Edito d’André Chassaigne, lettre des députés, avril 2024
Le déficit public de la France a atteint 5,5% du produit intérieur brut (PIB) sur l’année 2023, contre les 4,9% prévus par le budget imposé au Parlement à l’automne. Une véritable sortie de piste pas totalement inattendue tant les prévisions du gouvernement étaient optimistes. Le Haut Conseil des finances publiques avait d’ailleurs appelé à une forme de prudence concernant ces chiffres.
Loin de reconnaître une erreur d’appréciation ou de remettre en cause sa politique économique et budgétaire, le grand maître de la stratégie du choc, Bruno Le Maire, s’est empressé d’annoncer sa « détermination totale » à trouver des « économies complémentaires »… tout en démentant avec virulence la mise en place d’un plan d’austérité !
Pris en flagrant délit de débâcle budgétaire, le Premier ministre s’est lui lancé dans une énième offensive contre les chômeurs désignés comme profiteurs. Quand il s’agit d’accélérer la destruction des acquis sociaux pour ne pas s’en prendre aux vrais responsables, le chef de bande tire plus vite que son ombre.
A l’opposé, dans leur course au grisbi, les mercenaires de la finance oublient qu’en France, en 2023, 100 milliards d’euros de dividendes ont été versés aux actionnaires et près de 200 milliards d’euros d’aides l’ont été aux grandes entreprises, sans critères et sans contreparties.
Invités à nous rendre à Bercy pour des consultations visant à trouver de nouvelles pistes pour racler les fonds de tiroir et faire la poche des citoyens, nous avons refusé de participer à cette mascarade. Nous sommes convaincus que ce sont sur les recettes et non sur les dépenses qu’il est urgent d’agir. Nos propositions en la matière sont nombreuses, sérieuses et soutenues par nos concitoyens.
Comme toujours, le gouvernement agit dans la précipitation et veut taper fort. Des coupes brutales sont à prévoir dans tous les secteurs, y compris dans ceux qui sont en souffrance. Convoquées le 9 avril, nos collectivités pourraient elles aussi être mises à rude épreuve, ce qui aura inévitablement des conséquences directes sur la vie de nos concitoyens.
Le 30 mai, lors de notre journée réservée, nous ferons entendre une autre voix et mettrons à l’ordre du jour des textes pour contraindre le gouvernement et la majorité à débattre et à se prononcer sur des sujets qu’ils refusent d’aborder. Ce sera notamment le cas du CETA que l’exécutif bloque délibérément pour ne pas affronter le refus de la représentation nationale.