. (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC, et sur de nombreux bancs des groupes SRC et GDR.) Il y aura ensuite le temps du retour d’expérience. Nous devrons tirer tous les enseignements de cette catastrophe pour renforcer la sécurité de notre parc nucléaire. C’est l’un des plus sûrs, c’est l’un des plus vérifiés, c’est l’un des plus transparents.
M. Yves Cochet. Non !
M. François Fillon, Premier ministre. Il est tout aussi absurde d’affirmer que le nucléaire est condamné par cet accident que d’affirmer qu’il ne nous concerne pas. Nous n’éluderons aucune des questions posées par cette catastrophe. (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC, et sur quelques bancs des groupes SRC et GDR.)
Que s’est-il passé au Japon ? Deux catastrophes naturelles coup sur coup : un tremblement de terre d’une puissance inégalée, plus un tsunami. Si les centrales ont résisté au tremblement de terre, le tsunami a eu raison des systèmes de refroidissement. Nous devons tenir compte de ce qui s’est passé au Japon. À quelle force de tremblement de terre peut résister chacune de nos centrales ? À quel niveau d’inondation peuvent-elles faire face ? Nous allons contrôler tout cela et nous le ferons en toute transparence. Comme vous venez de le demander, les démonstrations de sûreté de chaque centrale en France seront contrôlées à la lumière des enseignements tirés de la catastrophe de Fukushima, et les résultats de ces contrôles seront rendus intégralement publics. (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC, et sur divers bancs des groupes SRC et GDR.)
Mesdames et messieurs les députés, la catastrophe de Fukushima nous rappelle à l’exigence d’une gestion toujours plus professionnelle de nos risques industriels et à celle d’une totale transparence dans leur gestion, mais elle nous rappelle aussi à une solidarité humaine qui transcende les frontières. (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP, NC, SRC et sur de nombreux bancs du groupe GDR.)

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Daniel
Paul

Député de Seine-Maritime (8ème circonscription)
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