Edito d’André Chassaigne
Le budget de la clarification
La traditionnelle période budgétaire a fait son retour à l’Assemblée. Pourtant, loin d’être une simple routine, la période offre cette année un visage inédit tant les cartes ont été rebattues par la nouvelle composition de l’Assemblée.
L’examen du budget de l’Etat aurait dû débuter par celui d’une motion de rejet, finalement retirée par crainte qu’elle soit … adoptée. Elle aurait envoyé le texte directement au Sénat, facilitant la tâche aux libéraux, à la droite et l’extrême droite. Une absence d’examen du texte leur aurait évité de dévoiler leurs positions et de subir un certain nombre de revers.
La gauche, fort heureusement, a fait le choix de livrer bataille pour permettre à la représentation nationale, et à travers elle aux Français, de débattre de ce budget 2025 qui prévoit l’austérité pour tous plutôt que les hausses d’impôts pour les plus riches. Un choix qui lui a permis d’engranger des avancées, tant dans le budget de l’Etat que dans celui de la Sécurité sociale.
Au rang de ces avancées, l’adoption de la taxe Zucman, consistant à imposer à hauteur de 2 % les patrimoines supérieurs à un milliard d’euros, le renforcement de l’« exit tax », impôt créé en 2011 pour freiner l’exil fiscal des contribuables, ou encore la soumission à cotisations sociales des dividendes.
Si l’avenir de ces mesures est incertain tant il est improbable qu’elles soient conservées en cas de recours à l’article 49-3, les débats auront mis en évidence la fragilité des supposés soutiens du gouvernement, rebaptisé « socle commun ». Ils auront aussi confirmé le dogmatisme des fondamentalistes macronistes, prêts à tous les dénis pour ne pas reconnaitre l’évidence : l’échec de la politique menée depuis 7 ans par les leurs. Pourtant, outre les dérapages budgétaires colossaux qui leur sont imputables, les faits rappellent cruellement la réalité de leurs résultats. 2369 licenciements annoncés chez Auchan, plus de 1200 chez Michelin, et un chômage qui ne pourra que croître, tel est leur véritable bilan.
Ces débats auront aussi été l’occasion de multiples illustrations de la duplicité du RN qui n’a eu de cesse de venir au secours des privilégiés en faisant obstacle aux mesures favorables à ceux qu’il prétend défendre. Il s’est notamment illustré en empêchant le rétablissement de l’ISF et en étendant les dons exonérés d’impôts à 120 000 euros par enfant contre 100 000 actuellement…
Une période budgétaire insatisfaisante au regard des avancées que nous étions en mesure de gagner, mais qui aura rendu visibles les ambitions du RN et de la majorité : offrir à la France un budget au service des plus riches.